Concerts… ajout bienvenu [@mail en bas], si musique > 80% après 1941, pays Francophone, même format de données, avec lien-concert, '*' si création et '0€' si gratuit, max. 180 caractères +++
2024-12-15 - Di (15.00) | Abesses_Théâtre | Multilatérale_ensemble | Posadas (Ianus), Sciarrino (Venere ), Combier (Cordelia des Nuées, Strands*) - …+++
2024-12-10 - Ma (20.00) | Paris_Philharmonie | Intercontemporain_ensemble_Next_ensemble | Varèse (Ionisation, Densité 21, Offrandes, Octandre, Intégrales, Arcana, Amériques) - …+++
2024-12-04 - Me (20.00) | Paris_ChampsElysées | Ensemble_LesSiècles_Chœur_Unikanti | Poulenc (Dialogues des Carmélites, opéra, reprise Pi) - …+++
2024-11-25 - Lu (20.00) | Paris_Philharmonie | Modern_ensemble | Goebbels (A House of Call) - …+++
2024-11-21 - Je (20.00) | Paris_Philharmonie | Intercontemporain_ensemble | Grisey (Nout), Saariaho (Oi Kuu, 7 Papillons), Salonen (Meeting), Murail (Lettre Vincent) - …+++
Orchestre-Grand-Instrumental | Orchestre-Grand-Voix | Orchestre-Petit-Instrumental | Orchestre-Petit-Voix | Orchestre-Instrumental-Electronique | Orchestre-Voix-Électronique | Concerto-Piano | Concerto-Violon | Concerto-Alto | Concerto-Violoncelle | Concerto-Double-Plus | Concerto-Flûte | Concerto-Clarinette | Concerto-Autres-Bois-Vents | Concerto-Percussions | Concerto-Divers | Ensemble-Instrumental | Ensemble-Voix | Ensemble-Électronique | Ensemble-Voix-Électronique | Électro-Pure-Tous-Types | Chambre-Avec-Electronique | Chambre-Cordes-Quatuor | Chambre-Cordes-Quintet-Plus | Chambre-Divers | Chambre-Duos-Trios | Solo-Piano-Claviers | Solo-Cordes | Solo-Flûte | Solo-Clarinette | Solo-Vents-Bois | Solo-Autres | Voix-Solistes-Seules-Ou-Accompagnement | Voix-Solistes-Chambre | Voix-Choral-Seules-Ou-Chambre | Opera-Chambre | Opera-Theâtre |
COMPO | CRÉA | TITRE | ANALYSE | TPS | VAL | NIV | N |
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Abrahamsen (Hans) | 2008 | Schnee (9 musiciens) [56 ans] | Chambre (dirigé, symétrique, flûte piccolo, hautbois, clarinette en mi bémol, percussions, 2 pianos, violon, alto, violoncelle). 10 Canons (initialement 2), par paire de 5, chacun de couleur et d'humeur différentes, peu à peu plus courts, pour 9 instrumentistes appairés, soit 2 trios à cordes, 2 à vents, 2 pianos et 1 seul percussioniste, forment un monument de la musique de chambre pure, en hommage probable à Johann Sebastian Bach (un cycle original mais composé juste après des arrangements de Bach que le compositeur affectionne) ; la mise en place (redoutable), la vibration, l'émotion en demi-teintes et l'expression, immédiatement poétiques et si libres à l'écoute immédiate, mais requérant constante attaention, résultent de structures strictes et complexes ; des formes concentrées, d'une radicale objectivité et d'une séduction difficile, puisent à une mélodie bien connue ou bien à un matériau neutre et concret, parfois minimal, parfois évanescent, parfois pulsé, voire motorique, faussement simple, presque enfantin, qui s'ouvre peu à peu, se révèle, plein de surprises et exerce une puissante fascination ; l'idée conceptuelle de l'image d'un puzzle élégamment construit est aussi évoquée ; les phrases, jamais attendues, s'échangent, de sorte que la 1ère devient la dernière, et vice versa, une illusion analogue à celle des mondes du graveur Néerlandais Mauritius C. Escher, multipliant les architectures simultanément ascendantes et descendantes, selon les repères que l'on se fixe ; ce n'est plus l'espace, mais le temps qui suscite l'illusion, qui avance en ralentissant et recule en accélérant ; le temps, alors, atteint une autre dimension, dans cette troublante représentation d'une blanche polyphonie ; Extrait-Vidéo [création (partielle) : 2008, festival de Witten (Allemagne). | 60 | xxxx | ++ | N |
COMPO | CRÉA | TITRE | ANALYSE | TPS | VAL | NIV | N |
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Andre (Mark) | 1996 | Le Loin et le Profond (septuor divers) [32 ans] | Clarinette-Cordes-Percussion-Piano (préparé avec des gommes). Une œuvre profondément originale marquée par un tempo chahuté, initialement coupé de longs silences, comme autant de points d'interrogations ; d'emblée, l'attention est captée par la théâtralité de l'introduction, puis par la distanciation qui semble improvisée, par les digressions goguenardes, par les clins d'œil à Varèse [création : 17 Avril 1996, à Stuttgart (Allemagne)]. | 24 | xxxx | +++ | . |
Bedrossian (Franck) | 2005 | It (septuor cordes-vents) [34 ans] | Ensemble à vent et cordes (7 musiciens : flûte, clarinette, saxophone, à gauche, violon, violoncelle, contrebasse, à droite, piano, isolé en fond). Une pièce toute en urgence (sauf un court épisode central de répit énigmatique) marquée par son alchimie sonore, par sa pulsion scandée, par ses dialogues alternés séquentiels vents-cordes, et par son héritage (caché, comme matériau sonore de départ) du jazz (John Coltrane, Albert Ayler, Blues, Be-bop), innovante par sa démarche de saturation des sons (jusqu'à la distorsion), notamment du saxophone, par les micro-tonalités, par sa théâtralité musicale, souvent frénétique ; la pièce s'ouvre par des frottés (avec un gant) sur la table de piano contrastés par des sifflements d'avertissement et se ferme par des clusters véhéments du piano contrastés par des ronflements au saxophone, comme des parenthèses ouverte et fermée avant l'accès à un monde étrange et excessif ; Extrait-Vidéo [création : 1ère version le 14 Mars 2005, à Paris, Le Trianon, par l'Ensemble 2E2M, remaniée pour la version définitive en 2008 en Italie, et pour la création Française, le 8 Février 2008, au Conservatoire de Région de Paris, rue de Madrid, par l'ensemble 2E2M]. | 19 | xxx | +++ | N |
Bertrand (Christophe) | 2008 | Satka (sextuor) [27 ans] | Sextuor (1 flûte, 1 clarinette, 1 marimba ou vibraphone, 1 piano, 1 violon, 1 violoncelle). La pièce commence, naturellement par des tournoiements très rapide, comme des spirales en crescendo avec dextérité et subtilité, avant une détente, puis une reprise ; la vitesse est si rapide que l'effet atteint le fourmillement ; suit alors une légère décélération (moins aigu), temporaire, avec un rôle majeur donné au vibraphone, puis par vagues, accélérations et légères décélérations, avec parfois des blancs qui à l'écoute provoquent des soubresauts ou des ponctuations au piano ou à la flûte ou des pépiements à la clarinette ; répété à satiété, jusqu'à extinction ; vertigineux, brillantissime, énivrant jusqu'à l'extase, et très difficile à mettre en place et à bien jouer ; Extrait-Vidéo [création : 11 Juillet 2008, au festival d'Aix en Provence (France)] | 13 | xxxx | +++++ | . |
Boucourechliev (André) | 1967 | Archipels - Anarchipels (ensembles instrumentaux de chambres variés) [42 ans] | Cordes-Piano-Percussion. Des œuvres difficiles, presque ascétiques, car de poésie pure ; Archipel II (quatuor à cordes), I (pour 2 pianos, percussion optionnelle), IV (pour piano), III (percussions, piano), Anarchipel (percussion, piano, clavecin, harpe, orgue) ; ces pièces, où chacun des instruments suit souvent une ligne indépendante, produisent une pâte sonore inégalée, une poésie bouillonnante, parfois exaspérée ; les Archipels sont des œuvres ouvertes, pas dans le sens de Boulez ou Stockhausen (permutations), ni de Cage (aléatoires), mais plutôt dans le sens de fragments offerts aux interprètes qui en disposent comme d'un réservoir de matériaux selon leur inspiration (des transitions répétées servent d'induction pour un instrumentiste pour amener les 3 autres vers la trame suivante) ou leur décision préalable (fausse ouverture) et certains experts utilisent le terme de pièces mobiles ; Archipel I (également interprétable avec 2 percussions) donne une impression de structures labiles (mouvantes, presque fuyantes), Archipel II (quatuor) est davantage contrôlé, oscillant entre 2 pages obligatoires (une assez statique, l'autre dynamique et dramatique), Archipel III confronte le piano d'une part et les 6 percussionnistes d'autre part, souvent sous la forme de conflits (dans la nuance «forte», voire bruyante), dans un registre totalement ouvert, spontané, Archipel IV est pour piano seul et l'ouverture correspond à un dialogue indéterminé avec soi-même (et imprévisible), Anarchipel apporte, comme son nom l'indique, l'anarchie (qui est ici une forme d'ouverture imprévisible extrême, et non le chacun pour soi) et l'influence réciproque maximale (les musiciens étant placés très proches, presque en contact) ; Extrait-Vidéo [création : Archipel I, 31 Mars 1967, au 3ème Festival de Musique contemporaine de Royan (France), II, 2 Avril 1969, au 5ème Festival de Musique contemporaine de Royan (France), III, 26 Octobre 1969, à Paris (France), IV, 22 Mars 1970, au 6ème Festival International d'Art Contemporain de Royan (France), Anarchipel, 24 Janvier 1972, au Domaine musical de Paris (France)]. | 84 | xxxx | ++ | . |
