HUSH, HUSH ! à Paris_Philharmonie, nouvel épisode de la série Licht de Stockhausen, le 26 Octobre 2024 ; festival Présence 2025 (Février), focus Olga Neuwirth ; beaucoup de compositeurs abandonnent leur site Internet personnel, en 2023 et 2024, dommage ; centenaire en Janvier de Nono totalement occultè, heureusement, celui de Boulez en 2025 promet beaucoup, mais apparemment pas de création posthume.
Concerts… ajout bienvenu [@mail en bas], si musique > 80% après 1941, pays Francophone, même format de données, avec lien-concert, '*' si création et '0€' si gratuit, max. 180 caractères +++ 2024-12-04 - Me (20.00) | Paris_ChampsElysées | Ensemble_LesSiècles_Chœur_Unikanti | Poulenc (Dialogues des Carmélites, opéra, reprise Pi) - …+++ 2024-11-25 - Lu (20.00) | Paris_Philharmonie | Modern_ensemble | Goebbels (A House of Call) - …+++ 2024-11-21 - Je (20.00) | Paris_Philharmonie | Intercontemporain_ensemble | Grisey (Nout), Saariaho (Oi Kuu, 7 Papillons), Salonen (Meeting), Murail (Lettre Vincent) - …+++ 2024-11-17 - Di (19.00) | Paris_Philharmonie_Studio | McVinnie_Namekawa | Glass (Distant Figure, The Poet Acts, Dance 4, Etude 20, 12) - …+++ 2024-11-17 - Di (16.00) | Paris_Philharmonie_Studio | Wagner_Vanessa | Dessner, Muhly, Shaw, Skempton (pièces de piano) - …+++ 2024-11-16 - Sa (20.00) | Paris_Philharmonie | Richter_Thom _Baillie_Pharoah _Ruisi_Hudson | Richter (In A Landscape, The Blue Notebooks) - …+++ 2024-11-16 - Sa (20.00) | Paris_RadioFrance | Philharmonique_RF | Iannotta (strange Bird*), Chostakovitch (Concerto pour violoncelle 2) - …+++ 2024-11-08 - Ve (20.00) | Paris_Philharmonie | Intercontemporain_ensemble | Saunders (Scar, Skin, Skull) - …+++ 2024-11-08 - Ve (20.00) | Paris_RadioFrance | Philharmonique_RF_orchestre_Choeur_RF | Copland (Lincoln Portrait), Dessner (Concerto piano), Barber (Adagio), Adams (Harmonium) - …+++ 2024-11-08 - Ve (20.00) | Paris_Bouffes_du_Nord | Trios_Messiaen_Xenakis | Chostakovitch (Symphonie 15, réduction pour ensemble) - …+++ 2024-11-07 - Je (20.00) | Paris_RadioFrance | National_RF_orchestre | Dutilleux (Slava's Fanfare), Chostakovitch (Concerto violoncelle 1, Symphonie 5), Nakahashi (Fanfare*) - …+++
FAQs : VOS QUESTIONS - NOS RÉPONSES
L'attente avant un concert et même l'entracte sont des occasions rêvées pour s'entretenir de l'œuvre juste écoutée, ou de son compositeur, ou de la programmation, voire de la Musique Contemporaine en général… avec ses voisins.
Voici un florilège de questions typées, abordées à ces occasions (et aussi via le service de CONTACT), et les réponses données, bien affinées et personnalisées au fil du temps !
Pour lire la réponse sélectionnée, merci de cliquer sur le mot clé (deuxième colonne), en fonction de la synthèse de la question posée.
Dernière question-réponse ajoutée ou modifiée : 22 Septembre 2023 (actualisation partielle). Les questions récentes ou les réponses actualisées sont signalées par le logo
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DÉFINITION |
Comment définissez-vous la Musique Contemporaine ? |
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PROPHÈTES |
Quels sont les grands prophètes de la Musique Contemporaine ? |
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DÉPART |
Quel est le point de départ historique de la Musique Contemporaine ? |
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PROVOCATION |
Pensez-vous que la Musique Contemporaine doit être prétexte à toutes sortes de notes atonales, incongrues, voire de bruits ou de sons provocants ? |
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DÉTOURNEMENT~D'ŒUVRE |
En parallèle avec le travail de certains peintres dont Picasso, pouvez-vous me donner des pistes sur le détournement en Musique Contemporaine ? |
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LIENS~INEXISTANTS |
Pourquoi dans vos services sur la Musique Contemporaine, des liens vers les pages Internet sont manquants ? |
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CONTEMPORAINE~MALCHOISI |
Que pensez-vous du nom même de Musique Contemporaine qui paraît bien mal choisi ? |
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ACOUSMATIQUE~MALCHOISI |
Le nom d'Acousmatique que vous aviez initialement choisi pour la Musique électronique fixée me semble à éviter… |
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TECHNOLOGIE |
Que pensez-vous de tout ce fatras technique expérimental associé à la Musique Contemporaine, surajouté, pour des résultats anecdotiques ? |
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PATERNITÉ~RÉVOLUTION |
Pourquoi n'attribuez-vous pas la paternité de l'innovation de la musique spectrale à… ? |
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CONCERT~GRATUIT |
Que conseillez-vous pour éviter de jeter par la fenêtre 25 ou 50 Euros pour un concert d'une création qui peut laisser déçu(e) ? |
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COMPOSITEUR~CHEF |
Est-ce que la version d'un enregistrement de Musique Contemporaine dirigée ou supervisée par le compositeur lui-même est la plus belle ou la plus authentique ? |
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CADEAU |
Que conseillez-vous si l'on veut offrir un disque de Musique Contemporaine à un(e) ami(e) mélomane ? |
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EXTRAITS~MUSICAUX |
Comment écouter une œuvre qui attire la curiosité sans acheter un disque ou attendre un hypothétique concert ? Pourquoi ne pas placer des extraits dans ce site Internet ? |
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ENREGISTREMENT |
Vaut-il mieux commencer par un enregistrement au disque, ou plutôt par un concert au programme varié ou bien spécialisé ? |
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CONCERT~OU~DISQUE |
Pourquoi, sur ce site Internet de Musique Contemporaine, monopolisez-vous l'attention sur l'écoute au concert plutôt que sur disque ? |
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DISQUE~CATALOGUE~RADIO |
La Musique Contemporaine au disque est d'une rareté consternante, comment pallier cette lacune ? |
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RADIO~INTERNET~STREAMING |
Comment écouter la Musique Contemporaine diffusée sans être tributaire de son poste de radio (et des horaires tardifs) ? |
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MÉDIÉVALE~ANCIENNE |
Peut-on apprécier la Musique Contemporaine si on est spécialisé(e) dans la Musique Ancienne (avant Vivaldi) ? |
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BAROQUE |
Peut-on apprécier la Musique Contemporaine si on est spécialisé(e) dans la Musique Baroque (de Vivaldi à Haendel et Bach) ? |
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CLASSICO~ROMANTIQUE |
Si l'on ne connaît la Musique Savante que par la période de Mozart à Brahms, comment aborder la Musique Contemporaine ? |
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MODERNE |
Si l'on écoute avec plaisir la musique du début du 20ème siècle, hormis l'école de Vienne (Schoenberg, Berg, Webern), peut-on apprécier la Musique Contemporaine et comment ? |
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CONSERVATEUR~PROGRESSISTE |
Dans la Musique Contemporaine, j'écoute avec plaisir la musique de Henri Dutilleux, Dimitri Chostakovitch (etc.), pourquoi devrais-je aimer celle des compositeurs d'avant-garde ? |
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FREEJAZZ |
Pourquoi n'introduisez-vous pas le Free Jazz dans votre sélection, la filiation est pourtant évidente ? |
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MUSIQUES~DE~FILMS |
Pourquoi n'introduisez-vous pas les Musiques de films (B.O.F.) et leurs compositeurs spécialisés dans votre sélection, la filiation est pourtant évidente ? |
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PLI~SELON~PLI |
Pour aborder la Musique Contemporaine, on m'a conseillé de commencer par un chef d'œuvre comme "Pli selon Pli" de Boulez… qu'en pensez-vous ? |
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PÈRES |
Qui sont les Pères des différentes écoles de la Musique Contemporaine ? |
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COMPOSITEURS~PASSÉ~NOVICE |
Quelles sont les pièces incontournables de la musique d'avant la Musique Contemporaine pour l'aborder, elle, avec succès ? |
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VIE~PRIVÉE |
Pourquoi mentionnez-vous, pour certains compositeurs et pas pour d'autres, leur vie privée (homosexualité) ou la cause de leur mort ? |
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JEUNES~COMPOSITEURS |
Que pensez-vous des jeunes Compositeurs Français d'aujourd'hui ? Qui conseillez-vous ? |
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DÉCLIC |
Et vous, comment avez-fait connaissance avec la Musique Contemporaine, et par quelle œuvre ? |
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SÉLECTION |
Comment opérez-vous votre sélection ? Ne manque-t-il pas le compositeur X, ou la pièce Z un vrai chef d'œuvre ? |
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FINALISATION |
Considérez-vous votre sélection comme terminée pour les compositeurs morts ou les pièces d'avant 1975 ? |
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PRÉFÉRENCES |
Quel est votre compositeur préféré de Musique Contemporaine, que vous conseilleriez les «yeux fermés» ? |
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CLASSEMENT |
Pourquoi tous ces classements dans ce site comme si l'on pouvait classer les artistes ? |
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MISE~EN~BOÎTE |
Pourquoi maintenez-vous toutes ces mises en boîtes des compositeurs, de leurs styles, de leurs périodes de naissance (etc.), notamment dans le tableau d'honneur Innovation-Tradition, sachant que la vie n'a rien à voir avec cette mise en boîte factice ? |
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NOMBRE~DE~SÉLECTION |
Le nombre de pièces dans votre sélection est-il en rapport avec la valeur du compositeur considéré ? |
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OBJECTIVITÉ |
Pensez-vous être objectif dans votre sélection et dans vos analyses ? |
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TROP-DE-NOTES |
Pourquoi tant de notes, partout, et même maintenant dans vos pages semi-privées ? |
Envoyez-nous vos nouvelles questions, par l'intermédiaire du formulaire de CONTACT !
Comment définissez-vous la Musique Contemporaine ? |
Vaste problème ! La Musique Contemporaine est comprise ici comme la Musique de notre Temps. Évidemment, "notre Temps" n'a pas la même valeur pour tout le monde, selon que l'auditeur est aujourd'hui âgé de 20 ans ou de 90 ans.
