HUSH, HUSH ! 5ème festival Ensemble(s), du 18 au 22 Septembre 2024 (début résa en Aout, 50 € pour 8 concerts) ; Festival Présence 2025 (Février), focus Olga Neuwirth ; reprise réussie à Paris le 26 Avril de 'Art of Metal III' pièce phare du 21ième siècle de Robin (Alain Billard après 15 ans a conservé toute sa sauvagerie de la création ) ; beaucoup de compositeurs abandonnent leur site Internet personnel, en 2023 et 2024, dommage ; centenaire en Janvier de Nono totalement occultè, heureusement, celui de Boulez en 2025 promet beaucoup.

Concerts… ajout bienvenu [@mail en bas], si musique > 80% après 1941, pays Francophone, même format de données, avec lien-concert, '*' si création et '0€' si gratuit, max. 180 caractères +++
2024-11-08 - Ve (20.00) | Paris_Philharmonie | Intercontemporain_ensemble | Saunders (Scar, Skin, Skull) - …+++
2024-11-08 - Ve (20.00) | Paris_RadioFrance | Philharmonique_RF_orchestre_Choeur_RF | Copland (Lincoln Portrait), Dessner (Concerto piano), Barber (Adagio), Adams (Harmonium) - …+++
2024-11-08 - Ve (20.00) | Paris_Bouffes_du_Nord | Trios_Messiaen_Xenakis | Chostakovitch (Symphonie 15, réduction pour ensemble) - …+++
2024-11-07 - Je (20.00) | Paris_RadioFrance | National_RF_orchestre | Dutilleux (Slava\’s Fanfare), Chostakovitch (Concerto violoncelle 1, Symphonie 5), Nakahashi (Fanfare*) - …+++
2024-10-26 - Sa (20.00) | Paris_Philharmonie | Balcon_ensemble | Stockhausen (Donnerstag aus Licht Acte 3, opéra) - …+++
2024-10-25 - Ve (20.00) | Paris_Opéra_Comique | Philharmonique_RF | Benjamin (Picture a Day like this, opéra, livret Crimp) - …+++
2024-10-24 - Je (19.30) | Bruxelles_LaMonnaie | Monnaie_Orchestre_chambre_choeurs | Defoort (The Time of Our Singing, opéra, reprise) - …+++
2024-10-12 - Sa (19.30) | Paris_LaScala | NinonHannecart | Filidei (Filastrocca), Aperghis (Dame seule, Pièce brève 4), Scelsi (Illustrazione 4), Cavanna (Etude 3), Perdigon (ST*) - …+++
2024-10-11 - Ve (20.00) | Paris_Philharmonie | Intercontemporain_ensemble | Iannotta (echo from afar, They left us, glass and stone, a stir among the stars) - …+++
2024-10-11 - Ve (19.30) | Paris_LaScala | Allexandre_The´veneau_Ould | Zavaro (Le Carnaval de Toumaï) - …+++

ÉDITORIAUX - HUMEURS

 

Voici en toute modestie quelques regards liés à l'actualité, sans le recul de la Base de données, ni l'objectivité actualisée des Informations brutes… mais sans partialité.