Boulez (Pierre) | 1954 | Le Marteau sans maître (voix d'alto et 6 musiciens) [29 ans] | Flûte-Cordes-Percussion-Voix. Une œuvre emblématique par le scandale qu'elle a suscité à sa création, par ses innovations formelles (séquences courtes, hachées, peu contrastées), par l'apport de sonorités Balinaises, par son tempo fluctuant (rendant l'exécution redoutable pour les chefs), par sa dimension kaléidoscopique (flottant sur rien) ; annoncée par provocation comme une suite du Pierrot Lunaire de Schoenberg (à tort car ce n'est pas du tout du théâtre musical, les instruments choisis sont sans rapport et le chant pur remplace le parlé chanté dit Sprechgesang) ; le texte, d'une grande poésie abstractive, est repris de René Char, et l'on est vite séduit, fasciné par l'alchimie novatrice de la combinaison des instruments, sans rituel, sans culmination ; le Marteau est une promenade apparemment désorganisée (faussement) où chaque étape s'inscrit dans ses voisines (précédente, suivante) avec des clins d'œil au leitmotiv Wagnérien ; comme souvent chez Boulez, l'interprétation est passée (au fil du temps) de l'abstraction sauvage à la poésie solaire ; Extrait-Vidéo [création publique : 18 Juin 1955, à Baden-Baden (Allemagne), et précédemment en 1954 au Conservatoire de Paris, en concert privé]. | 38 | xxxxx | +++ | . |
Boulez (Pierre) | 1984 | Dérive 1 (6 musiciens) [59 ans] | Chambre (1 flûte, 1 clarinette, 1 vibraphone, 1 piano, 1 violon, 1 violoncelle). En 1984, "Dérive 1", pour 6 instruments (révisée en 1990 et 2000), est, comme "Dérive 2", une étude sur la cohérence entre la dérivation voulue et la prolifération bourgeonnante, pour petit ensemble de chambre, denses, bâties (comme souvent chez Boulez) sur des bouts de partitions précédentes, abandonnés ou insuffisamment exploités (pour Dérive 1 : "Messagesquisse") ; en 2 sections, la pièce est d'abord très lente à la marche incertaine, comme une courte élégie-rêverie, ensuite plus mélodique (piano : notes graves), et ornée sans arrêt par des groupes de petites notes ; l'association des instruments et des notes en grappe est fabuleuse, un (court et subtil) must ; Extrait-Vidéo [création : 8 Juin 1984, à Bath (Angleterre), par le London Sinfonietta]. | 6 | xxxx | ++++ | . |
Boulez (Pierre) | 1985 | Memoriale (flûte solo et 8 musiciens) [60 ans] | Flûte-Chambre. Un petit bijou issu du projet initial conçu pour "Explosante-Fixe" de 1972, reformulé et retravaillé ; ici, il s'agit d'une pièce pour instruments sans électronique et sans développement, soit pour formation de chambre, soit pour ensemble ; la pièce a d'abord été conçue comme une pièce pour flûte solo, avant la composition des autres parties (ajout de 2 cors et un ensemble de cordes : 3 violons, 2 altos, un violoncelle) : la flûte reste prépondérante, concertante avec des trémolos (flutter tongue) et des trilles, mais les 3 groupes d'instruments forment une sorte de continuum de timbre, entre une sonorité claire ou transparente (précise, focalisée, sans vibrato, par les cors) et une sonorité voilée ou floue (par la flûte), avec entre ses deux extrêmes, les instruments à cordes, qui fluctuent sans cesse, voire fantômatisent du flou au limpide (les 2 cors et les 6 cordes ont un rôle fuyant comme des ombres entourées de soupirs, face à la flûte virtuose)... fascinant jeu de timbres et de pupitres ; à noter que, mise à part l'idée conceptuelle, le compositeur a tâtonné dans cette affaire, avec un premier titre, remplacé par un second, puis par un troisième, selon l'effectif instrumental et le développement de la partition, alors que plus tard pour "Anthèmes", parallèlement pour violon, il a simplement choisi les titres I, II, et III ; Extrait-Vidéo [création : version de chambre à 9 instrumentistes : en 1985 (date non précisée) ; version pour ensemble à 25 instrumentistes, avec un autre titre, "Originel", 11 Novembre 1993, à New York (USA)]. | 6 | xxx | +++ | . |
Boulez (Pierre) | 1996 | Sur Incises (3 pianos, 3 harpes, 3 percussions) [71 ans] | Piano-Percussion-Cordes pincées (3 pianos, 3 harpes, 3 percussions-claviers). Une œuvre aux timbres originaux (emploi du steel band Antillais, parfois remplacé par une percussion électronique, moins aléatoire) qu'un enregistrement vidéo didactique du compositeur permet d'apprécier à plusieurs vitesses d'exécution (le titre est tiré de l'utilisation d'une partie du matériau d'une pièce précédente pour piano solo, "Incises") ; presque mathématique, tant les retournements de phrase d'un groupe à l'autre sont audibles, la pièce vise à saturer l'écoute par une profusion d'événements, chaque instrumentiste jouant une partie indépendante, ce qui conduit à une polyphonie luxuriante ; elle est caractérisée par un lyrisme chatoyant, une grande virtuosité (percussive) avec des trilles vertigineuses, un jeu (au sens de ludique) vraiment jouissif et une couleur à dominante très métallique (impact du steel band, foisonnement des harpes) ; en 3 groupes instrumentaux, chaque piano est souligné dans sa résonance par la harpe et la percussion ; en 2 parties enchaînées et contrastées, la première plutôt contemplative, qui joue sur les combinaisons sonores et les résonances mystérieuses comme en suspension, la seconde plus vive, avec des embardées soudaines, plus effrénée et chaloupée, presque fiévreuse, pour finir en revenant sur la résonance jusqu'au silence ; le chiffre 3 (3 groupes de 3 types d'instruments) a été choisi comme intermédiaire entre les 2 pianos de la Sonate pour 2 pianos et 1 percussion de Béla Bartók ou les 2 pianos et les 2 percussions de "Linéa" de Luciano Berio, et les 4 pianos des "Noces" d'Igor Stravinski, ce qui permet, en plus de davantage de combinaisons, une spacialisation latérale et longitudinale, donnant l'impression auditive d'un jeu circulant, fluide, d'une joute multiple, et finalement d'une grande liberté d'expression ; Extrait-Vidéo [création : 27 Avril 1996 à Bâle (Suisse), d'une première version de 12 minutes (versions plus longue à partir de 1998)]. | 37 | xxxx | ++++ | . |
Dallapiccola (Luigi) | 1941 | Canti di Prigionia (chœur, 2 pianos, 2 harpes et 6 percussions) [37 ans] | Voix-Cordes-Percussions (2 pianos, 2 harpes, 6 timbales, xylophone, vibraphone, cloches, 3 plats, 3 tam-tams, triangle, petit tambour, caisse claire). Une pièce, lente, scandée, en forme de plainte-lamentation contre la tyrannie de la captivité, éthérée et insistante, philosophiquement et esthétiquement liée à l'autre pièce majeure du compositeur, l'opéra "Il Prigionerio" ; de façon innovante, elle utilise le plain chant pour le chœur, les instruments d'accompagnement sous forme de guirlande, et à plusieurs reprises la citation (réminiscence) d'un thème du chant Grégorien, le "Dies Irae" de la Messe des Morts, comme un symbole (déjà maintes fois repris en musique, par exemple dans la "Symphonie Fantastique" de Berlioz, la "Totentantz" de Liszt, la "Rhapsodie sur un Thème de Paganini" de Rachmaninoff) ; trois chants en 3 mouvements sur des textes anciens (Prière de Marie Stuart -durant les dernières années de son emprisonnement-, l'Invocation de Boèce -avec les seules voix de femmes-, l'Adieu de Savonarole, un psaume du moine idéaliste halluciné) qui ont pris naissance comme protestation aux manifestes anti-racial puis anti-sémite de Mussolini de Juillet et Septembre 1938 ; composée en même temps que "Vol de Nuit", la pièce est emblématique du style de maturité du compositeur, alliant dodécaphonisme et diatonisme (une série de 12 sons tonale et atonale) ; Extrait-Vidéo [création complète : 11 Décembre 1941, à Rome (Italie), avec une création partielle -du premier chant- le 10 Avril 1940, à la radio Flamande de Bruxelles]... de la même veine, "Canti di Liberazione" (1951-1955), sur l'incarcération et la libération des Juifs dans les camps Nazis (pointilliste, davantage Webernien). | 24 | xxx | ++++ | . |
Feldman (Morton) | 1960 | Durations I - V (groupes variés de chambre) [34 ans] | Piano-Cordes-Percussion. Dans ces pièces homogènes, chaque instrumentiste vit, de bout en bout, sa propre partition individuelle, dans son propre monde sonore individuel (sans rythme, sans mesure, sans coordination, sans tempo pré-établis) pour un résultat sonore, bien sûr aléatoire, mais surtout d'une grande complexité (et extatique) ; même si la ressemblance visuelle des 5 partitions est réelle, ce n'est qu'illusion, car le choix insolite des combinaisons d'instruments crée une grande variété de timbres (violon, tuba et piano pour Duration III ; violon, violoncelle et vibraphone pour Duration IV ; cor, piano/célesta, vibraphone, harpe, violon, violoncelle pour Durations V) [créations : I, 16 Avril 1961, à New York (USA); II, 25 Mars 1960, à New York (USA); III, 26 Mars 1961, à New York (USA); IV, 23 Mai 1961, à New York (USA); V, 3 Août 1961, Théâtre La Comédie Canadienne, à Montréal (Canada)]. | 40 | xxx | +++ | . |