Toutes les musiques contemporaines sont acceptées ici, depuis la Musique Concrète jusqu'au Post-modernisme (qui, en fait, est une réaction conservatrice !), en passant par l'Électroacoustique (encore appelée Musique Mixte), la Musique Répétitive, la Musique Minimaliste, la Musique Aléatoire (l'œuvre ouverte), la Musique Spectrale, les Quarts de tons, la Musique Néotonale, et évidemment la Musique Sérielle et Post-sérielle, pourvu qu'elles soient écrites, c'est à dire pensées, et pas intrinsèquement improvisées (comme le Jazz).
Une sélection de compositeurs est analysée, avec au moins une œuvre marquante dont la première exécution est postérieure à un temps «zéro» qui, il faut le reconnaître, est arbitrairement fixé par la création en public le 15 Janvier 1941 du "Quatuor pour la Fin du Temps" d'Olivier Messiaen" … ce qui a des conséquences imprévues sur la sélection ou non de certains compositeurs, qui méritent explications, le diable étant comme toujours dans les détails :
* Le compositeur Viktor Ullmann (né en 1898, en Tchécoslovaquie) est intégré ici parce qu'au moins une de ses pièces majeures et innovantes a été composée et répétée en 1944, soit après notre temps «zéro» (mais a contrario Erwin Schulhoff, également très innovant et contemporain de Ullmann -il est né en 1894- était déjà mort, lui aussi en déportation mais en 1942 et sans composition marquante cette année-là, et Pavel Haas, né en 1899 et mort aussi en déportation en 1944, n'a pas écrit de pièce marquante entre 1941 et 1944)
* Des compositeurs importants disparus après la fin de la guerre, mais dont l'essentiel de l'œuvre est antérieur et dont le style est constant et affilié aux compositeurs d'avant guerre, n'ont pas été retenus, comme Serge Prokofiev (mort en 1952), Richard Strauss (mort en 1949), Arthur Honegger (mort en 1955), Kurt Weill (mort en 1950), Bohuslav Martinů (mort en 1959), George Antheil (mort en 1959), Henry Dixon Cowell (mort en 1965), Aloís Hába (mort en 1973), Charles Ives (mort en 1954), Erich Wolfgang Korngold (mort en 1957), Ralph Vaughan Williams (mort en 1958), Heitor Villa-Lobos (mort en 1959) et même le prophète Arnold Schoenberg (mort en 1951), sans parler d'Anton Webern (mort d'une balle perdue en 1945).
* Au contraire, certains compositeurs d'avant guerre qui ont expérimenté plusieurs styles de musique au cours du temps ont été retenus, et les meilleurs exemples sont Igor Stravinsky pour ses œuvres sérielles innovantes (après la Symphonie en "Trois Mouvements", dernier exemple néo-classique, qui date de 1946, et "The Rake's Progress" de 1951, jazzy) et Edgard Varèse pour sa deuxième période créatrice, comme pionnier de la musique électro-acoustique avec "Déserts".
* D'autres compositeurs sont intégrés ici, même si historiquement, ils appartiennent davantage au style de la période précédente, car leur production d'après guerre est importante, et surtout évolutive (recherches nouvelles) : Dimitri Chostakovitch (1906-1975), Benjamin Britten (1913-1976), Francis Poulenc (1899-1963).
* Enfin, tous ces critères étant posés pour éclairer l'objectivité de la démarche (et les difficultés d'application !), il reste beaucoup de compositeurs avec des pièces majeures après Juin 1941, qui seront intégrés avec le temps (patience) y compris (peut-être) des compositeurs déjà morts depuis longtemps, comme Maurice Duruflé (1902–1986), Frank Martin (1890–1974), Federico Mompou (1893–1987), etc. |
Quels sont les grands prophètes de la Musique Contemporaine ? |
Bien sûr, tout le monde pense à la seconde école de Vienne (Schoenberg, Webern, Berg) pour insister sur son rôle dans la création contemporaine de Darmstadt (initialement Stockhausen, Boulez, Nono, Pousseur, Goeyvaerts, puis, Xenakis, Berio, Ligeti). Mais c'est restrictif.
Il faut sans conteste ajouter les trublions que sont Varèse avec "Amériques" (1921) et "Arcana" (1925) et Ives avec sa 4ème Symphonie (1912-1924) et sa Sonate pour piano "Concord" (1911-1919, jouée pour la première fois en 1939). Curieusement, le premier a émigré aux USA après la Première Guerre Mondiale et le second, Américain d'origine, n'a commencé à être connu qu'à partir des années 1950 (mais leurs partitions sont au chevet de tous les créateurs de la Musique Contemporaine).
Enfin, la Musique Contemporaine, dans sa grande diversité, n'aurait jamais existé sans Wagner ("Tristan" et "Parsifal"), Scriabine, Mahler (la 9ème Symphonie), Debussy ("Pelléas", Jeux), Bartók (Musique pour Cordes, Percussions et Célesta, Quatuors), Stravinsky (les rythmes, les percussions), Leibowitz et Adorno (comme maîtres à penser), Russolo (bruitiste), Hába (microtonalité), et même les compositeurs de la génération qui l'ont précédée (Prokofiev, Elgar, Martinu, Kodaly, Honegger, Ravel, Janacek…). |
Quel est le point de départ historique de la Musique Contemporaine ? |
Avec modestie, je dirais qu'il n'y en a pas de clairement distinct.
En pratique, le point de départ de la Musique Contemporaine correspond…
- Pour certains à la mort de Bartók (1945), de Schoenberg (1951, dernière composition achevée en 1945), ou même de Strauss (1949) et Rachmaninov (1943), ou même au tragique accident qui a tué (par balles) Webern (Septembre 1945),
- Pour d'autres au premier Boulez et à la Musique sérielle.
En fait, avec le recul du temps, et la prolifération de la diversité dans la Musique d'aujourd'hui -et tous les arts en général-, le véritable point de départ semble bien la Deuxième Guerre Mondiale, avec sa déstructuration (notamment dans les camps et dans les villes Européennes dévastées) et l'élan de reconstruction sur des bases nouvelles qui a suivi l'instauration de la paix, soit entre 1941 et
1945.
Et la première œuvre symboliquement (arbitrairement) retenue dans ce site, le Quatuor pour la "Fin du Temps", a été d'abord exécutée dans un camp de concentration (Stalag) en Décembre 1941, et aussi une fois en Juin 1941 à Paris, mais seulement après la guerre, en 1945, pour un public mélomane dans des conditions normales (et avec des instruments entiers et accordés !). |
La Musique Contemporaine n'est que prétexte à toutes sortes de notes atonales, incongrues, voire de bruits ou de sons provocants… qu'en pensez-vous ? |
La Musique d'aujourd'hui est aux oreilles non habituées, non initiées, aussi surprenante voire aussi provocante que celle d'hier pour les
oreilles d'alors.
Pour les auditeurs contemporains du divin Mozart, il y avait trop de notes, pour ceux de la Grande Fugue du grand Beethoven, il n'y avait que
fausses notes, pour ceux du sublime Schubert, les longueurs (et langueurs) étaient insupportables et les balbutiements du chromatisme, bizarres.
La liste de jugements de ce type serait longue si les impressions sur les œuvres nouvelles étaient colligées systématiquement… sans parler des scandales lors de créations ("Le Sacre du Printemps" de Stravinsky en 1913).
Pour tous les compositeurs, même Saint-Saëns (1835-1921), le conservateur et conformiste, c'est le cas.
Par nature, l'artiste est incompris de la majorité de ses contemporains, surtout s'il sort de leurs sentiers battus.
Cela dit, il faut habituer, «apprivoiser» ses oreilles, à la Musique de son temps : ne pas se précipiter sur le "Marteau sans Maître" (1954), sans avoir intégré le langage du premier Schoenberg ("La Nuit Transfigurée" de 1899, ou les "Gurrelieder" de 1911) ou du dernier Debussy ("En Blanc et en Noir", "Jeux" de 1913), et les compositeurs intermédiaires de l'entre-deux-guerres, comme Janacek (1854-1928), par exemple.
Et il faut savoir que la Musique d'aujourd'hui, disons d'après 1975, est bien plus facile d'accès que celle d'avant (disons entre 1945 et 1975). |
Pourquoi n'attribuez-vous pas la paternité de l'innovation de la musique spectrale à Stockhausen ? |
La paternité des grandes révolutions ou innovations en Musique (ou plus généralement en Art) est extrêmement difficile à établir avec certitude, tout simplement parce que les idées sont dans l'air du temps et ce n'est pas forcément le premier qui se saisit d'une idée nouvelle que l'Histoire retient. Ici, nous attribuons la paternité d'une innovation au compositeur que la renommée internationale reconnaît en tant que tel. Mais sachez que les experts nuancent souvent ces opinions, avec raison et justesse. Ainsi, pour la Musique Spectrale, la paternité est difficile à établir : Scelsi est le plus souvent cité… mais davantage comme un inventeur isolé (sans parler des initiateurs des micro-intervalles du début du 20ème Siècle, comme Haba). Le créateur assumé de cette école, et surtout de ses développements stylistiques, est double -Gérard Grisey et Tristan Murail- ou triple si on y ajoute l'in-orthodoxe Michaël Levinas, mais c'est Hugues Dufourt qui a théorisé le nom et le concept. Quant à Stockhausen, il est bien difficile de lui attribuer cette innovation, autrement que pour lui reconnaître d'avoir initié les notes longues et dérivées dans ses premières musiques électroniques (et ce davantage, en contrepoint du pointillisme sériel, tout comme Xenakis et Penderecki, avec leur musique massique, ou Ligeti, avec sa micro-polyphonie… et aussi parce que les premières musiques électroniques étaient techniquement et spontanément «traînantes et glissantes»). Voici d'ailleurs quelques autres exemples provocateurs pour vous aider à prendre du recul… Quel est l'innovateur en matière de dodécaphonisme ? Assurément, pas Arnold Schoenberg (lorgnez plutôt du côté de compositeurs Russes, Italiens, et même de façon plus sérieuse, choisissez Josef Matthias Hauer, son compatriote et contemporain) ! Quel est l'innovateur en matière de musique répétitive ? Assurément, pas Terry Riley, ni un autre Minimaliste Américain (lorgnez plutôt du côté d'Érik Satie) ! Quel est l'innovateur en matière de piano préparé ? Assurément, pas John Cage (même pour ses premiers essais, avant guerre) ou un autre Américain novateur comme Henry Cowel (lorgnez plutôt aussi du côté d'Érik Satie, avec "Le Piège de Méduse" en 1913, pour piano aux sons modifiés avec des bouts de papier) ! Quel est l'innovateur en matière de sérialisme intégral ? Assurément pas Olivier Messiaen qui s'est servi d'une pièce servie à son élève Pierre Boulez pour lui montrer avec un pied de nez que modal et sériel pouvait faire bon ménage, assurément pas Milton Babbitt qui n'en voit que l'embryon après une rencontre déterminante avec Arnold Schoenberg lui-même… alors serait-ce collectivement les premiers cénacles de Darmstadt (Boulez - Stockhausen - Nono - Pousseur, etc.) voire Arnold Schoenberg qui n'avait pas besoin de réfléchir longtemps pour passer du dodécaphonisme au sérialisme ? Enfin, terminons par une pirouette : quel est l'innovateur en matière de silence ? Assurément, pas John Cage avec "4mn33" (lorgnez plutôt du côté d'Erwin Schulhoff, avec "Fünf Pittoresken" en 1919, dont la troisième partie, "In Futurum", ne se compose que d'une page de signes de pause), etc., etc. |
En parallèle avec le travail de certains peintres dont Picasso, pouvez-vous me donner des pistes sur le détournement d'une œuvre, pour préparer une session éducative au collège ? |
Voilà une question originale et intéressante ! Encore faut-il s'entendre sur le terme de détournement. Invention et recyclage, «copillage» et détournement, citation et parodie sont indissociables du dernier Picasso, ce qui laisse grand ouvert et vaste le champ de votre question. Plus encore peut-être que la peinture, la musique a été depuis toujours un champ très ouvert au détournement au sens large, c'est-à-dire copie partielle (citation, collage, parodie) de bouts de partition d'un autre compositeur, voire du compositeur concerné lui-même… et aussi détournement de la fonction musicale, de l'instrumentiste ou de l'instrument à faire de la musique.