10 Mars 2024 Éditorial n°5 10 Mars 2024… la question de la postérité pour les compositeurs(trices) de la Contemporaine
30 Avril 2022 Relevé d'Apprenti n°25 22 Avril 2022… mort à 87 ans de Harrison Birtwistle, compositeur Anglais moderniste majeur
16 Février 2022 Relevé d'Apprenti n°24 Tristan Murail, revisité par le Festival Présences
30 Décembre 2019 Relevé d'Apprenti n°23 Jean-Claude Risset, le compositeur le plus innovant de sa génération
28 Août 2017 Relevé d'Apprenti n°22 Un nouveau livre majeur en 3 volumes, par Guillaume Kosmicki, sur la Musique moderne
3 Mars 2017 Éditorial n°4 Le XXL-Scope, un nouveau développement majeur du site MCI
9 Janvier 2016 Relevé d'Apprenti n°21 5 Janvier 2016… mort à presque 91 ans du compositeur et entrepreneur phare de la Musique Contemporaine, Pierre Boulez
27 Décembre 2014 Relevé d'Apprenti n°20 Novembre 2013-2014, une année faste pour Gérard Grisey, sans prétexte d'anniversaire
4 Juin 2013 Relevé d'Apprenti n°19 La mort de Henri Dutilleux, à 97 ans, un classique du moment, entre temporel et intemporel
19 Mai 2013 Relevé d'Apprenti n°18 Dans moins d'un mois, c'est le centenaire de la naissance de Maurice Ohana, et à ce jour seuls…
28 Décembre 2012 Relevé d'Apprenti n°17 Décès attendu d'un des très rares compositeurs de sa génération à avoir pleinement intégré l'informatique musicale, Jonathan Harvey
7 Mars 2011 Relevé d'Apprenti n°16 Création ambitieuse de "La Métamorphose", opéra de chambre de Michaël Levinas, d'après Kafka
22 Février 2011 Éditorial n°3 Vive la diversité et la coopération Web 2.0, à bas la notoriété concentrée
26 Septembre 2010 Relevé d'Apprenti n°15 Décès absurde et consternant d'un compositeur météore presque trentenaire, Christophe Bertrand
27 Octobre 2009 Relevé d'Apprenti n°14 Dix CD de référence pour la décennie 2000-2009, selon J.-P. Derrien et D. Jameux… et des contrepoints !
23 Juin 2009 Relevé d'Apprenti n°13 Création scénique de "Pastorale" de Gérard Pesson : un spectacle complet
28 Avril 2009 Relevé d'Apprenti n°12 Concert monographique de Frédéric Pattar (musique de chambre) : une expressivité surprenante
10 Octobre 2008 Relevé d'Apprenti n°11 Révélation surprise d'un jeune compositeur Scandinave à Présences Paris, Jan Erik Mikalsen
25 Septembre 2008 Relevé d'Apprenti n°10 Décès d'un compositeur micro-tonal extrême, Horatiu Radulescu
18 Septembre 2008 Relevé d'Apprenti n°9 Décès d'un compositeur indépendant, sérieux et provocateur, Mauricio Kagel
15 Juillet 2008 Relevé d'Apprenti n°8 La découverte approfondie du très original et saturateur Frank Bedrossian, avec 3 concerts 2E2M
26 Janvier 2008 Relevé d'Apprenti n°7 "Les Sacrifiées", opéra de chambre de Thierry Pécou, ou l'engagement citoyen
16 Décembre 2007 Relevé d'Apprenti n°6 La Musique Contemporaine en 100 disques, un nouveau livre
5 Décembre 2007 Relevé d'Apprenti n°5 Décès brusque d'un compositeur phare, Karlheinz Stockhausen
22 Septembre 2007 Relevé d'Apprenti n°4 Création Française de "Neither", pseudo-opéra de Morton Feldman de 1977
23 Juin 2007 Relevé d'Apprenti n°3 "Wagner dream", opéra de Jonathan Harvey… pour le répertoire ?
12 Mai 2007 Éditorial n°2 La vraie faiblesse congénitale de la Musique Contemporaine, le «share of voice».
8 Mars 2007 Relevé d'Apprenti n°2 Thomas Adès et Présence 2007
15 Novembre 2006 Relevé d'Apprenti n°1 L'opéra de chambre et "Faustus" de Pascal Dusapin
24 Octobre 2006 Éditorial n°1 Ouverture officielle du site Web Musiquecontemporaine.info

Relevé d'Apprenti n°13: 23 Juin 2009... Création de "Pastorale", opéra de Gérard Pesson : une macédoine dont la mayonnaise prend divinement (et ludiquement)

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Photo: © Théâtre du Chatelet

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Photo: © Théâtre du Chatelet

Un spectacle complet, dans le cas de l'opéra théâtre, c'est aujourd'hui plus souvent une auto-proclamation-déclaration que la réalité, et notamment pour une création contemporaine (du fait de moyens financiers plus limités que pour les reprises du grand répertoire, auxquelles on donne en outre avec le spectacle complet un coup de peinture fraîche).
L'opéra de Gérard Pesson allie la musique, la danse et la vidéo en temps réel, dans le cadre d'une création avec un clin d'œil de communication très tendance «la télé-réalité».

Du roman-fleuve d’Honoré d’Urfé (roman courtois initiatique pour 2 amants, 1607, 5 399 pages), les auteurs du livret (notamment Martin Kaltenecker) retiennent, en un peu plus de 2 heures, 4 actes et 44 numéros-épisodes, le jeu de piste et l'apprentissage des amours et du hasard entre Astrée et Céladon, tout en le transposant (très librement) dans un monde moderne (et factice), à la manière de «Loft story» ou «L’Île de la tentation». Sélectionnés puis menés par un druide en bottes plate-formes et par un dynamique animateur, une dizaine de jeunes recrues (hommes-femmes), vêtues comme des baba cool partent à la conquête du Larzac (aux superbes paysages... résultat d’une illusion obtenue grâce à d’astucieux trucages vidéo).

Cette idée-tendance de télé-réalité (le sujet du spectacle) est en plus mise en parallèle avec une idée de théâtre-dans-le-théâtre (ou plus précisément de film-dans-le-film) qui placent des cameramen sur la scène pour filmer (casting), en temps réel (écrans vidéos), non seulement les chanteurs ou les danseurs, mais aussi des objets-décors-symboles qui apportent une belle poésie, de l'inventivité renouvelée, un rythme-aération et des clés à l'histoire.