Fénelon (Philippe) | 1991 | Orion Mythologie II (clarinette, trombone, alto et harpe) [39 ans] | Clarinette-Cordes. Une œuvre marquante par son pôle concertant (clarinette) dans un quatuor inattendu et par sa pureté solaire, voire rêveuse ; Orion est la deuxième d'un cycle en 4 pièces sous-titré Mythologie : "La Colère d'Achille" (quatuor divers), "Hélios" (clavecin solo), "Ulysse" (quintette divers) ; en 5 sections à programmes (prétexte au voyage et aux climats dans l'espace sonore plus qu'à une description paysagiste littérale), la pièce commence par un solo de la clarinette en une mélopée (amoureuse), puis les autres instruments discutent (la «chasse») et dialoguent avec le soliste dans un enchevêtrement de voix originales, pour se terminer dans la sérénité (exil dans la constellation) et une dernière suspension en notes répétées par la clarinette ; une œuvre typique du style du compositeur, polyphonique au sens de la musique médiévale (voix entrelacées, avec une grande complexité) et moderne à la fois (les voix ont des scripts très différents) [création : 22 Octobre 1991, à la Biennale de Venise (Italie)]. | 19 | xxx | ++ | . |
Ferneyhough (Brian) | 1990 | Quatuor n°4 (quatuor à cordes, soprano) [47 ans] | Cordes-Voix. Une œuvre inhabituelle et non conformiste par l'alternance des mouvements avec ou sans la voix, la dislocation du texte chanté (Cantos d'Ezra Pound, «déconstruits» par Jackson MacLow) ; par exemple, le 3ème mouvement, au ton badin, commence par un duo alto violoncelle, se diffuse dans le quatuor instrumental, pour finir en solo de premier violon ; le 4ème mouvement, avec le grand solo de la soprano, comprend une cadence autonome pour se terminer par un unisson des 4 instrumentistes, en une interrogation suspendue ; une pièce très réussie et fascinante qui illustre bien la complexité selon ce compositeur, c'est-à-dire réelle sur le plan intérieur (avec écriture compliquée et exécution difficile pour les instrumentistes) et irréelle sur le plan extérieur (et une certaine non-complexité pour l'auditeur, pris dans le vertige d'un univers sans limite ni lignes de fuite) ; Extrait-Vidéo [création : 23 Octobre 1990, à Bâle (Suisse)]... avec le seul quatuor à cordes, "Adagissimo" (1984, beaucoup plus facile d'accès, très bref, 2 minutes, avec d'une part les 2 violons, au jeu rapide et très orné, d'autre part l'alto et le violoncelle, qui déploient un matériel plus mélodique et linéaire, mélodique ; Extrait-Vidéo. | 20 | xxxx | ++ | . |
Glass (Philip) | 1974 | Music in 12 Parts (voix, saxophones, flûtes, 6 claviers) [37 ans] | Voix-Claviers-Vents (6 instrumentistes). Une œuvre (très) longue et étirée (peut durer plus de 240 minutes), la plus accomplie du compositeur (dans ce style), représentant une sorte d'encyclopédie de la Musique répétitive, entraînante, mais peu colorée et assez univoque ; parmi les 12 sections, la plupart sont liées, intriquées par des séquences communes, d'autres sont quasi indépendantes ; se termine en pirouette humoristique (sur une série tonale) [création : 1974, au Town Hall de New York (USA), par l'ensemble Philip Glass] ; de la même veine (statique, méditative) : "Music with Changing Parts" (1970, pour petit ensemble), "Music in Contrary Motion" (1969, pour clavier électronique), "Music in Similar Motion" (1969, pour petit ensemble). | 206 | xxx | +++++ | . |
Grisey (Gérard) | 1974 | Périodes (7 musiciens) [28 ans] | Chambre-Septuor (flûte ou flûte piccolo ou flûte alto, clarinette en la ou clarinette en mib ou clarinette, trombone basse, violon, alto, violoncelle, contrebasse, parfois avec quelques instruments ajoutés, comme un accordéon). La pièce, très célèbre, contient (longuement) des appels répétés de la contrebasse (souvent copiés ensuite avec d'autres instruments solos par d'autres compositeurs) qui sont synonymes de l'effet spectral (torpillé en "colonne de fumée" par Boulez avec une fausse justesse), repris-contrasté par le trombone (ils sont situés vers le fin de la pièce après un court épisode où les musiciens font semblant de se réaccoder, comme un trait d'humour) ; elle commence mystérieusement, les instruments à cordes (puis les vents et les bois) enveloppent le ré de l'alto (du "Prologue", quand le cycle entier est joué) dans un spectre d'harmoniques lesquels se distancient peu à peu en des complexes de sons de plus en plus éloignés du spectre initial ; peu à peu la musique associe longueurs majoritaires et frémissements, elle se déploie sans savoir où elle va (l'onirisme domine malgré les ostinatos), elle tournoie sur elle-même mais sans effet toupie (allusion au futur "Vortex temporum") ; enfin, après l'épisode humoristique, une interrogation extatique aux cordes et une accélération bruitiste, viennent pour finir les fameux appels, et elle devient plus martiale, plus impérative, entrecoupé de bruitisme en guise d'éfondrement [création : 11 Juin 1974, Villa Médicis de Rome (Italie) par l'Ensemble l'Itinéraire, direction : Boris de Vinogradov] ; de la même démarche compositionnelle, les 5 autres pièces des "Espaces Acoustiques" (un monument de la musique contemporaine), "Périodes" étant la deuxième du cycle en concert ; Extrait-Vidéo (le cycle complet est écoutable à Extrait-Vidéo II. | 17 | xxxx | +++++ | N |
Grisey (Gérard) | 1986 | Talea (flûte, clarinette, piano, violon, violoncelle) [40 ans] | Quintette divers (vents). Une œuvre d'une grande puissance expressive dont le titre hautement symbolique signifie coupure ; en 2 parties enchaînées qui illustrent 2 aspects auditifs (polyphonique, homophonique) d'un seul phénomène large (rapide, fortissimo, ascendant lent, pianissimo, descendant), la pièce est pour l'auditeur une sorte d'énonciation implacable, libre, suivie d'émergences irrationnelles (des herbes sauvages en interstices), comme des trous en réminiscence, qui peu à peu croissent en prévalence jusqu'au débordement de l'intérieur, le tout avec des couleurs nouvelles, souvent (volontairement) inattendues ; la pièce inaugure la seconde manière dans le style de Grisey (microphonie arbitrée, discontinuité), en contraste avec la première manière, faite de spectralisme pur (microphonie constante, continuité) : ici, les rythmes sont dissociés tout comme les structures des hauteurs (donnant à l'écoute une jubilation intellectuelle) ; Extrait-Vidéo [Création : 13 Janvier 1987, au Festival de Radio France, à Paris]... de la même veine, avec le même instrumentarium, "Vortex Temporum", encore plus ambitieuse, mais plus dans la continuité. | 17 | xxx | +++ | . |
Grisey (Gérard) | 1996 | Vortex Temporum (piano et 5 musiciens) [50 ans] | Cordes-Piano-Vents (piano, clarinette, flûte, violon, alto, violoncelle, certains étant désaccordés comme le piano, avec scordatura). Une œuvre d'une grande originalité, d'une puissance captivante (jusqu'à la véhémence) et d'une belle invention audacieuse (notamment au niveau des timbres et des rythmes, et du sens de la métamorphose du matériau) qui ne vieillit pas après de nombreuses écoutes ; en 3 mouvements, c'est une sorte d'invitation impérieuse au voyage, par des figures ascendantes puis descendantes (ou vice versa) qui se déploient, tourbillonnent (au moins spectralement, avec parfois une dimension répétitive inattendue), parfois explosent (quasi-littéralement) et semblent naviguer dans des temps différents ; une pièce prodigieuse (difficile), incontournable monument de la musique micro-tonale, avec une dimension théâtrale dans le jeu (surtout du piano, avec une note très distante pour la main, répétée, quasi-jetée) ; la pièce a été chorégraphiée par Anna Teresa De Keersmaeker avec le même titre, un ballet créé en 2013, avec 6 danseurs et 6 instrumentistes mobiles sur un plateau avec des cercles en constellations à la craie ; Extrait-Vidéo [création : 26 Avril 1996, au Festival de Witten (Allemagne)]. | 39 | xxxxx | ++ | . |
