Concerts… ajout bienvenu [@mail en bas], si musique > 80% après 1941, pays Francophone, même format de données, avec lien-concert, '*' si création et '0€' si gratuit, max. 180 caractères +++
2024-12-15 - Di (15.00) | Abesses_Théâtre | Multilatérale_ensemble | Posadas (Ianus), Sciarrino (Venere ), Combier (Cordelia des Nuées, Strands*) - …+++
2024-12-10 - Ma (20.00) | Paris_Philharmonie | Intercontemporain_ensemble_Next_ensemble | Varèse (Ionisation, Densité 21, Offrandes, Octandre, Intégrales, Arcana, Amériques) - …+++
2024-12-04 - Me (20.00) | Paris_ChampsElysées | Ensemble_LesSiècles_Chœur_Unikanti | Poulenc (Dialogues des Carmélites, opéra, reprise Pi) - …+++
2024-11-25 - Lu (20.00) | Paris_Philharmonie | Modern_ensemble | Goebbels (A House of Call) - …+++
2024-11-21 - Je (20.00) | Paris_Philharmonie | Intercontemporain_ensemble | Grisey (Nout), Saariaho (Oi Kuu, 7 Papillons), Salonen (Meeting), Murail (Lettre Vincent) - …+++
Voici en toute modestie quelques regards liés à l'actualité, sans le recul de la Base de données, ni l'objectivité actualisée des Informations brutes… mais sans partialité.
Relevé d'Apprenti n°13: 23 Juin 2009... Création de "Pastorale", opéra de Gérard Pesson : une macédoine dont la mayonnaise prend divinement (et ludiquement)
Photo: © Théâtre du Chatelet Photo: © Théâtre du Chatelet |
Un spectacle complet, dans le cas de
l'opéra théâtre, c'est aujourd'hui plus souvent une
auto-proclamation-déclaration que la réalité, et notamment pour une
création contemporaine (du fait de moyens financiers plus limités que
pour les reprises du grand répertoire, auxquelles on donne en outre avec
le spectacle complet un coup de peinture fraîche). Du roman-fleuve d’Honoré d’Urfé (roman courtois initiatique pour 2 amants, 1607, 5 399 pages), les auteurs du livret (notamment Martin Kaltenecker) retiennent, en un peu plus de 2 heures, 4 actes et 44 numéros-épisodes, le jeu de piste et l'apprentissage des amours et du hasard entre Astrée et Céladon, tout en le transposant (très librement) dans un monde moderne (et factice), à la manière de «Loft story» ou «L’Île de la tentation». Sélectionnés puis menés par un druide en bottes plate-formes et par un dynamique animateur, une dizaine de jeunes recrues (hommes-femmes), vêtues comme des baba cool partent à la conquête du Larzac (aux superbes paysages... résultat d’une illusion obtenue grâce à d’astucieux trucages vidéo). Cette idée-tendance de télé-réalité (le sujet du spectacle) est en plus mise en parallèle avec une idée de théâtre-dans-le-théâtre (ou plus précisément de film-dans-le-film) qui placent des cameramen sur la scène pour filmer (casting), en temps réel (écrans vidéos), non seulement les chanteurs ou les danseurs, mais aussi des objets-décors-symboles qui apportent une belle poésie, de l'inventivité renouvelée, un rythme-aération et des clés à l'histoire. L'autre originalité réside dans l'écart entre les situations ésotériques et le texte dit-chanté (avec un second degré omniprésent), pour mêler comique de situation et comique de mots, et aboutir à un humour constant (exquis, fin, cocasse, ou même parfois rire aux éclats), en raison de la juxtaposition incongrue d'une part de la préciosité du style du texte originel (conservée), suscitant des dialogues artificiels et presque surréalistes, et d'autre part des épisodes décalés qui se succèdent (joués par les bergers-djeuns du jeu de piste) ; s'y ajoutent quelques scènes clairement «dé-branchées» (c'est plus habituel dans l'opéra d'aujourd'hui, mais ici ce n'est pas l'essentiel) : les 3 «nymphirmières» qui soignent Céladon, telles une version sexy des demoiselles de "La Flûte enchantée", la récurrence ovine (le mouton bouclé sous la forme de marionnettes goguenardes, de boîtes à bêê, de jouets-personnages), la charrette transformée en automobile électrique (qui roule) et la grotte de Céladon en caravane (tractée), l’affiche-personnage en 3 