Votre meilleure piste est Mauricio Kagel, avec d'abord son théâtre instrumental (encore appelé théâtre musical) : "Ludwig van", bien sûr, et aussi "Sankt Bach Passion". Mais les détournements-parodies abondent dans son catalogue de plus de 250 pièces, selon plusieurs schémas additionnels. D'abord, le détournement de styles (ironie), par exemple "Musik für Renaissance Instrumente" ou "Tango Alemán" ou "Le Tribun" (et notamment y compris pour le Jazz, dans "rrrrrr…"), et ici d'une certaine façon, le néo-classicisme dans son ensemble procède du même esprit. Ensuite, le détournement de la fonction musicale, par exemple du chef d'orchestre dans "Finale" ou de l'opéra-représentation dans "Kidnapping au concert" ou "Staatstheater". Ou le détournement de la fonction d'instrumentiste dans "Atem" ou "Match". Et enfin le détournement des instruments de musique, eux-mêmes, dans "Acustica" avec des tuyaux d'arrosage, entre autres (y compris avec de l'humour, ce qui met un peu d'ambiance dans une classe, sans chahut).
Mais les élèves se lassant vite en général (d'après mes propres enfants), vous pouvez aussi dévier de votre recherche par le détournement-parodie tels qu'engagés par d'autres compositeurs (avec les moyens de leur temps). Bach, déjà, s'est vu reprocher en son temps d’appliquer (modestement) à des sujets profanes, réputés bas et triviaux, une forme de musique sacrée comme la cantate ("Cantate du Café", "Cantate du Paysan", etc.). En France, les opéras de Lully et de Rameau ont fait l’objet de travestissements burlesques (contemporains), contestés officiellement, mais pas reniés officieusement. Et Mozart a été lui-même un grand pasticheur (par exemple sa fameuse "Plaisanterie musicale"). Plus près de nous, il faut citer Jacques Offenbach (sans commentaire !), Gabriel Fauré ("Les Souvenirs de Bayreuth"), Paul Hindemith ("Das Nusch-Nuschi") et plus encore Erik Satie. L’humour de Satie est sûrement le plus clair dans les annotations écrites sur ses partitions, que seuls les interprètes voient : par exemple, on trouve Vivache comme variante de Vivace dans la "Sonatine Bureaucratique" (qui est une parodie de Clementi, avec détournement de la machine à écrire !). De même, il compose un pastiche de la célèbre "Marche funèbre" de Frédéric Chopin (deuxième pièce des "Embryons desséchés"), où il écrit citation de la célèbre Mazurka de Schubert (alors que le grand Franz n’a écrit aucune Mazurka célèbre ou non, tandis que la Mazurka est un des genres favoris de Chopin). Mais la dérision peut avoir des connotations dramatiques comme chez Viktor Ullmann avec son opéra de chambre "Der Kaiser von Atlantis oder Die Tod-Verweigerung" (1944, répété à Terezin, avant son extermination), avec des collages anti-Nazis. Durant la période contemporaine, une autre forme de détournement, celle du collage ou de la citation, allié à l'admiration, a fait florès dans les années 60 - 70. Deux exemples célèbres peuvent être cités, Bern Alois Zimmermann avec notamment l'opéra total "Die Soldaten" ou "Photoptosis" (avec quelques citations de la 9ème de Beethoven) ou "L'Action ecclésiastique" (pour deux récitants, basse et orchestre, 1970, finissant avec 7 mesures du choral de Bach, "Es ist genug" -il en est assez, voici la fin Seigneur, prémonitoire, juste avant son suicide), ou Luciano Berio avec "Sinfonia" ou "Folk Songs" ou ses deux anti-opéras "La Vera Storia" et "Un Re in Ascolto"… mais dans le domaine du collage, il faudrait écrire un livre entier (sans parler des réminiscences, qui sont des collages non prémédités, sans parler des citations cryptées en tant qu'hommage pour les intimes). Pour être complet dans les types de détournement, il faut mentionner le détournement non parodique de l'instrument, par déport de son usage normal, par Helmut Lachenmann ou Mark Andre, par sa modification (gommes, clous), par John Cage (le piano préparé), ou par dérive en saturation, par Franck Bedrossian ou Raphaël Cendo. Les détournements sérieux, ironiques, parodiques, burlesques ou involontaires (y compris les auto-détournements) sont donc légions en Musique, mais le comble, me semble-t-il pour terminer sur une pirouette, n'est-il pas le détournement de la musique elle-même, par la négation de tout son, de toute musique, avec la pièce "4 minutes 33" (de silence théâtralisé) de John Cage en 1952 ? |
Pourquoi dans vos services sur la Musique Contemporaine, des liens vers les pages Internet sont manquants ? |
Désolé, un certain nombre de liens non institutionnels dans cette page de liens ont été dématérialisés (c'est-à-dire que le lien n'est pas direct par un clic, il faut alors copier le texte descriptif et rechercher l'URL du site via Google) : il s'agit de sites qui ont refusé tout échange ou contact avec MusiqueContemporaine.info, ou qui avaient créé un lien initialement mais l'ont supprimé ensuite ou encore l'ont placé dans les profondeurs de leurs pages. Pourquoi un tel problème ? En fait, il faut savoir que la visibilité de tout site Internet dans Google dépend de rétro-liens (en Anglais, les backlinks), c'est-à-dire les liens qui pointent vers un site Internet (et pas, depuis un site Internet). La bonne règle est donc dans une approche gagnant-gagnant de créer des liens réciproques (dits liens croisés), mais certains sites les refusent arguant d'un déséquilibre collaboratif (notoriété de leur site considérée comme meilleure) ou acceptent dans un premier temps puis les suppriment (pour un bénéfice unilatéral) ou les placent dans des pages jamais actualisées (ce qui pour Google revient au même que de supprimer les liens)… et il faut savoir que les Internautes utilisent Google comme moteur de recherche à plus de 90% en France ! Donc, en pratique, si vous avez réalisé un site Internet lié à la Musique Contemporaine et que vous souhaitez bénéficier de l'audience du présent site, avec un lien actif dans les services appropriés de LIENS utiles, il suffit de créer un lien vraiment coopératif comme indiqué ! |
Le nom même de Musique Contemporaine me paraît mal choisi : il évoque souvent le style sériel repoussoir, et puis au temps de Beethoven, sa musique était contemporaine… qu'en pensez-vous ? |
Vous avez tout à fait raison ! Chaque Musique nouvelle est contemporaine pour les compositeurs qui la créent et les auditeurs qui l'écoutent, de leur vivants ; d'ailleurs les mots Musique Classique ou Musique Romantique ne sont pas vraiment adaptés, non plus : la Musique de Schubert appartient-elle à la première ou à la seconde ? Vous pouvez donc changer le terme à votre convenance, mais si vous vous prêtez au jeu, vous constaterez vite les limites de l'exercice : utiliser «moderne» ou «nouvelle» ne tient pas, utiliser «sérielle», «post-sérielle», «massique», «spectrale», «post-moderne» (etc.) paraît d'abord plus approprié car cela correspond à des styles précis, mais en pratique c'est peu opérationnel tant le nombre de styles est grand (et souvent ils sont concomittants ou se chevauchent) dans la musique de notre temps (comme pour la peinture, par exemple) et tant les styles s'interpénètrent vite (aujourd'hui les compositeurs synthétisent tous les styles antérieurs). Donc le terme de Musique Contemporaine convient faute de mieux (et surtout si vous communiquez bien votre compréhension du mot : ici, la musique d'après 1945) et nous laisserons aux générations futures le soin, avec le recul, de créer le(s) terme(s) approprié(s) ! |
Le nom d'Acousmatique que vous aviez initialement choisi pour la Musique électronique fixée me semble à éviter… qu'en pensez-vous ? |
Vous avez partiellement raison ! Il est difficile de nommer correctement la musique disons «non interprétée» ou «fixée», mais je ne suis pas le seul, et les confusions sont nombreuses. La distinction entre concrète (microphone) et électronique (oscilloscope) est à peu près claire par la différence de procédé, aux débuts (historiques), mais cela ne dure pas, et non seulement les 2 types sont mélangés depuis longtemps, mais aujourd'hui dans les compositions il est impossible de savoir si une séquence est concrète ou fabriquée par des synthétiseurs qui imite parfaitement des sons concrets. Il faut dire que je n'ai pas été aidé (!) car la solution globalisante d'acousmatique (que j'ai utilisée au début du site) initiée par François Bayle, différenciant la musique purement «non interprétée» (fixée), de la musique la mélangeant avec des instruments acoustiques (mixte) a été torpillée par les protagonistes eux-mêmes, qui ont ajouté un terme qui fausse les cartes appelant la première «électroacoustique» et la seconde «mixte» (voir le GLOSSAIRE du site, et la page de STYLES) ! La solution a été tout de même de m'aligner sur cet usage actuel en utilisant le terme agrégé électroacoustique pour englober tout musique fixée, c'est à dire acousmatique ou synthétisée artificiellement par exemple par l'ordinateur ou un synthétiseur… mais certains spécialistes eux-mêmes ne sont pas d'accord (certains experts de l'INA préférant le terme «électro» pour la musique «non interprétée», et d'autres spécialistes n'acceptent pas davantage le terme de musique «mixte» qui pour eux ne veut rien dire ; ensuite, «électro» renvoie aussi à la musique Pop et électronique renvoie aussi à une musique produite par des instruments de musique électroniques ou amplifiés, et enfin d'autres experts, ceux de la (défunte) émission Electromania à France-Musique, utilise toujours acousmatique pour différencier la musique «non interprétée» ou «fixée» savante, de la musique «non interprétée» ou «fixée» tendance Pop, Rock, Techno ou B.O.F… vraiment pas simple). Autre problème, les termes ne sont pas non plus établis ou clarifiés dans les autres langues (Anglais, Allemand). Bon, la solution est possible à terme… mais il reste que le problème de cette musique «non interprétée» c'est qu'elle a un peu quitté l'orbite de la Musique savante (en créant son champ propre, très large, en passant par la Pop et la B.O.F., voire l'improvisation), la technologie prenant l'ascendant sur la composition, et j'ai été incapable d'ajouter (à la sélection déjà très pauvre du site) des pièces récentes savantes de valeur (même en demandant de l'aide à l'INA) parmi les centaines nouvelles annuelles qui relèvent souvent du déballage technologique (lequel vieillit vite et mal). Le drame aurait été que les compositeurs dits savants aient déserté cette musique pour cette raison, mais ils ont compris son énorme potentiel, notamment avec l'ordinateur, quand elle est mixée avec la musique interprétée, en temps réel ou non… et je laisserai aux temps futurs le soin, avec le recul, de créer le(s) terme(s) approprié(s) et alors, si toujours vivant, je m'alignerai encore bien sûr !