Haas (Georg Friedrich) | 2010 | Aus-Weg (8 musiciens) [57 ans] | Chambre divers (octuor avec flûte, hautbois baryton, clarinette basse, percussionniste, piano, violon, alto, violoncelle). Le 2ème mot du titre, Weg (chemin, parti), laisse le sens ouvert à l'interprétation et l'ambiguïté est intentionnelle, soit «porte de sortie», «arrêter, s'en aller» ou n'importe laquelle de plusieurs autres compréhensions ; la pièce est aussi un jeu sur l'ambiguïté, sur l'illusion allusive ; elle s'ouvre sur des trilles énigmatiques du piano commentées par les cordes, puis par les autres instruments, selon un chemin hésitant (et fluctuant, avec forces notes microtonales et étirements glissants, typiques du style du compositeur) ; le développement est incertain avec des volutes soudaines, des errements inachevés ; le piano s'exerce à de longues tirades (sans but), les percussions sont dans les couleurs graves et métalliques (avec effets d'écho sourds), les cordes jouent en étirements, et les vents plutôt alanguis essaient de s'affirmer par léger contraste ; au total, la pièce semble statique (en apesanteur) tout en avançant lentement, ce qui crée un sentiment de mystère, d'incertitude, d'inaccomplissement (et la fausse fin est en ligne avec cette dernière image inaboutie, comme suspendue dans un autre monde) ; Extrait-Vidéo [création : 24 Avril 2010, Witten, Ecole Rudolf Steiner (Allemagne)] | 17 | xxx | +++ | N |
Haas (Georg Friedrich) | 2015 | Octuor (8 trombones) [62 ans] | Chambre (8 trombones accordés en quarts, sixième, voire huitièmes de tons). Une pièce intrigante qui entrâine l'audieur dans une profonde immersion dans le son, toute en demies teintes et modérement allante ; elle commence par une sorte de mélopée, douce, errante sans but puis elle se dérègle par des ruptures qui peu à peu s'insèrent dans le mouvement général sous la forme de tutti dans l'extrême grave ; alors s'initie un long appel crescendo qui progressivement fluctue à l'intérieur de lui-même, puis se scinde en appels répétés (avec des effets de couleurs moirées), peu à peu instables (de moins en moins consonants, de moins en moins tonaux) ; les appels alors fusionnent dans un continuo tout aussi fluctuant de sorte que l'on tend à perdre tout repère sensoriel ; le continuo déraille même parfois dans la dissonance ou bien se mue en une sirène plaintive qui ne semble aller nulle part jusqu'à une interruption improbable ; Extrait-Vidéo [création : 10 Septembre 2015, à Bâle (Suisse)] | 19 | xxx | ++++ | N |
Hurel (Philippe) | 2010 | Localized Corrosion (saxophone, guitare électrique, percussion et piano) [55 ans] | Quatuor (divers : saxophone, guitare électrique, percussionniste, piano). La pièce commence par une saturation totale (4 instruments ensemble) portée par des appels impérieux de la grosse caisse et les cymballes, et le staccato percussif du piano ; elle est suivie par une série de rythmes complexes (tournants) d'abord pour chaque instrument, puis en tutti, ou bien par des rythmes plus simples, évidents, mais qui se détraquent par morceaux (comme par corrosion, d'où le titre) ; ensuite la pièce évolue par vagues, toujours avec des rythmes asynchrones, alternant des instruments solistes (par exemple le xylophone) avec les réponses des autres instruments, et des unissons (voire des dialogues à 2 ou 3), dans une progression plutôt lente (et marquée par la saturation) avec des accélérations jusqu'à un délire de la guitare électrique, lors d'un solo souligné par le saxophone, et ponctué par le piano et le xylophone, avant reprendre une vague de rythmes qui semble ne mener nulle part, pour s'atténuer enfin sur le vide ; Extrait-Vidéo [création : 25 Février 2010, à Tel Aviv (Israël), par l'Ensemble Nikel]... de la même veine, "Global corrosion" (2016, pour saxophone, guitare électrique, percussions et piano). | 12 | xxx | ++ | N |
Hurel (Philippe) | 2010 | Interstices (pianos, percussions) [55 ans] | Chambre (piano-3 percussions, chacune avec xylophone). La pièce, énergique et rythmique, est un flot continu, avec départs de séquences périodiques (sorte de remises à zéro) ; 2 types de séquences, le 1er type scandé avec un ostinato obsessionnel de la (grosse) batterie, séduisant et jouissif, au mileu et à la fin temporels ; le 2ème type fondé sur des phrases, souvent dialoguées entre le pianiste et les 3 xylophones ornementés d'autres percussions, vertigineuses de virtuosité (et de rapidité) avec des jeux troublants de vitesses différenets superposées ou décalées ; Extrait-Vidéo [création : 2 Mars 2010, à Orléans (France), lors de la finale du Concours International de piano d'Orléans (créé par Françoise Thinat, dédicatrice de la pièce), par Les Percussions de Strasbourg et les finalistes du concours] | 16 | xxxx | +++ | N |
Ingólfsson (Atli) | 2014 | Pregnant (ensemble) [52 ans] | Chambre (4 saxophones, violon, alto, violoncelle, percussions). Le titre n'est pas descriptif, mais fait allusion au développement et à la fécondité inspiratrice d'un simple accord de ré majeur (vestige d'une une mélodie Allemande populaire) qui commence la partie de saxophones ; la pièce s'ouvre par de courts appels rétés de saxophones avec des violons crépitants, elle avance inéxorablement en ostinatos et en se dévéloppant par sacades, puis en intégrant des effets chaloupés ; les instrumentistes ajoutent leurs voix scandées pour ajouter un caractère enigmatique, puis elle reprend son déroulement tout en finesse ludique par alternance de blocs, entame une série de spirales que Christophe Bertrand n'aurait pas reniée, puis des interrogations suspendues jusqu'à l'évanouissement final ; les recherches sur le son paraissent assez personnelles avec un effectif inhabituel et focus pour les spectres mediums ; au total, elle apparaît complètement euphorisante grâce au mode majeur (conventionnel, mais si oublié) ; Extrait-Vidéo [création: 3 Avril 2014, à Cologne (Ludwig Museum, Köln, Allemagne). | 9 | xxxx | +++ | N |
Jolas (Betsy) | 1966 | Quatuor n°2 (trio à cordes et soprano coloratura) [40 ans] | Voix-Chambre (soprano, violon, alto, violoncelle). Une œuvre difficile, mais originale et très expressive où la voix, qui ne chante que des phonèmes (sous l'influence indirecte des Swingle Singers), se fond dans le trio d'instruments en véritable symbiose, comme dans le quatuor à cordes classique ; la pièce s'ouvre par des louvoiements des cordes suivies par la voix langoureuse, onctueuse, et cette divagation lente dure jusqu'à une animation plus marquée où les cordes deviennent plus piquées (pizzicati et trémolos) et la voix devient plus impérieuse, affairée ; vers la mi-parcours (sans coupure) la pièce reprend ses louvoiements (et atteint une grande poésie) puis se casse à nouveau (abrupte et parsemée de pizzicati) interrompue par une longue suite de vocalises en solo (qui selon l'interprétation peuvent donner une couleur douceureuse ou triste ou espiègle ou énervée à la pièce) ; elle se termine dans l'urgence fluctuante (comme un soliloque) et les cordes prennent des couleurs tuilées, jusqu'à un pied de nez en guise de fermeture par la chanteuse ; Extrait-Vidéo [création : 23 Mars 1966, au Domaine Musical à Paris (France)]... de la même veine (plus accessible) : la "Sonate à 12" pour solistes choristes, dans laquelle les voix figurent chacune un instrument (chant de phonèmes qui crée le mimétisme). | 14 | xxx | ++ | . |
Kagel (Mauricio) | 1970 | Acustica (5 musiciens et haut-parleurs) [39 ans] | Chambre (amplifié). Sources expérimentales, le terme officiel qui figure dans le titre est bien trompeur car il s'agit d'objets usuels de la vie quotidienne (par exemple, avec humour, pot de chambre, tuyau d'arrosage…) dont l'usage est détourné pour en faire d'authentiques instruments au son inouï individuellement et collectivement (5 instrumentistes... mais beaucoup plus d'instruments, auxquels il faut ajouter leurs voix pour chants, onomatopées, cris, et tutti quanti, donnant une impression d'un ensemble étoffé) ; notes : la pièce est indescriptible en raison des instruments utilisés et du mélange inextricable de thèmes, sa durée réelle est variable, de 45 à 75 minutes, en fonction de choix d'interprétation, et enfin, des comptines domestiques sont fredonnées (par exemple, "Douce Nuit"!) pour accentuer le pitch ; Extrait-Vidéo [création : 1970, à Cologne (Allemagne)]. | 45 | xxxx | +++ | . |