L'autre originalité réside dans l'écart entre les situations ésotériques et le texte dit-chanté (avec un second degré omniprésent), pour mêler comique de situation et comique de mots, et aboutir à un humour constant (exquis, fin, cocasse, ou même parfois rire aux éclats), en raison de la juxtaposition incongrue d'une part de la préciosité du style du texte originel (conservée), suscitant des dialogues artificiels et presque surréalistes, et d'autre part des épisodes décalés qui se succèdent (joués par les bergers-djeuns du jeu de piste) ; s'y ajoutent quelques scènes clairement «dé-branchées» (c'est plus habituel dans l'opéra d'aujourd'hui, mais ici ce n'est pas l'essentiel) : les 3 «nymphirmières» qui soignent Céladon, telles une version sexy des demoiselles de "La Flûte enchantée", la récurrence ovine (le mouton bouclé sous la forme de marionnettes goguenardes, de boîtes à bêê, de jouets-personnages), la charrette transformée en automobile électrique (qui roule) et la grotte de Céladon en caravane (tractée), l’affiche-personnage en 3 morceaux avec jeu de puzzle ambigu (et nudité attendue), la scène du lit où Céladon, travesti en femme, tente de dormir au milieu du lit, entre Astrée et son amie (proche) Phillis.

Devant tant d'inventivité, de décalage, le risque serait que la musique s'efface (ou la ligne de chant s'atténue) au profit de la vidéo en temps réel et de la mise en scène sans temps morts. Ce n'est pas le cas : le spectacle est total, mais il s'aménage pour laisser de l'air à la musique et au chant, voire aux moments clés, leur pré-éminence.

La musique est belle, légère et souple, "trouée" et brillante, dans ce langage si typique et original de Gérard Pesson, moderniste (à mi-chemin entre Lachenmann, Sciarrino, et la tradition de rythme et de clarté bien Française... donc il faut, au moins, être à l'aise avec Debussy), festonnée et chatoyante. Une musique continue et foisonnante, pince-sans-rire, allusives par réminiscences voire par citations, et poly-stylistique (madrigal, musette, rondeau, tambourin, branle du Poitou ou fête pour le gui de l’an neuf). Une grande variété de climats et d'ambiances obtenue avec un effectif de seulement 41 musiciens, riche en instruments rares (harpe celtique, cornemuse, flûtes de pan, harmonicas, tuyaux harmoniques, serinettes, appeaux, gonfleurs à matelas, langue de belle-mère, rhombes tournoyant dans l’air), sans électronique.

Faut-il ajouter quelques bémols pour ne pas être taxé d'in-objectivité (alors qu'en même temps, la presse a tiré à boulets rouges sur le spectacle et que, par suite, la salle était à moitié pleine) ? Alors, on pourrait un peu regretter le manque de quelques airs de bravoures pour les solistes vocaux (mais dans le cas présent cela aurait remis en cause les choix faits en fonction des moyens financiers, et de l'esthétique très «prosodie Française»), le manque de quelques interludes ou séquences musicales fortissimo (au diapason de séquences visuelles de la même force), mais ce n'est pas dans le style (et la personnalité) de Pesson (plus mezzo-voce voire discret et pianissimo) et cela aurait aussi nécessité de nouveaux instrumentistes, le manque d'intelligibilité du scénario (au sens de l'intrigue, pour le jeu de piste)... pour ménager la surprise finale.

Au total, un compositeur Gérard Pesson au sommet de ses moyens (la musique est omniprésente, pleine de surprises, et se déroule très lentement comme les divines longueurs de...), un vidéaste-metteur en scène Pierrick Sorin d'une grande inventivité (je ne suis pas un expert d'opéra, mais il me semble que c'est un première de vidéo «en temps réel avec film dans le film») au service de la poésie et de l'émotion (ah la caméra stylo plongée dans l'aquarium!), plein d'idées (des couleurs crues, des superpositions hardies, un «totem d’images»), avec une poésie, une inventivité, une innovation qui marquent d'une pierre blanche cette mise en scène/image), et cerise sur le gâteau, un chorégraphe Kamel Ouali très présent (associant hip-hop, combats ados et les Paladins... et la comparaison avec les opéras de Rameau ne s'arrête pas là), tout en restant sage, pour éviter la surenchère, un livret d'une grande poésie (ésotérique) avec des jeux sur les mots et certains phrases-maximes d'une réelle portée de sens et de formule... et de l'humour (ah les moutons-marionnettes!), large spectre (du loufoque au subtil), un fait rarissime à l'opéra.

Laissez-vous porter sans esprit rationnel, et par l'amour fou sans espoir ! (et guettez le DVD ou la re-transmission TV)

Jean Huber
P.S. : pour être tout à fait exact, il ne s'agit pas de la création mondiale, mais de la première création scénique (la première a eu lieu en Mai 2006 en version concert seulement, en raison d’une grève, à l'opéra de Stuttgart, Allemagne)



Actualisation : 11 Janvier 2024

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