|
Ce qui me gêne dans la Musique Contemporaine, c'est le fatras technique expérimental (ordinateur, amplificateur, potentiomètres, vidéos) surajouté pour des résultats anecdotiques… qu'en pensez-vous ? |
Votre interrogation est inattendue, en tout cas elle me paraît tout à fait fondée pour la Musique Concrète ou Électronique : se retrouver dans une salle de concert pour regarder seulement un dispositif électroacoustique (des haut parleurs essentiellement !) est déstabilisant ; pour le reste, il faut distinguer le concert avec instrumentistes et ordinateur en temps réel (ou différé, avec bande), aujourd'hui et aux débuts des années 1980 ; par exemple, pour la création de "Repons" de Boulez, la machine 4X (et ses dépendances) occupait environ 8 mètres cubes d'espace, mais aujourd'hui le tout tient dans un ordinateur ultra-portable de moins de 2 kg ! En plus, l'adjonction électroacoustique ne doit pas, vous avez raison, être anecdotique (du trompe l'oreille cosmétique) et le plus simple est alors de se concentrer sur la partie interprétée de l'œuvre, pour s'assurer qu'elle tient "vraiment la route". Ce qui me surprend dans votre question, c'est le collatéral : comment faites-vous pour écouter la musique chez vous avec votre chaîne HiFi ou votre tablette-smartphone ? En fermant les yeux ? |
Je veux bien dépenser 25 ou 50 Euros pour un concert d'un grand interprète, mais pas les jeter par la fenêtre pour une création qui peut me laisser déçu(e)… que me conseillez-vous ? |
Avec un brin d'humour ironique je vous répondrai que vous n'êtes pas le seul, et c'est sans doute la raison pour laquelle le Festival Présences et d'autres concerts de radio France ou de jeunes ensembles sont entièrement gratuits (de moins en moins) ; d'ailleurs, il faut relativiser : s'il ne vous est encore jamais arrivé de dépenser cette somme -voire beaucoup plus- pour rien, n'en doutez pas… cela arrivera, pour la musique ou non ; plus sérieusement, voici une piste économique : devenez membre de votre bibliothèque-discothèque municipale pour quelques dizaines d'Euros par an (voire gratuitement) et empruntez les CD et DVD qui vous tentent… si l'un vous plait, vous pourrez alors l'acheter en toute sécurité et surtout vous précipiter lors de la prochaine audition de l'œuvre en concert, pour éventuellement un vrai coup de foudre (car l'écoute d'un disque est très différente du concert) ! |
Est-ce
que la version d'un enregistrement de Musique Contemporaine dirigée ou
supervisée par le compositeur lui-même est la plus belle ou la plus
authentique ? |
Ma
réponse va sans doute vous surprendre : à l'expérience, elle est
définitivement négative (et j'imagine qu'elle serait aussi négative
pour les compositeurs du passé). Un créateur compose, c'est-à-dire
qu'il projette des idées sur un morceau de papier (avec des portées!).
Il pense, il entend sa musique dans sa tête, pas dans la réalité
d'une salle de concert. Inversement, l'interprète n'a pas de biais
(conceptuels, encore moins personnels et émotionnels), il lit les
notes, les analyses et joue la musique telle qu'il la comprend et s'il
est excellent, alors il transfigure l'œuvre concernée et communique
son bonheur sonore aux auditeurs. Lorsque j'ai pu assister à plusieurs exécutions d'une
même œuvre en concert ou écouter plusieurs enregistrements, la
réponse à toujours été en défaveur du compositeur interprète.
Quelques exemples : Messiaen est un piètre communiquant pour éclairer
les interprètes de ses idées (l'interprétation en concert de ses
pièces pour piano par son épouse, pourtant osmosée dans sa musique,
est révélatrice ; la première de l'opéra "Saint François d'Assise"
sous la tutelle du maître a donné une mise en scène figée et un
orchestre plat, mais heureusement la qualité de la musique était là,
et par la suite les reprises ont révélé cette musique et l'humanisme
poignant de son livret) ; Boulez est reconnu comme un grand chef (surtout
par ses ennemis, qui le détournent ainsi de la composition), mais ses
interprétations de ses œuvres manquent de la vision originale et de la
distance acquise par les interprètes
qui l'ont suivi : il suffit d'écouter ses Notations pour orchestre par
Abbado ou par Rattle ou par Barenboim ou par Nagano pour (peut-être) les préférer immédiatement
et mesurer la chance de pouvoir écouter des interprétations aussi
différentes, tant qu'une tradition sclérosante ne s'est pas encore
établie. |
Je
voudrais offrir un disque de Musique Contemporaine à un(e) ami(e)
mélomane… que me conseillez-vous ? |
Je
vous conseillerai de ne rien acheter au hasard ! Certes la musique en
boîte est périssable, mais il vaut mieux offrir des fleurs ou un livre. Si
votre ami(e) est mélomane, alors discutez longuement pour connaître
ses goûts affinés, ce qui vous guidera plus sûrement que toute
réponse d'un tiers (et plus facilement dans le grand répertoire
classique). Si votre ami(e) aime la Musique Contemporaine, alors le
conseil le plus éclairé serait de lui poser la question de son œuvre
préférée et de vous croiser les doigts pour avoir la chance que
plusieurs versions discographiques existent : alors oui, lui offrir une
autre vision de l'œuvre préférée, c'est une excellent idée pour
développer l'amitié.
|
Dans votre «base de données» (BDD), j'ai trouvé une œuvre qui attire ma curiosité, comment en écouter des extraits musicaux sans acheter un disque ou attendre un hypothétique concert ? Pourquoi ne placez-vous pas des extraits dans ce site Internet ? |
C'est très simple d'écouter des extraits grâce à Internet et à la vague croissante du commerce électronique : la quasi totalité des œuvres au catalogue des enregistrements en vente (CD ou support dématérialisé) est promue par un petit extrait que l'on peut écouter en ligne que ce soit par Amazon ou ses concurrents (à défaut essayez Qobuz ou Soundcloud); il vous faut avoir téléchargé Real Player ou QuickTime (c'est gratuit, c'est automatique avant toute écoute) en plus de Windows Media Player (inclus dans Windows) ou VLC Media Player (gratuit et non intrusif), puis aller sur un moteur de recherche, par exemple, Qwant ou Bing ou Google (les 2 derniers sont intrusifs), taper entre guillemets le compositeur et le titre de l'œuvre, par exemple "Olivier Messiaen" "un sourire" dans la boîte de texte, avec l'option "tout le Web" (pas seulement France), et vous aurez le choix ! Une autre possibilité consiste à cliquer ici même sur les liens YouTube (marqués «Extraits-Vidéos»), c'est très facile et immédiat, mais Google, propriétaire de YouTube, va vous imposer de la publicité (sauf su votre navigateur s'appelle Opéra ou Brave) et il faut savoir que les liens peuvent à tous moments être supprimés par Youtube ! Une autre possibilité réside dans la visite des sites Internet des compositeurs eux-mêmes (en général, les jeunes) avec des extrait musicaux : la liste assez complète est affichée, ici, dans ACTUS. |
Pensez-vous
que pour aborder la Musique Contemporaine, il vaut mieux commencer par
un enregistrement au disque, ou plutôt par un concert classique avec une œuvre contemporaine connue, un
concert classique avec une création contemporaine, ou un festival
contemporain ? |
Soyons
pragmatique : le plus facile est le concert classique dans le programme duquel
figure une œuvre contemporaine (elle a été choisie pour ses
correspondances avec le programme dit classique), car aujourd'hui ce qui
frappe, ce sont les diverses continuités entre les œuvres d'avant et
les œuvres récentes ; dans un deuxième temps, les concerts de Musique
Contemporaine à 100% sont recommandés car avec le temps les programmes
sont éclectiques, avec des compositeurs reconnus et des inconnus et des créations :
ici, les festivals annuels comme Présences (Radio-France, Paris et
régions), Musica
(Strasbourg), Agora (La Villette ou Ircam, Paris), par exemple, devraient être privilégiés,
car l'accumulation de plusieurs concerts en quelques jours permet
souvent un déclic sans retour en arrière ; l'enregistrement (sur
France-Musique ou rarement Radio Classique, ou sur MP3 par téléchargement,
ou sur support CD ou DVD) ne devrait être qu'un complément après une
écoute «live», pour approfondir ou pour dériver vers une autre
interprétation/vision. |
Pourquoi,
sur ce site Internet, monopolisez-vous l'attention sur l'écoute au
concert plutôt que sur disque? |
Loin
de moi l'idée de dénigrer le disque (CD, DVD) ou tout enregistrement !