Kagel (Mauricio) | 1970 | Ludwig Van, Homage by Beethoven (6 musiciens) [39 ans] | Chambre (et cinéma). Huit musiciens (flûte, cor, Baryton, 2 pianos, contrebasse, violoncelle, clarinette) re-découvrent à vue des séquences de partitions archi-connues de Beethoven (avec instruments transposés) collées dans un ordre et une organisation aléatoire... le résultat est séduisant, certes anecdotique, mais comme le spectacle est aussi dans la salle (à noter, le film musical, dont a été tirée cette pièce, est une référence incontournable, et dure 100 minutes) ; la pièce s'ouvre par la même note répétée (comme le fatum de la 5ème) illustrée par quelques bribes de la sonate, épisode suivi du lied à la bien-aimée distancé et perturbé par des notes répétées aux xylophones, puis un appel de cor fugué par le piano, la flûte, et ainsi de suite, dans une complexité (et jubilation) croissante... à réserver aux amateurs de Beethoven (pour les clins d'œil malicieux) qui ont le sens de l'humour (... le galop déglingué accompagnant «Oh Freunde») ; Extrait-Vidéo [création : 1970, à Vienne (Autriche), et auparavant (1969), au cinéma, une production de West Deutsche Rundfunk (WDR)]... de la même veine, la "Passion selon Saint Bach", un pastiche savoureux avec pseudo-collage mais vraies réminiscences et vraies déstructurations, pour solistes, chœurs et orchestre (1985, 100 mn). | 15 | xx | +++++ | . |
Kagel (Mauricio) | 1972 | Exotica (6 musiciens) [41 ans] | Chambre. Une pièce d'une grande originalité par les timbres et les rythmes (asynchrones), dépaysante (dans sa gestuelle théâtrale) dévolue à 6 interprètes non experts (par exemple à un saxophoniste professionnel sont confiés des percussions diverses, à un chanteur des instruments à vents, entre autres!), qui jouent un très grand nombre d'instruments de toutes les parties du monde (extra-européens), parlent, chantent, lancent des onomatopées, avec un résultat stupéfiant (en concert) et difficile à mettre en place (nécessité d'un chef d'orchestre) ; un chef d'œuvre à la fois accessible et ambitieux ; Extrait-Vidéo [création : 23 Juin 1972, Klangzentrum pour l'Exposition Weltkulturen und Moderne Kunst, à Munich (Allemagne), à l'occasion des Jeux Olympiques]. | 50 | xxxx | ++++ | . |
Kagel (Mauricio) | 1982 | Rrrrrrr… (géométrie variable) [51 ans] | Chambre (instruments variés). Un ensemble, sous titré "A Radio Fantasy", de 41 pièces miniatures assez hétérogènes, mais regroupées en séries autonomes, pouvant être jouées séparément (5 pièces de Jazz, 8 pièces pour orgue ou accordéon, 11 pièces pour vents, contrebasses et percussions, 6 pièces pour 2 percussionnistes, 4 pièces pour voix seule avec accompagnement de piano, 7 pièces pour chœur mixte a cappella ou avec piano) qui vaut à la fois par le geste théâtral et la qualité et l'originalité des partitions ; le titre bizarroïde est en fait un double pied de nez (à la liste alphabétique des pièces du compositeur pour laquelle il en manquait une commençant par la lettre «R», et par provocation phonétique) ; les 5 séries sont hétéroclites mais se retrouvent dans un même imaginaire et une fusion humaniste et pan-culturelle (de l'Argentine, à l'Allemagne, en passant par l'Inde, etc.).. et dans les 41 sous-titres comme "Ranch", "Rigodon", "Rough", "Rim shot", "Raga", "Rossignol", "Repercussa", (son) "Requiem" ; Extrait-Vidéo [création : 1982, lieu inconnu]. | 88 | xxx | +++++ | . |
Ligeti (György) | 1953 | Six Bagatelles (flûte, hautbois, clarinette, basson, cor) [30 ans] | Quintette-Vents. Les Bagatelles sont issues de 6 des 11 mouvements de "Musica Ricercata", également de 1953, pour piano solo (composées encore en Hongrie, les 2 œuvres, assez dissonantes, ont été condamnées par les autorités Communistes comme «musique dégénérée» parce qu'elles intègrent des innovations de langage -qui reste modal- par rapport à Bartók ou Stravinsky, notamment par l'emploi d'une note supplémentaire de la gamme chromatique à chacune des 11, dans leur ordre d'apparition) ; ces pièces sont terriblement séduisantes (2 d'entre elles sont devenues des «tubes»), elles utilisent des nouveaux caractères et des timbres inouïs, grâce à l'instrumentarium inhabituel, et elles possèdent en germe certaines idées qui feront le style Ligeti (par exemple, la ponctuation en constant déphasage rythmique ou les combinaisons d'intervalles et de timbres) ; la première miniature est marquée par une articulation piquée comme une marque d'ironie, avec des contrastes dynamiques très nets (temps et intervalles hétérogènes), sur seulement 4 notes ; la quatrième miniature utilise le cor dans un mode de jeu aux sons cuivrés (avec un jeu dansé au rythme ternaire) et ses accents ; dans la cinquième miniature, la flûte énonce seule une série constituée de six éléments sur une ponctuation en constant déphasage rythmique, qui se propage aux autres pupitres, comme dans le motif d'accompagnement de la troisième miniature ; dans la sixième miniature, le discours est le plus étoffé, avec des montées chromatiques de plus en plus larges ; Extrait-Vidéo [création (pas d'exécution publique en Hongrie) : 6 Octobre 1969, à Södertälje (Suède)]. | 13 | xxx | +++++ | . |
Ligeti (György) | 1963 | Poème symphonique (100 métronomes) [40 ans] | Métronome. Cette œuvre dépasse son côté provocant («happening» superficiel) par sa densité quasi continue, et son magnétisme ; certes la première écoute est déconcertante et fait penser à une supercherie Cagienne (hasard du comportement des instruments laissés à eux-mêmes) ou à une pochade anecdotique (le titre n'a rien à voir avec le contenu... rien de poétique, ni de symphonique), mais au-delà, apparaît une volonté musicale transcendante et une audace réelle par ses procédés de transformation graduels des rythmes (jusqu'à l'épuisement des métronomes) ; une musique mécanique qui a son existence propre (et sa durée propre, en fonction du départ des différents métronomes, réglés à des vitesses différentes, la pièce se terminant lorsque le dernier métronome s'arrête) et, par son côté répétitif de petites cellules rythmiques tictacantes, progressivement modifiées, qui est un clin d'œil à Steve Reich; au total une curiosité à découvrir sans a priori et à déguster (avec modération) ; Extrait-Vidéo [création publique : 13 Septembre 1963, à Hilversum (Hollande), avec 10 exécutants, 8 hommes et 2 femmes, et le compositeur comme chef, à une époque de sa (brève) affiliation au mouvement Fluxus ; un énorme scandale (le concert filmé par la télévision Hollandaise, programmé, n'a pas été diffusé ; à noter qu'en 1995, le sculpteur Français Gilles T. Lacombe a inventé un dispositif qui facilite son exécution, la pièce pouvant être jouée automatiquement, sans exécutant ; à savoir, pour l'anecdote, l'invention du métronome par Maelzel date de 1806 ; Extrait-Vidéo]. | 20 | xx | ++ | . |
Ligeti (György) | 1963 | Aventures et Nouvelles Aventures (3 chanteurs et 7 instrumentistes) [40 ans] | Cordes-Percussion-Vents-Voix. Une œuvre exceptionnelle (partiellement ouverte), une action scénique en 14 tableaux, théâtrale et ironique à la fois, qui associe un petit ensemble instrumental à des chanteurs (soprano, baryton, contralto) avec une diction dans une langue inconnue et artificielle (voulue universelle?), faite de consonnes, de bruits, d'interjections, de borborygmes, de grognements, de délires (les phonèmes) ; le texte, mimant beaucoup de comportements humains (connivence, arrogance, humour, domination, rejet, etc.), est intimement mêlé à la musique qui semble jaillir en même temps (et d'une grande expressivité avec peu de moyens, explorant les 6 facettes de l'émotion humaine, humoristique, fantomatique, épouvantable, mystique, sentimentale et érotique, selon le compositeur lui-même) pour constituer les prémices du théâtre musical d'Arrigo (avec "Orden" en 1969), perceptibles seulement en concert (par l'action scénique, limitée, des solistes vocaux et des instrumentistes) ; Extrait-Vidéo [création : 4 Avril 1963, à Hambourg (Allemagne) pour "Aventures", et 26 Mai 1966, aussi à Hambourg (Allemagne) pour "Nouvelles Aventures"]. | 35 | xxxxx | ++ | . |
Mantovani (Bruno) | 2006 | Streets (ensemble de 10 musiciens) [32 ans] | Ensemble (petit, 1 flûte alto, 1 clarinette, 1 basson, 1 cor, 1 trompette, 1 percussionniste, 1 harpe, 1 violon, 1 alto, 1 violoncelle). Un brillant exercice pour une imaginaire de la vie citadine New Yorkaise (passages, frénésie, pointillés, flux, désordre, défilement accéléré), influencé par la synthèse granulaire ; la pièce en un seul tenant raconte une histoire frémissante et foisonnante ou plutôt décrit le spectacle distancé, amusé, de cette vie hyperspeedée dans les rues de la Grosse Pomme ; ce qui frappe c'est cette accumulation de micro-évènements rapides, en grappe, indépendants, isolés, sans lien (apparent) les uns avec les autres (mais comme pour une ruche il y a des liens, des dépendances, des tissages, des transformations, et des structures bien visibles dans la partition), évènements qui au bout du compte à force de frénésie paraissent s'annuler pour aboutir à l'étourdissement et au surplace virtuel ; au total un exercice énerg(ét)ique, périlleux de virtuosité, mais qui reste abouti (car limité dans le temps) et jouissif sur le plan sonore (de la musique pure), une pièce faussement urbaine, pseudo-descriptive en accéléré (attention, le titre et le thème -pas la musique- s'apparentent à la pièce de Steve Reich "City Life" avec une aussi belle inspiration mais qui est, elle, immédiatement descriptive et engagée) ; Extrait-Vidéo [création : 7 Novembre 2006, Paris, Cité de la Musique, par l'Ensemble intercontemporain, dirigé par Pierre Boulez]. | 16 | xxx | +++ | N |