morceaux avec jeu de puzzle ambigu (et nudité attendue), la scène du lit où Céladon, travesti en femme, tente de dormir au milieu du lit, entre Astrée et son amie (proche) Phillis. Devant tant d'inventivité, de décalage, le risque serait que la musique s'efface (ou la ligne de chant s'atténue) au profit de la vidéo en temps réel et de la mise en scène sans temps morts. Ce n'est pas le cas : le spectacle est total, mais il s'aménage pour laisser de l'air à la musique et au chant, voire aux moments clés, leur pré-éminence. La musique est belle, légère et souple, "trouée" et brillante, dans ce langage si typique et original de Gérard Pesson, moderniste (à mi-chemin entre Lachenmann, Sciarrino, et la tradition de rythme et de clarté bien Française... donc il faut, au moins, être à l'aise avec Debussy), festonnée et chatoyante. Une musique continue et foisonnante, pince-sans-rire, allusives par réminiscences voire par citations, et poly-stylistique (madrigal, musette, rondeau, tambourin, branle du Poitou ou fête pour le gui de l’an neuf). Une grande variété de climats et d'ambiances obtenue avec un effectif de seulement 41 musiciens, riche en instruments rares (harpe celtique, cornemuse, flûtes de pan, harmonicas, tuyaux harmoniques, serinettes, appeaux, gonfleurs à matelas, langue de belle-mère, rhombes tournoyant dans l’air), sans électronique. Faut-il ajouter quelques bémols pour ne pas être taxé d'in-objectivité (alors qu'en même temps, la presse a tiré à boulets rouges sur le spectacle et que, par suite, la salle était à moitié pleine) ? Alors, on pourrait un peu regretter le manque de quelques airs de bravoures pour les solistes vocaux (mais dans le cas présent cela aurait remis en cause les choix faits en fonction des moyens financiers, et de l'esthétique très «prosodie Française»), le manque de quelques interludes ou séquences musicales fortissimo (au diapason de séquences visuelles de la même force), mais ce n'est pas dans le style (et la personnalité) de Pesson (plus mezzo-voce voire discret et pianissimo) et cela aurait aussi nécessité de nouveaux instrumentistes, le manque d'intelligibilité du scénario (au sens de l'intrigue, pour le jeu de piste)... pour ménager la surprise finale. Au total, un compositeur Gérard Pesson au sommet de ses moyens (la musique est omniprésente, pleine de surprises, et se déroule très lentement comme les divines longueurs de...), un vidéaste-metteur en scène Pierrick Sorin d'une grande inventivité (je ne suis pas un expert d'opéra, mais il me semble que c'est un première de vidéo «en temps réel avec film dans le film») au service de la poésie et de l'émotion (ah la caméra stylo plongée dans l'aquarium!), plein d'idées (des couleurs crues, des superpositions hardies, un «totem d’images»), avec une poésie, une inventivité, une innovation qui marquent d'une pierre blanche cette mise en scène/image), et cerise sur le gâteau, un chorégraphe Kamel Ouali très présent (associant hip-hop, combats ados et les Paladins... et la comparaison avec les opéras de Rameau ne s'arrête pas là), tout en restant sage, pour éviter la surenchère, un livret d'une grande poésie (ésotérique) avec des jeux sur les mots et certains phrases-maximes d'une réelle portée de sens et de formule... et de l'humour (ah les moutons-marionnettes!), large spectre (du loufoque au subtil), un fait rarissime à l'opéra. Laissez-vous porter sans esprit rationnel, et par l'amour fou sans espoir ! (et guettez le DVD ou la re-transmission TV) Jean Huber |
TOP-12-VISITES :
HISTOIRE |
PERSPECTIVE |
STYLES-ÉCOLES |
ÉDITORIAUX-ÉCHOS |
ŒUVRES-BBD |
GUIDE-EXPRESS |
COMPOSITEURS-INTRO |
PLUS-BDD |
ACTUALITÉS-CRÉATIONS-REPRISES |
GLOSSAIRE |
VIDÉOS-EXEMPLES |
FAQ |
© Jean Henri Huber, Musique Contemporaine.Info, 2005-2024 | Merci de signaler les liens vidéos brisés, pour correction immédiate, les concerts, et suggestions, à | Pour retourner à la page d'accueil: BIENVENUE ! |