Simplement, l'écoute d'une œuvre nouvelle, donc inouïe au sens
premier du terme et souvent moins accessible que le grand répertoire
bien balisé, requiert une émotion qui peut apparaître si elle est
partagée dans une attention intense (sortir du cadre habituel domestique
des disques, avec ses bruits, ses interruptions, vivre la musique
interprétée en direct au cours d'un programme avec ses intentions, ses
thèmes, et avec d'autres mélomanes). Seul le concert peut susciter
cette émotion (d'ailleurs, nul mystère, l'émotion est souvent collective et les
applaudissements simultanés, sans la recherche de la performance ou
l'idolâtrie envers un chef ou un soliste pour le grand répertoire). Le
concert a ses travers bien sûr : dans les cas où les interprètes sont
mal préparés (une pièce contemporaine demande davantage de travail),
où le programme tombe à plat, où une pièce du programme occulte les
autres, où l'auditeur lui-même n'est pas dans son bon jour (fatigue,
stress), etc. Mais, selon nous, il reste irremplaçable. En outre, la
Musique Contemporaine possède des caractéristiques spécifiques qui
font que le disque ou l'enregistrement, même avec une chaîne de très
haute fidélité, est désavantagé : la beaucoup plus grande dynamique
que dans la Musique Classique (pianississimi, silences), la complexité
des nuances, le sur-ajout de pupitres, l'utilisation de sons
électroniques ou des micro-intervalles, la mise en espace différente, les partitions
aléatoires (le disque est figé), les instruments atypiques (…) sont autant
d'éléments qui s'expriment moins bien sur un CD. A l'inverse le catalogue
enregistré, outre sa force de mémoire, permet de découvrir des
compositeurs jamais joués en France (faute de notoriété, pour des
raisons de nationalisme, oubliés, etc.) et surtout, après une première écoute
réussie en concert, permet d'analyser, d'approfondir autant de fois que
l'on veut. D'ailleurs, une page a été créée sur ce site qui reprend
les SÉLECTIONS CD (choix discographiques) d'Olivier Bernager
(radio France Musique) pour la Musique du 20ème Siècle, un peu comme
une discothèque idéale. Donc pas de sectarisme : le concert c'est la Musique
Contemporaine vivante, le disque c'est ensuite pour préparer son voyage
sur l'île déserte! |
La
Musique Contemporaine au disque est d'une rareté consternante, comment
pallier cette lacune ? |
Effectivement,
et la marge d'action est ici restreinte : suivre les sorties officielles
sur le Marché Français dans les magazines spécialisés (par exemple,
Diapason), adhérer à une bibliothèque de prêt municipale pour les
disques épuisés (et les autres), visiter les sites Internet de
commerce électronique (avec une mention spéciale pour Amazon.com et
pour eBay.fr) et profiter des offres sans attendre… à propos, ne
manquez pas les émissions spécialisées de France Musique (ou les
concerts en direct) : notamment, si vous êtes passionné(e), «Portrait» tous les
Lundi, à 23h15, «Les Lundis de la Contemporaine» tous les Lundis de
20h à 23h15, «XXème Parallèle» le Jeudi de 22h30 à minuit, et «Electromania» les Lundis
à minuit («A vos
cassettes» pour reprendre une phrase célèbre… en attendant leur
disponibilité généralisée en Podcast) ; il reste à
formuler un vœu, hors Marché du disque : que France Musique consacre
une émission régulière, même tardive (mais pas trop) ou dans un
créneau «creux» du week-end, voire uniquement par téléchargement
(même payant) pour rediffuser, les
créations contemporaines (entreposées à l'INA www.ina.fr)
! Il est également possible de s'inspirer de la liste des meilleurs
disques à partir du magazine Diapason ou de suggestions d'experts
discophiles à MEILLEURS
ENREGISTREMENTS |
Comment écouter la Musique Contemporaine
diffusée sans être
tributaire de son poste de radio (et des horaires tardifs) ? |
Jusqu'à
récemment, le seul choix de radio de Musique Classique consistait en
France Musique (cf. ci-dessus) ou Radio Classique (mais Radio Classique
ne passait que peu, voire pas du tout, de Musique Contemporaine) ; avec
Internet, la donne a changé, il est possible d'écouter toutes les
radios du monde (notamment la RTBF Belge et RSR Suisse, francophones) en
disposant d'un programme approprié, dont un est réalisé par une
passionnée pour la Musique Contemporaine (voir LIENS),
mais cela oblige à être présent au moment de la diffusion qui est
souvent tardive (sans parler de décalage horaire) ; avec le Streaming
(écoute décalée sur Internet), il est aujourd'hui possible d'écouter
ces émissions jusqu'à 1 mois après la diffusion (voire plus parfois)
; pour cela, il faut une liaison Internet (par exemple, une Box), un
petit ordinateur portable (par exemple un Netbook équipé de la Wi-Fi,
soit 260 € neuf, la moitié d'occasion sur E-Bay ou Price Minister),
des écouteurs audio intra-auriculaires (moins de 30 Euros), au minimum
; pour plus de confort, il vaut mieux remplacer les écouteurs par un
câble (longueur nécessaire : 5 à 10 mètres) Jack-RCA (10 €) qui
relie la sortie audio du Netbook aux entrées auxiliaires de la chaîne
Hi-Fi… et la radio à la carte est disponible à la maison (et aussi
légalement enregistrable en qualité MP3)… bref de la Musique
Contemporaine quand on veut, 7 jours sur 7, dans des bonnes conditions ! |
Je
suis spécialisé(e) dans la Musique Ancienne (avant Vivaldi)…
pensez-vous que je pourrai apprécier la Musique Contemporaine et
comment ? |
Certainement…
prenons des risques avec un conseil incongru : essayez d'écouter les
répétitifs Américains, Arvo Pärt, voire laissez-vous tenter par les
partitions «planantes» Zen de Giacinto Scelsi, ou, de Jean-Claude Éloy,
ou de Wolfgang Mitterer ! En plus, certains compositeurs (par exemple, Fénelon, Jolas) ont
écrit des œuvres spécialement tirées vers la Musique Ancienne. |
Je
suis spécialisé(e) dans la Musique Baroque (de Vivaldi à Haendel et
Bach)… pensez-vous que je pourrai apprécier la Musique Contemporaine
et comment ? |
C'est
plus difficile, non pas parce que votre attitude est rédhibitoire pour
la Musique Contemporaine, mais parce que les Baroqueux, par leur
recherche d'authenticité (respectable, mais tellement inaccessible) ont
biaisé la donne, dont il est, peut-être, difficile de s'émanciper ;
pourquoi ne pas essayer les partitions religieuses de style Néoclassique
qui ont commencé avant la Musique Contemporaine, avec
des prolongements après guerre pour Poulenc, Honegger, Duruflé, voire Lutoslawski? |
Pour
moi, la Musique Classique se limite à la période de Mozart à Brahms…
pensez-vous que je pourrai apprécier la Musique Contemporaine et
comment ? |
Oui,
bien sûr… mais pas tout de suite : commencez d'abord par repousser un
peu la limite de vos perceptions par le post-romantisme de Mahler, de
Bruckner, puis de la "Nuit transfigurée" de Schoenberg et les
ballets de Stravinsky et tout Ravel ; puis tout en restant dans la
séduction, provoquez un peu vos perceptions par l'écoute de Érik
Satie, de Darius Milhaud ("Le Bœuf sur le Toit") ou des
néoclassiques, doucement, tout en se disant que comparer les 25
meilleures versions de la Jupiter ou du double de Brahms, c'est
intéressant, mais pas tout le temps ou toute sa vie. |
J'écoute avec plaisir la musique du début du 20ème siècle (Debussy, Ravel, Mahler, Stravinsky, Bartók), hormis l'école de Vienne (Schoenberg, Berg, Webern)… pensez-vous que je pourrai apprécier la Musique Contemporaine et comment ? |
Bien sûr… mais n'écoutez pas les extrémistes : choisissez la continuité historique telle que vous l'aimez ; la base de données vous aide en «étiquetant» les compositeurs (sélectionner «progressiste», sans arrière pensée) et en classant leurs œuvres du moins accessible
«+» au plus accessible «+++++» ; votre premier choix
se portera donc soit sur les jeunes de style néo-tonal (par exemple,
Connesson, ou Bec, Campo, Hersant), soit sur les anciens établis (par exemple,
Dutilleux, Jolivet, Bacri), avant d'aborder les modernes synthétiques comme
Pécou ou Dusapin (pour ne citer que des Français, plus souvent en
concert dans notre pays). |
Dans la Musique Contemporaine, j'écoute avec plaisir la musique de Henri Dutilleux, Dimitri Chostakovitch et André Jolivet, mais je ne supporte pas la musique de Boulez, de Messiaen et tous ces compositeurs d'avant-garde… pourquoi devrais-je l'aimer ? |
Qui vous y oblige ? Écoutez donc ce qui vous fait plaisir et diversifiez vos intérêts vers des œuvres proches ; par exemple, si vous aimez Chostakovitch, essayez d'écouter Olivier Greif, trop tôt disparu, si vous aimez Jolivet, tentez les compositeurs Anglais traditionalistes comme Davies, Britten, Tippett, si vous aimez Dutilleux, explorez des Français qui respectent les anciens comme Guillaume Connesson, Bruno Mantovani, Eric Tanguy ; le jour venu, sans contrainte, et souvent par hasard, vos oreilles seront séduites par "Rituel" de Boulez ou "Un Sourire" de Messiaen ou le Trio pour Cor de Ligeti, des pièces belles et très accessibles. |
Pourquoi
n'introduisez-vous pas le Free Jazz dans votre sélection, la filiation
est pourtant évidente ? |
Certes,
le lien est évident, mais ce site Internet est dédié à la musique
écrite, dite savante, d'aujourd'hui, c'est-à-dire pas improvisée
comme tout le Jazz, y compris le Free Jazz ; ce qui rapproche le Free
Jazz de la Musique Contemporaine, c'est l'atonalité surtout, mais ce n'est
guère plus (le processus créatif est pauvre, même s'il peut relever
du génie inspiré comme Paul Bley, voire le fameux et atypique
Köln Concert de Keith Jarett) ; le Jazz est très présent comme source
d'incorporation des compositeurs contemporains de la première
génération (Copland, le premier Carter, Bernstein), ou de la seconde
génération (Ligeti, Berio), mais il s'agit du Jazz classique ; de
façon plus diffuse (masquée) le Jazz (Hard Bop, Free Jazz) est source
d'inspiration chez les plus jeunes (par exemple Pascal Dusapin, Franck
Bedrossian, et surtout Yann Robin) ; le Jazz qui se rapproche le plus de la
Musique Contemporaine par l'inouï de ses rythmes asynchrones, sa créativité et
son originalité uniques est celui de… Thelonious Monk. |
Pourquoi
n'introduisez-vous pas les Musiques de films (B.O.F.) et leurs
compositeurs spécialisés dans votre sélection, la filiation
est pourtant évidente ? |
Certes,
le lien est évident, mais ce site Internet est dédié à la musique
écrite, dite savante, d'aujourd'hui, pour le concert, c'est-à-dire pas la musique
illustrative d'un autre art ; la musique de films n'est pas d'une
qualité inférieure à la musique dite savante, et de nombreux
compositeurs de musique savante s'y sont essayés avec succès (et
aussi, ne le cachons, pour des espèces sonnantes, c'est-à-dire à fins
alimentaires) ; par exemple, Dimitri Chostakovitch, Toru Takemitsu,
Philip Glass, et
plein d'autres ; les compositeurs de B.O.F. (Bande Originale de Film)
spécialisés sont très nombreux et un certain nombre d'entre eux ont
acquis une belle notoriété auprès du Grand-Public (souvent plus
grande que les compositeurs de musique dite savante!), comme (par ordre
alphabétique) John Barry, Georges Delerue, Bernard Hermann, Maurice Jarre, Michel
Legrand, Ennio Morricone, Nino Rota, Philippe Sarde, Howard Shore, John Williams,
ou plus récemment Alexandre Desplat ;
ils ont composés, pour les B.O.F., des musiques très inspirées, avec
des mélodies qui sont devenues célèbres ; dans quelques cas, ces
compositeurs ont écrits des suites symphoniques de leurs B.O.F.