Messiaen (Olivier) | 1941 | Quatuor pour La Fin du Temps (piano, violon, violoncelle, clarinette) [33 ans] | Quatuor-Clarinette. Historiquement, la première œuvre cataloguée ici, et au-delà du symbole -elle a été créée le 15 Janvier 1941 à Görlitz, en Silésie, par une soirée glaciale, dans un camp de prisonniers Nazi, avec les instruments cassés et les musiciens disponibles sur place (révisée pour l'édition en 1942 et en 1945)- elle correspond à une nouvelle manière de Messiaen (marqué par le kaléidoscope et le rythme, comme la Turangalîlâ), certes différente de ses premières œuvres influencées par Debussy, et plus personnelle, avec les 2 spécificités de sa musique (durée et couleur) ; une œuvre contemplative en 8 mouvements (comme toujours chez Messiaen, leurs titres sont de dimension religieuse, mais leurs contenus en sont éloignés) qui a donné lieu à des interprétations différentes, depuis le rêve jusqu'à l'exhortation, en passant par une vision jazzy et hanchée ; à noter, une originalité pour l'époque, les instrumentistes jouent soit en solo, en duo, en trio ou en quatuor, selon les mouvements (mais l'explication est simple : le choix des instruments est dû aux circonstances, la décision des composants de chaque mouvement correspond à diverses ébauches en fonction des rencontres successives au hasard des 3 autres musiciens) ; Extrait-Vidéo [création publique (libre) : 24 Juin 1941, au théâtre des Mathurins, à Paris (France)]. | 50 | xxxx | +++++ | . |
Monnet (Marc) | 2000 | Bibilolo (6 percussions, électronique) [53 ans] | Percussions. Difficile de choisir une œuvre caractéristique de la musique de Monnet sur un catalogue diversifié et un imaginaire sans frontière : le titre emprunte à l'enfantillage (à l'occasion de la naissance de son 1er enfant), mais la musique est un jeu de sons (babillages, musiques Pygmées, Irlandaise, synthétiseur Yamaha DX7), jonglant dans un but de plaisir évident (et réussi) ; 6 percussionnistes jouant de 6 claviers avec capteurs pour électronique live ; Extrait-Vidéo [création: 4 Mai 2000, Hippodrome Scène Nationale, Douai (France)]... de la même veine (si l'on peut dire), "Musique(s) en boîte(s) à retour à", une pièce de 12 minutes, entièrement «forte», pour 2 pianos, 2 percussions et un chanteur, à l'urgence fascinante | 59 | xxx | +++ | . |
Murail (Tristan) | 1993 | La Barque mystique (5 musiciens) [46 ans] | Piano-Cordes-Bois-Vent. Une œuvre de synthèse dans laquelle le compositeur introduit une certaine discontinuité resserrée, dans un ensemble enchevêtré, presque labyrinthique ; le quintette (flûte, clarinette, piano, violon, violoncelle) crée des couleurs complexes, avec des plages floues, voire brumeuses, sans impressionnisme (pastels d'Odilon Redon, qui ont inspiré le titre) et une grande volupté sonore ; Extrait-Vidéo [création : 16 Octobre 1993, à Berne (Suisse)]. | 12 | xxx | +++ | . |
Murail (Tristan) | 2022 | Portulan (chambre) [75 ans] | Chambre (varié, avec flûte, clarinette, cor, piano souvent préparé, violon, alto, violoncelle, percussions). Un cycle unique (encore in progress en 2023), une sorte d'autobiographie par métaphores (chaque pièce se référant à quelque chose, lieu, voyage, lecture, expérience esthétique, de signification symbolique pour le compositeur, Portulan étant d'ailleurs le titre d'un recueil de poèmes de son père, qui l'a impressionné adolescent, et un terme technique faisant référence aux cartes marines), pour un total de 9 pièces liées, à effectifs variables entre 2 instrumentistes et la totalité d'entre eux, soit 8, dans la pièce finale, chaque pièce utilisant une combinaison différente à l'intérieur de l'ensemble total. C'est sans aucun doute l'un des sommets de la musique de chambre Française (merveilleusement approfondie au long de nombreuses années par l'Ensemble L'Itinéraire). Les 9 pièces sont titrées et agencées dans un ordre priviliégié mais pas immuable et elles peuvent être jouées indépendamment : "Seven Lakes Drive", pour flûte, clarinette, cor, piano, violon et violoncelle, un voyage sinueux et calme (2006), "Feuilles à travers les Cloches", pour flûte, violon, violoncelle et piano, la peinture d'un paysage onirique (1998), "Dernières nouvelles du Vent d'Ouest", pour alto, cor, piano et percussions, des échos de bribes de mémoire comme le vent qui s'érode (2011), "Une Lettre de Vincent", pour flûte et violoncelle, une ambiance nocturne et mémorielle des paysages expressionistes à la Van Gogh, avec des écarts subits mais limités, (2018), "Garrigue", pour flûte, alto, violoncelle et percussions, une errance avec des bruissements, des résonances qui vont jusqu'à l'aride (2008), "Paludes", pour flûte, clarinette, violon, alto et violoncelle, à la fois hors de l'eau et près de l'eau, dans les marais et une relecture des mystères d'André Gide (2011), "Les Jours heureux", pour clarinette, cor (déplacé, lointain), piano, percussions, violon et alto, allusion à l'enfance, à la poésie paternelle comme une révérence nostalgique et heureuse (2022), "Les Ruines circulaires", pour clarinette et violon, un dialogue, parfois spectral, entre réel et imaginaire, frisant l'obsessionnel, portés par Jorge Luis Borges (2006), "La Chambre des Cartes", pour flûte, clarinette, cor, piano, violon, alto et violoncelle, percussions, un résumé un peu plus dynamique des précédents, scandé surtout par les percussions (avec ostinato de tambour sombre) dans un voyage-paysage maritime fanstamagorique, presqu'enfantin (2011). C'est un lent déploiement polyphonique d'une grande subtilité (avec des effets spectraux), tout en demi-teintes avec de rares fulgurances, alors maîtrisées, d'un remarquable équilibre et une musique très raffinée, héritière tardive, mais moderniste, de Claude Debussy et d'Olivier Messiaen [création (non finale, le projet visant jusqu'à 12 pièces) : le 11 Février 2022, au Festival Présences de Radio France, à Paris (France), par l'ensemble L'Itinéraire (comme les versions intermédiaires)] | 68 | xxxxx | ++++ | N |
Nunes (Emmanuel) | 1978 | Nachtmusik I (cor Anglais, alto, violoncelle, trombone, clarinette) [37 ans] | Quintette (varié : cor Anglais, alto, violoncelle, trombone, clarinette basse en si bémol, en se rappelant que même si les interprètes ne bougent pas, des effets de spatialisation sont obtenus par un jeu des pupitres par groupes de 2 et, éventuellement, par l'électronique ou ses ancêtres). Sur le plan conceptuel (même si à l'écoute, c'est anecdotique), il faut savoir que la pièce (et la suivante, II, et beaucoup d'autres après 1978) s'inscrivent dans un cycle 2, intitulé "La Création" qui est une sorte de négation théorique du 1er cycle (sans nom) qui regroupe aussi beaucoup de pièces jusqu'à 1977 (avec "Ruf") ; la présente pièce, par contraste du cycle 1, est signée par les 8 notes du total chromatique auquel ont été exclues les 4 notes toniques typiques du 1er (sol, sol dièse, mi et la) ; toute la pièce est baignée dans une ambiance nocturne caractéristique, c'est-à-dire nostalgique et mélancolique, avec une dose d'incantatoire (pour schématiser, dans le sens du Fado Portugais, et à l'opposé du nocturne romantique Allemand), et ceci grâce à l'instrumentorium choisi, pondéré dans le grave ; la pièce est aussi caractérisée par l'alternance de ses long tenus et de ses hoquets en contrastes et par le jeu de transmission d'un instrument à l'autre, et enfin, par la partie virtuose de la clarinette basse et celle, élégiaque, du cor Anglais ; les cordes, plus acides, apportent, quant à elles, davantage d'ostinatos et de rythmes heurtés ; au total, la nuit ainsi vécue (plus que dépeinte) réprésente un certain chaos (violence contenue), un certain immobilisme (troublant) qui peu à peu prennent texture, cohérence et forme lyriques et aussi une âme ; à savoir, pour les mélomanes avancés, la pièce a fait l'objet d'une analyse musicologique en 7 pages avec extraits musicaux par le jeune compositeur Sébastien Béranger (musimediane.com) ; Extrait-Vidéo [création : 28 Avril 1978, à Bonn (Allemagne), par l'ensemble L'Itinéraire, dirigé par Peter Eötvös (avec possibilité d'adjoindre 3 synthétiseurs, ou encore une bande acousmatique, des effets de modulation en anneau et une sonorisation, dans le cas d'une interprétation mixte) ; création de la version révisée (avec électronique live : 29 Juin 1995, à l'Ircam, Paris (France)]... de la même veine, "Nachmusik II" (1981, pour grand orchestre), dans le même cycle intitulé "La Création", mais si cette pièce porte un numéro impliquant une suite, les liens musicaux avec la précédente sont davantage allusifs qu'organisés. | 33 | xxx | ++++ | . |
Pablo (Luis de) | 1991 | Ejericio (pour 9 musiciens) [61 ans] | Chambre (9 instruments, 1 flûte, 1 clarinette, 1 harpe, 1 violon, 1 alto, 1 contrebasse, 1 guitare, 1 mandoline, 1 percussion). Une pièce en 1 seul mouvement toute en atmosphère, en divagations (parfois mutines, ou dansantes), comme une rêverie douce (sans anxiété, sans prise dramatique) ; c'est une succession de moments qu'a retenu la mémoire, allusifs, troués, suspensifs, en pointillés ; il n'y a pas de répétitions de thèmes ou de séquences en ostinato, mais certaines phrases font rengaines ou plongent dans le passé (musical) car elles semblent proches de notre propre mémoire comme si le souvenir mélangeait tout ; les instruments sont traités pour leurs couleurs propres (notamment le jeu de percussions, non percussives) et pour les couleurs qu'ils acquièrent par juxtaposition (avec une nette prédilection pour les couleurs Asiatiques) ; le tempo reste modéré mais allant, les rythmes sont asynchrones (les accélérations et les ralentissements restent maîtrisés), les transitions sont souples (la construction ne semble pas évidente, pourtant ici et là on note un début de fugue, de danse, de processus qui s'estompe assez raoidement), il y a peu de niveaux de sonore forts ou faibles (tout est dans le moyen) ; au total une pièce qui peu à peu emporte tranquillement dans un ailleurs onirique, doux, nostalgique, optimiste, sans réelle fin, juste un soupir alangui [création : Juin 1991, Amsterdam (Hollande)]... de la même veine, "Polar" (1962, pour 9 musiciens) ; Extrait-Vidéo | 23 | xxx | +++ | N |
Partch (Harry) | 1966 | And on the 7th Day Petals Fell in Petaluma (instruments originaux et percussions) [65 ans] | Cordes (modifiées)-Percussion. Cette œuvre est emblématique du style de Partch, car elle utilise la plupart de ses créations d'instruments artisanaux (par exemple, guitare et cithare dérivées) ; en 34 sections courtes (environ 1 minute chacune), les 23 premières en duos ou trios d'instruments, les 10 suivantes avec couplage juxtaposé par paire de sections précédentes (en quartette), la dernière avec couplage triple (pour un octuor) ; une musique exubérante, jubilatoire, pleine d'humour, à la limite du répétitif (mais plus inventive), toujours allante (non statique) mais avec des lentes variations de rythme, aux sons exotiques (au sens premier du terme, avec une touche plutôt Asiatique, voire Balinaise ou Tahitienne), parfois délirante, emportée ; la pièce commence par une apostrophe aux percussions staccato enveloppées par une melopée tournoyante grave des cordes (microtonales) qui installe d'emblée une ambiance d'étrangeté ; la seconde pièce transmet le modèle tournoyant aux percussions qui ensuite le redonne aux cordes ; la suivante commence à introduire la répétition (encore limitée) pour ajouter une dimension lancinante et ainsi de suite, la répétition (par brèves séquences, variées) ne faisant que s'amplifier (sans obédience au minimalisme Américain, né pendant la même période, la pièce fondatrice "In C" de Terry Riley, étant datée de 1964, et sans redondance) ; au fur et à mesure, un effet hypnotique (sans torpeur), plutôt envoûtant et magnétique se développe avec l'exploration sans relache de sons étranges, venus d'ailleurs ; et la pièce se déploie, toujours variée (sons, couleurs, rythmes, pupitres), alternant ou juxtaposant des sons en grappes, plutôt scintillants, et des continuos plutôt alanguis ou caverneux ou énigmatiques (etc.), pour se terminer plus vite (presque débridé) dans les dernières sections ; Extrait-Vidéo [création : 8 Mai 1966, à Los Angeles (USA)]... de la même veine : "The Bewitched" (1956, pour soprano et ensemble d'instruments traditionnels et originaux), ensorcelante. | 36 | xxx | ++++ | . |
Pesson (Gérard) | 1996 | Récréations Françaises (trio à cordes, flûte, hautbois, clarinette) [38 ans] | Cordes-Bois (6 musiciens). Des petits bijoux en miniature qui procurent un plaisir unique, ludique, poétique ; des pièces, courtes et charmeuses, presque dansantes, d'une belle virtuosité et une musique (discontinue et légère) vraiment différente ; le compositeur veut répondre à la question «existentielle» de l'essence Française en musique (spécificité, unicité), notamment par rapport à la musique Allemande, en jouant avec les typologies, se situant alternativement (par saut) de part et d'autre du Rhin ; les sous-titres des 9 bagatelles sont ainsi explicites : l'Harmonieux Forgeron (scherzo-trio-scherzo), solo de clarinette (un souffle), Effet de nuit sur Royaumont, les barricades mystérieuses (vivement), solo de hautbois (une tierce), Knochenmusik, Hommage à Claire-Jeanne Jézéquel (deux notes), solo de flûte (un sifflet lointain), petite danse macabre ; facile d'accès chez ce compositeur (à ne pas manquer, en ce sens), même si la construction est savante : jeu sur le réseau des hauteurs et sur les successions ou alternances chromatiques complémentaires à ces hauteurs ; Extrait-Vidéo [création : 22 Avril 1995, au festival de Witten (Allemagne)]... de la même veine et avec un effectif semblable : "Mes béatitudes", 1995. | 17 | xxx | ++++ | . |
Radulescu (Horatiu) | 1973 | Capricorn's Nostalgic Crickets (7 musiciens à vents) [31 ans] | Bois. Une œuvre ouverte, conçue pour 7 bois identiques, issus de la même famille de timbre et de registre homogène, jouant ainsi un seul et unique instrument sur lequel s'opère une véritable dilatation dans les registres sériels et dans les couleurs spectrales ; un procédé typique (et unique) : une série de 24 quarts de tons choisie pour sa beauté mélodique et qui crée par la succession de ses 4 formes (originelle, inversée, rétrogradée, rétrograde inversée), un «puits» carré de 96 sons, ou plateaux fréquentiels ; la démarche, abstraite comme un chaos ordonné, donne un résultat sonore original, d'une étrange beauté, irradiante, où la notion de temps prend une autre dimension, statique, impalpable, presque perdue dans l'espace, suspendue, en apesanteur (révision-extension importante en 1980, avec, possible, électronique et bruitage) et d'une lenteur itérative (litanique) étonnante ; Extrait-Vidéo [création : 1973, lieu inconnu]... de la même veine et selon le même procédé avec un instrumentarium différent : "Credo" pour 9 violoncelles, "Everlasting Longings" pour 24 cordes, "Thirteen Dreams Ago" pour 33 cordes, "Doruind" pour 48 voix. | 18 | xxxx | ++++ | . |
Risset (Jean-Claude) | 1978 | Trois Moments Newtoniens (bande seule avec instruments) [40 ans] | Chambre-Informatique (pure ou instrumentale et électronique fixée). Un dépaysement garanti (avec 2 trombones, 1 piano, 1 violon, 1 violon 2, 1 alto, 1 violoncelle, et une bande de sons synthétiques) avec des originalités sur les glissandi en spirale descendante (ou ascendante) et des paradoxes rythmiques (certains repris par Ligeti, dans la 6ème étude pour piano du 1er livre, intitulée "Automne à Varsovie") qui font illusion, voire magie sonore ; le compositeur joue aussi sur la distinction entre hauteur spectrale et hauteur tonale ; la pièce est une révélation que ce soit avec ou sans un petit ensemble de 5 à 9 instrumentistes, et, c'est une pierre angulaire de la musique synthétique et de l'innovation syntaxique (rythmes) ; 3 parties : le 1er moment "Fluentes et fluxions" évoque les travaux de Newton dans le domaine du calcul différentiel et intégral, le 2ème moment "Analyse spectrale" symbolise la découverte de Newton sur la lumière comme un complexe de couleurs composantes (en réalisant par dispersion l'analyse spectrale de la lumière blanche), le 3ème moment "Trajectoires" fait référence aux travaux de Newton sur la dynamique des corps (mouvement continu) ; le titre de la pièce fait allusion au motif de la commande pour commémorer le 250 anniversaire de la mort d'Isaac Newton ; hélas, aucun extrait vidéo à ce jour [création: Maison de Radio France, à Paris, en Juin 1978]... de la même veine, "Mutations I", "Little Boy". | 13 | xxxx | ++ | . |