célèbres (ou des professionnels de la transcription s'y sont employés
pour eux), et même encore plus rarement ils se sont carrément lancés
dans des pièces savantes (avec des fragments des mélodies reconnues),
mais à notre connaissance, jamais le résultat n'a été convaincant
pour les mélomanes au point que ces pièces n'accèdent au statut de
pièces incontournables de la musique savante ; les raisons explicatives
sont probablement complexes, mais en première approche, il semble que
ces compositeurs manquent d'outils (langage, harmonie, parties
divisées) pour y parvenir (s'ils en ont le désir) ou que ne les ayant
que très peu pratiqué depuis leur formation, ils en ont oublié les
modes ; cependant, il faut savoir que ce jugement, assez partagé par
les mélomanes en Europe (ce qui ne les empêchent pas d'être
parallèlement cinéphiles et d'aimer certaines B.O.F.!), que ce
jugement, donc, n'a pas cours aux USA, où des concerts symphoniques de
B.O.F. ré-orchestrées sont régulièrement organisés (sachant que la
musique du courant minimaliste Américain, tonale et à l'écriture plus
immédiate, ne se différencie pas vraiment des meilleures B.O.F.). Plus
de détails sur WIKIPEDIA
(lien externe). |
Pour
aborder la Musique Contemporaine, on m'a conseillé de commencer par un
chef d'œuvre comme "Pli selon Pli" de Boulez… qu'en pensez-vous ? |
Quel
piètre conseil ! c'est plutôt un piège qui sert soit de repoussoir,
soit de stakhanovisme pervers ! Certes, "Pli selon Pli" de Boulez est
un
chef d'œuvre, mais il y a des compositeurs modernistes bien plus
accessibles (par exemple, Messiaen, Ligeti) et il y a des œuvres de
Boulez bien plus accessibles, comme "Cummings" ou surtout
"Rituel". Enfin, le mieux est probablement de vous laisser
guider par la base de données des œuvres classées en «+++++» et de les tester sur CD
ou sur Internet (par exemple, Qobuz) : s'il y a déclic,
écoutez tout, sinon, n'insistez pas (vous y reviendrez au moment
opportun… peut-être et sans obligation). |
Qui
sont les Pères des différentes écoles de la Musique Contemporaine ? |
C'est
une question piège, car sa dimension «politique» et «nationale» (voire
nationaliste) est si grande que les
candidats pères sont très nombreux (il faut dire que la progéniture
est encore plus nombreuse!).
Comme en Sciences, une invention éclot souvent de façon concomitante
à plusieurs endroits de la planète, parce qu'un problème demande
résolution. Cependant, entre un problème à la solution ébauchée et
une démarche voulue, voire conceptuelle, il y a une marge (même le
paternité de la Relativité en Sciences a été contestée à Einstein,
pourtant c'est bien lui qui…).
Donc la réponse est toute relative !
Pour la Musique Sérielle, c'est incontestablement Boulez, même si le
rôle de Messiaen qui l'a effleurée a été souvent évoqué… de
toutes façons, la Musique Sérielle n'est qu'une généralisation (aux
autres paramètres de la Musique) du Dodécaphonisme (série de 12 sons
liés entre eux), un système créé par Schoenberg, dérivé lui-même
de la Musique Classique (certains se sont «amusés» à chercher
des séries de 12 sons chez Beethoven, ou Liszt, d'autres ont contesté
Schoenberg, et avec raison, car d'autres créateurs, peu avant lui, plus à l'Est,
avaient saisi le problème).
Pour la Musique Ouverte, c'est John Cage qui est reconnu comme son
inventeur, mais chez lui il s'agit plus d'indétermination (et de
provocation artistique) : sa première œuvre véritablement ouverte
(déléguant l'initiative à l'interprète) date de 1958, soit bien
après celles de Stockhausen et Boulez !
Pour la Musique des Clusters, c'est incontestablement Xenakis, mais les
Américains ont voulu analyser les œuvres de Cowell, comme contenant les
premiers clusters (pour le piano, ce qui correspond davantage à une
nouvelle frappe du clavier qu'à un nouveau style de musique)
Pour la Musique Électroacoustique (encore appelée Musique Mixte),
c'est Varèse en 1954, même si l'idée était caressée par tous les
compositeurs modernistes de l'époque et que le premier à avoir
introduit des sons fixés (sur support enregistré) est, semble-t-il,
Ottorino Respighi dans "Pini di Roma" (Les Pins de Rome, 1924)
avec des chants d’oiseaux enregistrés mélangés à un poème
symphonique instrumental
Pour la Musique Spectrale, c'est Grisey-Murail, même si le rôle de Messiaen
qui l'a effleurée a été souvent évoqué, et si le rôle d'initiateur
méconnu est acquis à Horatiu Radulescu … de toutes façons, les Spectralistes conviennent que leur père direct est
Giacinto Scelsi, le
généralisateur de la Musique des Quarts de Tons et le "sculpteur
du son"
Pour la Musique Minimaliste, c'est Young qui est reconnu comme son
fondateur, mais là encore davantage comme de la provocation de sons
continus que comme une réelle démarche créatrice, comme Terry Riley
Pour les Collages et la Spatialisation, enfin, les pères fondateurs
sont sans doute bien plus anciens et l'on ne sait si les réminiscences
de tel ou tel compositeur sont un acte volontaire, un problème de
mémoire défaillante ou un pillage caché, et si Berlioz dans ses
nouveaux arrangements de l'orchestre avait en tête la même idée que
Stockhausen dans "Gruppen" ! |
Quelles sont les pièces incontournables de la musique
d'avant la Musique Contemporaine pour l'aborder, elle, avec succès? |
Une
question difficile, non pas en ce qui concerne les compositeurs
passés… mais surtout en ce qui concerne le pronostic futur. Car il
n'y a, bien sûr, pas de règles : nous sommes tous différents et ce
qui nous émeut l'est également. Bon, pour guider à travers des
généralités (et dans une perspective historique, pour mieux aborder
la Musique Contemporaine d'aujourd'hui, celles des compositeurs nés
après 1965), voici quelques pistes : tout d'abord le dernier Wagner et
le dernier Liszt, les premiers Strauss (Richard) pour ses pièces
modernes ("Elektra") et les derniers Mahler
(9ème et 10ème symphonies), ensuite le premier Schoenberg dit
expressionniste ("La Nuit Transfigurée", "Pelléas et
Mélisande", avant d'essayer le "Pierrot Lunaire"), certains Berg (Concerto pour Violon, "Altenberg
Lieder") ou Webern ("Cinq Mouvements" pour orchestre opus
5), les 3 ballets de Stravinsky (et notamment, l'incontournable
"Sacre du Printemps", fondation du rythme moderne), les compositeurs majeurs du
début du 20ème siècle (Debussy avec notamment "Jeux",
"Prélude à l'Après-Midi d'un Faune", Ravel avec
"Gaspard de la Nuit", La Valse", Varèse avec
"Amériques", "Hyperprisme", Ives, avec la Symphonie
n°4, "Central Park in the Dark", Janacek avec le Quatuor
n°2, Nielsen avec la Symphonie "Inextinguible"), les
compositeurs majeurs des années 30 (Bartok, Prokofiev, De Falla,
Gershwin)… sans oublier, plus tard, le Jazz aventureux de Coltrane, de Monk et de
Miles Davis, et les différentes vagues Rock-Pop des années 60 à 90
(très important)! Il est également possible de consulter ici XXÈME
PARALLÈLE, avec la liste des disques par thème, avec année de
composition/création |
Pourquoi mentionnez-vous, pour certains compositeurs et pas
pour d'autres, leur vie privée (homosexualité) ou la cause de leur mort? |
Une
question délicate, mais récurrente, donc incontournable et donc pas de
dérobade ou de défausse ; tout
d'abord, ajoutons une autre dimension qui relève exactement de la même
problématique, l'engagement politique ou religieux ; précisons aussi que les notices bibliographiques présentées
dans ce site Internet découlent de la sélection d'une pièce pour la base de données (et
non l'inverse), donc elles sont secondaires, synthétiques (laissons aux
biographes les vraies biographies détaillées pour les compositeurs qui
seront passés à une certaine postérité/notoriété, celles des
vivants étant par trop hagiographiques) ; avec la libération progressive
des mœurs depuis les années 50 (et surtout après 68), de nombreux
artistes, qui par essence sont à la fois des personnes sensibles,
marginales, transgressives et hors normes, ont affiché une vie privée, disons,
distinctive : le propos de ce site Internet n'est pas de s'immiscer dans
la vie privée des compositeurs, mais dans quelques cas limités les
choix de vie privée sont indiqués quand ils ont une influence
déterminante sur la création
du compositeur concerné, en raison par exemple de la profession
artistique de son compagnon ou de son engagement sociétal consécutif à
cet affichage (pour les
homosexuels) ou de l'instrument de musique pratiqué par son épouse
(pour les hétérosexuels), mais il faut savoir qu'en réalité le
nombre réel de la première catégorie est bien supérieur que ce qui
est indiqué dans le site (et ce n'est alors pas mentionné, discrétion et
respect obligent) ; il en est de même pour la cause de la mort : elle
n'est mentionnée dans ce site que si la mort est considérée comme
prématurée par rapport à l'espérance de vie standard de l'époque,
et la cause indiquée (qui sous-entend une mort rapide et attendue, ou
une mort inopinée, ou encore une mort lente mais inéluctable et dans
un état invalide) éclaire alors sur le mode ultime de composition du
créateur concerné (par exemple dans l'urgence, dans le seul drame, voire sur l'inachèvement éventuel de ses
dernières pièces) ; il en est de même pour l'engagement politique
ou religieux : il n'est mentionné dans ce site que si cet engagement a
influencé significativement la création du compositeur concerné (pas
seulement, comme tout Homme avec des réflexions sociétales de justice,
de fraternité et de liberté, etc.) ; enfin, terminons par une remarque
hors sujet : dans les biographies, sont souvent ajoutés quelques
aspects essentiels de la psychologie du créateur concerné… ce n'est
pas déterminant pour la musique, mais cela aide à mieux appréhender
le style ou le langage du compositeur concerné (et son évolution, par
exemple des débuts provocateurs pour percer, au moule plus conforme ou conservateur pour
ne pas manquer des commandes)… tout en sachant pour l'anecdote que ces
croquis non hagiographiques, non complaisants, mais esquissés avec
respect, sont lus par les récipiendaires qui tentent parfois d'influer
ou de détourner l'analyse pour une version ultérieure ! |
Que pensez-vous des jeunes Compositeurs Français
d'aujourd'hui? Qui conseillez-vous? |
Une
question très intéressante, non pas pour une liste exhaustive
(impossible, sauf pour se faire des ennemis parmi les oubliés), mais
parce que les jeunes compositeurs (nés après 1965) peuvent constituer
une excellente approche de la Musique Contemporaine, bien meilleure que
les monstres sacrés reconnus (nés entre 1905 et 1950), très originaux
donc moins accessibles (qu'ils soient de la mouvance sérielle ou non,
comme Ligeti ou Xenakis). Ces jeunes compositeurs -que je ne nommerai
pas!- écrivent une musique qualifiée de synthétique, c'est-à-dire
qui utilise toutes les techniques passées depuis le médiéval jusqu'à
l'avant-garde (à doses filées!), en passant par les musiques
populaires (Rock, Jazz, Folk, Ethniques) et sont de remarquables orchestrateurs
(le passage par les Conservatoires leur a donné un métier incomparable
par rapport aux compositeurs avant eux -et c'est pareil pour les
instrumentistes qui créent leur musique-). En outre, selon les
tendances ou styles (très divers), vous trouverez facilement chaussure
à votre pied, y compris parmi les compositeurs de style néo-tonal ou
minimaliste si vous êtes plutôt
conservateur. Ce que j'en pense ? Le plus grand bien (tout comme de
leurs aînés, vivants ou morts)… avec un petit doute : comme ces
jeunes compositeurs ont un «métier» exceptionnel déjà à 30
ans (notamment dans l'orchestration) et qu'ils ne visent pas la révolution (c'est-à-dire
l'inouï provocant, la transcendance absolue), que restera-t-il de leurs œuvres, disons dans 30 ans?
Mais ce doute n'est absolument pas une critique : la vie d'un créateur
en France (et dans les autres pays… pour des raisons en partie
distinctes) n'est pas de tout repos : il faut courir après les
commandes, en ayant un style et une inspiration absolument originales…
tout en n'oubliant pas de se faire remarquer (mais pas trop) par le
microcosme des faiseurs d'opinion (médias, critiques musicaux,
institutions) et en tenant compte des goûts des interprètes et des
mélomanes… lesquels, comme la mode, changent de façon totalement
imprévisible ! |
Comment
opérez-vous votre sélection ? C'est bizarre, il manque le compositeur
X, il n'y a qu'une seule œuvre pour le compositeur Y si important, la
pièce Z un vrai chef d'œuvre est absente, pourquoi ? |
La
sélection ne découle pas d'un choix esthétique, voire de celui d'une
«chapelle» ou d'un clan (la preuve, la base de données compte déjà plus de 100
compositeurs), mais de l'écoute en concert, si possible plusieurs fois, d'une œuvre
réussie dans un catalogue méritant (alors la pièce étant
sélectionnée, le compositeur est intégré à la base de données, et
pas l'inverse) ; en
ce sens la probabilité de l'omission d'une pièce majeure d'un compositeur
majeur est faible car la notoriété aide beaucoup à la diffusion… a
contrario, il se peut qu'une pièce majeure d'un compositeur majeur
manque, tout simplement parce qu'elle n'a pas pu être écoutée en
concert par l'auteur (par exemple, Stockhausen, pour ses pièces
d'après 1985, est hélas rarement joué en France et ailleurs) ou bien qu'un
compositeur connu manque car aucune de ses œuvres écoutées n'a encore paru à
l'auteur déterminante (mais toutes ses œuvres n'ont pu être
écoutées). N'hésitez pas à faire part de vos suggestions dans la
rubrique CONTACT
et soyez patient (ce site Internet n'est que le travail d'un amateur).
La question, par ailleurs, pourrait être retournée en s'interrogeant
sur la pérennité inaltérable d'un compositeur dans la base de
données : la réponse dépend de la situation. Si le compositeur est
mort ou âgé avec plusieurs pièces reconnues comme majeures, alors sa
présence dans la base de données ne sera pas remise en cause
(objectivement, c'est-à-dire quelles que soient les modes). A
l'inverse, si le compositeur est jeune avec peu de pièces reconnues
comme majeures… et que sa production baisse en qualité avec le temps,
alors son nom avec la ou les pièces déjà sélectionnées peut être
supprimé (en effet la pièce sélectionnée serait trop isolée au
milieu d'une production trop hétérogène). D'ailleurs c'est ce qui se
serait déjà passé avec certaines pièces de compositeurs un temps
renommés si ce site Internet avait été mis en ligne plus tôt (disons
dans les années 90) : la mode, le goût ambiant et le plaisir de
l'époque les auraient faits sélectionnés… mais à la ré-écoute,
les pièces et le catalogue auraient paru surfaits, sur-évalués… et
finalement ils n'ont pas été inclus ! |
Considérez-vous
votre sélection comme terminée pour les compositeurs morts ou les
pièces d'avant 1975 ? |
Pas
du tout… ni pour les compositeurs morts, ni pour les pièces d'avant
1975 (ou de quelques périodes que ce soit). D'abord parce que beaucoup
de pièces considérées comme essentielles à la première audition
n'ont pu être écoutées une seconde fois (c'est le triste destin de la
création, d'être abandonnée immédiatement, à de rares exceptions…
qui ne tiennent pas à la qualité ou à la pérennité potentielle).
Ensuite par manque de temps et par manque d'opportunités (clairement
l'ajout tardif de Birtwistle procède de cette explication, un
compositeur essentiel si peu joué en France et rencontré dans les
années 80-90 lors de plus réguliers voyages à Londres). Enfin par
nécessité de faire vivre un projet nécessairement changeant. |
Quel
est votre compositeur préféré de Musique Contemporaine, que vous
conseilleriez les «yeux fermés» ? |
Il
n'y en a pas … et il est heureux que le moment, l'humeur entraîneraient
des réponses différentes à votre question.
D'ailleurs, il serait plus juste de parler d'œuvres préférées
(alors, la liste est longue!) à un moment donné.
D'ailleurs, rassemblez 12 critiques de musique et soumettez-les à la question…
attendez-vous à une belle cacophonie.
Peut-être, sans doute, la postérité retiendra des noms et classera
leur mérite, mais nul ne peut aujourd'hui prédire de ce dont elle
accouchera. Si tant est que cela soit objectif ! La postérité nous a
habitués à de telles injustices et à de tels trous de mémoire qu'il
vaut mieux l'oublier dans nos préoccupations. De toutes façons, nous serons tous morts, car si
une chose est certaine, c'est bien que la première postérité pour un
créateur après la mort, quel qu'il soit, c'est la nuit, la traversée du désert ou
l'oubli… ingratitude humaine ! |
Et
vous, comment avez-fait connaissance avec la Musique Contemporaine, et
par quelle œuvre ? |
Je
ne suis pas sûr d'être un cas exemplaire, car je suis arrivé tard à
la musique dite Classique, pas avant l'âge de 15 ans (1967) ; en un sens, cela a été
un avantage car je n'avais aucune influence familiale (une famille pas
du tout mélomane… seulement la chanson de qualité, Brassens, Brel,
Bécaud, Montand, Reggiani, Nougaro… ) et je n'avais aucun a priori. Mon premier contact avec la
musique a été capital pour l'ouverture à la Musique Contemporaine,
car d'un compositeur tardif et inclassable : les "Tableaux d'une
Exposition" (1874) de Moussorgski (en disque, le concert
enregistré en direct du pianiste Sviatoslav
Richter!). Et à partir de là, j'ai dévoré absolument
tout sans méthode, de Josquin à Stravinsky. Mais la première ouverture
à la Musique Contemporaine, je la dois à la documentaliste de la
discothèque de ma ville de Province qui «savait s'y prendre avec
les jeunes» : elle m'a titillé avec la "Nuit Transfigurée" (1899) de
Schoenberg qui m'a enthousiasmé, puis de cet acquis elle m'a
naturellement dirigé vers le Concerto "à la Mémoire d'un Ange" (Berg,
1936), puis toute l'École de Vienne (Schoenberg, Webern et Berg). «Le tour était
joué» et plusieurs disques des premiers Boulez, Stockhausen, Messiaen, Varèse
sont passés en boucle, d'autant qu'à la même époque (1969), j'ai
été «médusé» par le film de Stanley Kubrick «2001: Odyssée de
l'Espace» et sa bande son reprenant des
extraits d'œuvres phares de Ligeti… "Requiem" (1961),
"Lux Aeterna" (1965
: le Trip psychédélique), "Atmospheres" (1966). Enfin, en 1973, lors du
festival «Octobre à Bordeaux» (Sigma), j'ai pu
assister à mon premier concert de Musique Contemporaine, la Création
Française de "…Explosante-fixe…" (avec électronique
balbutiante!) de Boulez, et depuis, vous pouvez
être sûr que je n'ai pas manqué beaucoup de créations marquantes à Paris
(où je vis), sans oublier pour autant le grand répertoire et les
grandes stars de l'interprétations des maîtres-compositeurs depuis l'aube de la
musique (Schubert, Wagner, Chopin, Mozart, Debussy, Rameau, Beethoven, Monteverdi, etc.)… Vous voyez, c'est à la fois une histoire belle et banale,
sans contrainte… avec un coup de foudre, un petit coup de pousse
d'un tiers imprévu, et la chance de ne pas avoir été impliqué dans les
querelles stériles initiées par les opposants au sérialisme intégral dans les années 50 et 60. |
Pourquoi tous ces classements dans ce site comme si l'on
pouvait classer les artistes ? |
C'est
vrai ! Avec 2 bémols : ici vous visitez un site Internet et ce site est
destiné aussi bien aux débutants de la Musique Contemporaine qu'aux
passionnés. Dans un livre sur l'Art quel qu'il soit, les classements
sont sclérosants et l'auteur peut (doit) expliquer son point de vue
avec toutes les arguments possibles, sur Internet où la lecture se fait
sur un écran, il faut aller à l'essentiel en phrases courtes quitte à
courir le risque de caricaturer (dans le cas contraire, l'Internaute se
fatigue vite… et «zappe»). Ensuite ce site Internet a pour mission
d'attirer les débutants et donc de faciliter l'assimilation, d'où
toutes sortes de classements, certains très -trop- didactiques (voire
caricaturaux) comme la note de valeur ou d'accessibilité d'une œuvre,
d'autres plus immédiats comme le pays d'origine du compositeur (sa
filiation historique), la date de première création d'une œuvre (dans
une perspective historique), la durée, l'ensemble instrumental, le type
musical, le style du compositeur (même si là encore les petites
boîtes ne peuvent être évitées!), etc. Pour le débutant, c'est
l'assurance d'apprendre vite l'essentiel, quitte à approfondir dans un
autre média de communication. Ces classements ont une autre vertu plus
subtile pour les passionnés : ils permettent de créer (parfois très
artificiellement!) des chemins de traverses, des points de vues
inattendus (voire iconoclastes) et de favoriser de nouvelles
découvertes… ou de susciter de fortes réactions (positives ou
négatives) pour approfondir encore plus. Donc, c'est pédagogique et
utile, certes limité et même parfois irritant… mais pour
écouter de la Musique Contemporaine, il faut se laisser aller sans a
priori, sans barrières, sans idées préconçues, car il y a plus à
gagner qu'à perdre. |
Pourquoi maintenez-vous
toutes ces mises en boîtes des compositeurs, de
leurs styles, de leurs périodes de naissance (etc.), notamment dans le
tableau d'honneur Innovation-Tradition, sachant que la vie
n'a rien à voir avec cette mise en boîte factice? |
Vous avez parfaitement le droit de penser ainsi. Désolé, si cela vous
semble être une perte de temps ou un travail d'entomologiste. Voici quelques éléments de réponse. Les compositeurs comprennent tous l'intérêt de ces mises en
boîte car ils savent qu'elles sont destinées au débutants, perdus sans repère,
qui veulent s'initier (mais il est évident que c'est limitant et
que si ces mises en boîte ne sont pas lues avec recul, cela peut même être
caricatural). A l'inverse, si ces mises en boîte et tout le site étaient inutiles, il n'y aurait aucun visiteur : or, c'est
l'un des 3 sites
d'informations sur la Musique Contemporaine le plus visité en France. D'autre part, si vous vous attachez au TABLEAU
comparatif Inspiration-Innovation-Tradition (une autre mise en boîte), ne lui faites pas dire ce qu'il ne dit pas : il n'y a pas de jugement de valeur et tous les compositeurs sélectionnés ont composé des pièces
maîtresses, y compris le compositeur, qui figure en bas à gauche et pourrait se croire
léser. La clé, c'est que bien des compositeurs
qu'ils soient vus comme conservateurs ou aventureux voudraient en faire partie de ce tableau !
Pour le reste, il est fait appel à l'intelligence du visiteur
mélomane, qui comme tout internaute n'est pas si bête et qui peut à
tout moment «zapper» et s'il ne «zappe» pas et suit les fils des
classements (parfois des dizaines de minutes durant), c'est qu'ils
aident, servent son propre intérêt pratique. D'ailleurs, entre
passionnés de Musique Contemporaine, à propos d'un jeune compositeur
encore inconnu, quel est le meilleur «starter» dans une conversation
pour le situer musicalement? Assurément, pas son conservatoire, pas ses
professeurs, mêmes célèbres, pas sa nationalité, non, plutôt sa
première mise en boîte (quel est son courant esthétique?). |
Le nombre de pièces dans votre sélection est-il en
rapport avec la valeur du compositeur considéré ? |
Pas du tout !
Le nombre de pièces dans la sélection (la base de données) est tout
simplement le résultat du cumul du temps passé à un moment donné. Il
n'y a aucune corrélation. Les seuls liens sont opportunistes : un
compositeur qui est plus vieux, plus célèbre et plus joué a davantage
de chance d'avoir été écouté en concert et donc d'être mieux servi
si ses pièces sont marquantes. A l'inverse, un compositeur jeune, pas
vraiment à la mode, pourrait avoir moins de chance a priori, mais en
réalité, l'auteur se déplace davantage pour les créations que pour
les reprises, même de compositeurs très connus… donc cela peut s'équilibrer
de façon inopinée ! L'hypothèse pourrait être aussi avancée qu'après la
mort d'un compositeur, le nombre de pièces sélectionnées ne devrait
plus varier : il n'en est rien, des pièces peuvent être reprises lors
de commémorations (10 ans après la mort, 100 ans de la naissance) qui
souvent permettent une ré-analyse, voire une vraie découverte (chaque
concert est une expérience vécue qui dépend du programme, de
l'ordonnancement, des interprètes, évidemment, et de façon plus
inattendue, des spectatteurs collectivement et individuellement)… et
puis, l'auteur dispose dans son «pipe line» de dizaines de pièces
déjà pré-sélectionnées (même de compositeurs morts, et encore non
analysés) dont le texte de présentation n'a tout simplement pas
été finalisé, faute de temps ! |
Pensez-vous être objectif dans votre sélection et dans vos analyses ? |
L'objectivité en Art est tout simplement impossible ! (comme l'a écrit quelqu'un de célèbre).
Ce qui différencie ce site d'une page «perso» ou d'un blog émotionnel ou d'une page Facebook ou Twitter (et consorts), éminemment personnels, voire nombrilistes, c'est son objet :
«stimuler l'écoute de la Musique Contemporaine en toute pluralité».
Avec un tel objet, à moins d'être sectaire, on ne peut pas être partial.
D'ailleurs le large éventail de compositeurs sélectionnés montre bien que l'auteur veut faire partager sa passion de toutes les Musiques Contemporaines, sans exclusive, sans biais de préférence (et sans enjeu financier).
Reste l'écoute répétée des œuvres (qui détermine l'inclusion ou non dans notre sélection ou son extension XXL, pas le compositeur) et l'analyse des œuvres qui ne peut être que subjective (même pour les critiques musicaux ou les historiens de la Musique)… on reconnaîtra à l'auteur, à tout le moins, son honnêteté ! Et même si les enjeux de ce site Internet sont ambitieux, on acceptera la modestie revendiquée par l'auteur dans ses jugements et analyses !
Et le temps se chargera de faire le tri… en espérant qu'il ne sera ni injuste ni inconstant, comme il l'a souvent été dans le Passé. |
Pourquoi tant de notes, partout, et même maintenant dans vos pages semi-privées ? |
Oh c'est vrai de vrai, il y a beaucoup de notes (simplificatrices), mais aujourd'hui, au temps des réseaux sociaus et des «like», c'est incontournable… notez s'il vous plait, puisque vous faites allusion au pages semi-privées ajoutées récemment (en bonus, c'est-à-dire sous le «+» dans le menu, sans objectif de réelle diffusion), que pour s'évader de ces (mau)dites notes, l'auteur les a rendues terriblement hétérogènes, comme un pied de nez, et en pratique (historiquement), (1) distancées pour la musique qui n'a pas de marqueur-étalon comme «1001» (sans mauvaises notes, les pièces qui pourraient en avoir n'étant pas sélectionnées), (2) consensuelles pour les films de fictions comme «SensCritique» en France (mais avec l'originalité de relativiser-pondérer les notes par l'aggrégation de 4 sous-notes, le scénario, la mise en scène, la direction d'acteurs, la mémorisation de scènes phares) avec 2 marqueurs opposés «1001» et «Télérama», (3) absentes pour les vins et cépages (impossibles avec la variabilité des millésimes et des terroirs, seulement avec une note de séparation entre cépages internationaux et cépages locaux), (4) inévitablement biaisées pour les romans, car le seul marqueur-étalon disponible, «1001», est foncièrement faux et sur-dépendant de la littérature Anglo-Saxonne (mais il permet de faire des découvertes !), en attendant qu'un livre comparable mais dédié aux lecteurs Français et à la langue, bien traduite, et à la culture, Françaises soit un jour disponible (les équivalents «Babélio» en France comme marqueur-étalon étant purement commerciaux (et intrusifs)… voilà la vérité, toute simple. |
Envoyez-nous vos nouvelles questions, par l'intermédiaire du formulaire de CONTACT !
Actualisation : 11 Janvier 2024
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