Romitelli (Fausto) | 1998 | Professor Bad Trip I (octuor pour claviers, cordes, bois, guitare électrique, et électronique) [35 ans] | Chambre (1 flûte ou flûte basse, 1 clarinette, 1 percussion, 1 guitare électrique, 1 piano ou synthétiseur, 1 violon, 1 alto, 1 violoncelle, 1 dispositif électronique). La pièce, particulièrement originale et brillante-savante, alliance du rock et de la musique spectrale, s'ouvre par des incantations évanescentes et grinçantes, dans l'aigu, puis s'éclaire par des tonalités rock (guitare électrique), un peu erratiques, semblant ne mener nulle part (avec commentaires sarcastiques du piano), s'accélère (un vrai bazar), s'interrompt, reprend (quasiment échevelée), s'interrompt encore, reprend (dans le déjanté), et ainsi de suite par ralentissement et accélération, chaque fois avec des rythmes (plutôt asynchrones) et des couleurs différentes (plutôt métalliques, zinguées, déglinguées) ; à la fin, de façon inattendue, la pièce mute et se perd dans de longs rêves (traînées spectrales, avec le synthé et l'électronique, notamment) ; à savoir : la pièce fait l'objet d'une création chorégraphique pour 2 danseurs et 1 performer conçue par Maud La Pladec (Montreuil, 2010) ; Extrait-Vidéo [création : Lesson I, 24 Septembre 1998, au festival Musica de Strasbourg (France)]... de la même veine, Lesson II, pour 10 instrumentistes (1 trompette, 1 basse électrique, en plus), 12 minutes, assez semblable, avec un début mystérieux, puis des divagations-circonlocutions aux cordes frottées [création : 10 Mars 1999, à l'Ircam de Paris (France)] et Lesson III, pour 10 instrumentistes (les mêmes), 15 minutes, assez semblable, avec un début scintillant du piano contrasté par des ronflements-étirements, puis une accélération ponctuée par staccatos mécaniques haletants et chaloupés (fascinants), etc. [création : 3 Octobre 2000, au festival Musica de Strasbourg (France)], les 3 leçons complètes à Extrait-Vidéo | 14 | xxxx | +++ | N |
Saunders (Rebecca) | 1998 | Quatuor (accordéon, clarinette, contrebasse, piano) [31 ans] | Chambre avec 4 instruments (accordéon, clarinette, contrebasse, piano). La pièce, avec un effectif inhabituel tiré vers le grave, est introduite avec un claquement furieux réalisé en abattant brusquement le couvercle du clavier, puis la contrebasse, hypergrave, mène le groupe en ostinato, avec des coupures (contrastées) des autres instruments ; elle reste statique, même si un momentum se dessine ; le martèlement funèbre du piano (choc des pédales), les stridences de l'accordéon et la suspension régulière du son (arrêts sur image) accentue la dramaturgie et la tension de l'ensemble ; la pièce devient élégiaque et mystérieuse (tout en gardant la tension) avec le changement pour la clarinette basse et le passage à un piano de plus en plus résonant (main dans les cordes) ; enfin elle s'installe dans une dérive proche de la démesure (à la limite du bruitiste) avec des appels de clarinette, des à-coups staccato de l'accordéon et du piano (avant un apaisement bienvenu) ; une musique magnétique, à la forte personnalité, de plus en plus suspendue, qui semble toujours s'étirer davantage sans s'étioler ; Extrait-Vidéo) [création : 26 Avril 1998, au festival de Witten (Allemagne) par l'ensemble Ictus] ; de la même veine (un peu plus acessible), Trio "Vermilion" (2004, pour clarinette, guitare électrique, violoncelle) | 15 | xxxx | +++ | N |
Saunders (Rebecca) | 2010 | Fury II (sextuor) [43 ans] | Chambre avec soliste (contrebasse solo, et quintette divers avec clarinette basse, percussionniste, accordéon, piano, violoncelle). La pièce est une extension, désormais assez fréquente pour les compositeurs (comme une fusée à 2 ou 3 étages) de la pièce "Fury" (2006) pour contrebasse solo, un instrument de plus en plus apprécié par les compositeurs d'aujourd'hui ; elle commence dans l'extrême grave quasi-bruitiste pour la contrebasse comme une apostrophe lugubre, mystérieuse, avant une déflagration phénoménale (d'autres, toutes aussi dévastatrices, suivent tout au long de la pièce) ; puis un lent processus s'installe avec des étirements (sextuor entier) oscillant avec des crépitements dans une ambiance de véhémence, de sauvagerie, de furie (d'où le titre), de surprises et de péripéties, de couleurs sombres (l'instrumentarium est considérablement tiré vers les graves), enfin elle se termine dans un court épisode recueili et calme ; la pièce, magistrale, magnifie les recherches sur la résonance chères à la compositrice ; Extrait-Vidéo [création : 23 Juin 2010, à Dresden (Allemagne)] | 13 | xxxx | +++ | N |
Stockhausen (Karlheinz) | 1970 | Mantra (2 pianos, 1 modulateur en anneau, 2 wood-blocks, 2 séries de cymbales) [42 ans] | Piano-Percussions. Polyphonique et polyrythmique, cette œuvre est entièrement générée par une formule de 13 sons, le dernier étant le silence : les 2 pianistes jouent pour obtenir un effet de gamelan Balinais, et suggèrent, à plusieurs reprises, par les accélérations d'exécution et par les rythmes complexes, la future dernière manière de György Ligeti ; le modulateur en anneau est une machine électronique (totalement obsolète aujourd'hui) qui permet la transformation des sons : il agit sur certaines séquences de sons produits (par exemple, ici, en étouffant tout ce qui est son fondamental et en conservant les sons adjacents-périphériques) ; les 2 instrumentistes sont toujours percussifs, même aux pianos, les woodstocks étant d'origine Japonaise et les cymbales dites antiques, minuscules, émettant un son clair et scintillant, sans compter les onomatopées courtes dites par les musiciens ; la pièce s'ouvre sur une même séquence de notes, répétées et égrenées par les pianos, en ostinatos mystérieux, développée selon un scénario erratique aux autres instruments, puis une séquence semblable suit, cette fois déformée (réverbération, effets de halo et d'écho, etc.), et le cheminement onirique se poursuit selon un schéma assez statique, parfois avec des accélérations, jusqu'à la fin, inattendue, en pirouette ; le titre reprend un mot du bouddhisme Tibétain qui signifie «formule magique» ; sur le plan syntaxique, la pièce donne à tour de rôle à chaque note (plus le silence) un rôle prépondérant (comme les 1" signes cosmiques) et à l'intérieur de chaque pièce il y a 13 types de schémas (ou formules, de la répétition, à l'accent en passant par les trilles, le tremolo, les liaisons, etc., selon 12 formes d'augmentations et 13 fois 12 transpositions), mais l'essentiel n'est pas dans ce jeu de thèmes et variations mais dans un périple-aventure-réflexion dans-sur le son ; Extrait-Vidéo [création : 18 Octobre 1970, à Donaueschingen (Allemagne)]. | 63 | xxxxx | +++ | N |
Stockhausen (Karlheinz) | 1977 | Sirius (soprano, basse, clarinette basse, trompette, électronique) [49 ans] | Vents-Voix. Une œuvre cosmogonique (les commentaires du compositeur sur sa pièce montrent qu'il est un fervent lecteur de S.F.), comprenant de la musique électronique (imaginative) avec trompette, clarinette basse, 2 voix humaines (soprano aigu et basse profonde), qui commence par la présentation des 4 solistes, personnifications musicales des 4 points cardinaux, éléments, sexes, moments de la journée, étapes de la croissance et saisons, puis vient ensuite la roue avec les 4 saisons, et enfin l'annonciation, dont se dégage le message spirituel ; partition ouverte, Sirius peut être exécuté dans 4 versions différentes selon l'ordre choisi pour les 4 sections de la roue (qui tourne, naturellement !) ; la pièce a bénéficié pour les premières exécutions d'une mise en scène (projection d'un ciel étoilé) et Stockhausen y ajoute une symbolique (limitée) par des textes personnels, brefs, qui décrivent les traits de caractère les plus dominants des 12 types humains, conformément aux 12 signes du Zodiaque ; Extrait-Vidéo [création : 8 Août 1977, au festival d'Aix-en-Provence (France)]. | 96 | xxx | ++++ | . |
Takemitsu (Toru) | 1978 | Waterways (2 harpes, 2 vibraphones, clarinette, violon, violoncelle, piano) [48 ans] | Piano-Cordes-Clarinette. Une troublante miniature d'orfèvre par ses couleurs sereines et miroitantes, avec une forte (a)tonalité métallique ; l'héritage de Debussy et du premier Messiaen est patent, assumé et réussi ; la pièce (littéralement «Voies de l'Eau») est fondée sur les 3 notes en Anglais (S-E-A, ou si-bémol, mi, la) ; elle s'ouvre par le piano et les harpes tout en couleurs éteintes commentée par les autres instruments de façon énigmatique (introduction courte) ; puis commence une musique de couleurs de la nature qui s'infiltre par circonvolutions-miaulements (des cordes frottées) et contrastes rythmiques (aux percussions, douces) ; la progression se fait par mode allusif selon un mouvement lent, hésitant, imperceptible (comme un mince filet d'eau), un rien mystérieux (imprévisible), pour s'éteindre en se fusionnant avec la mer ; Extrait-Vidéo [création : Juin 1978, à Tokyo (Japon), par l'Ensemble Tashi]... dans la même veine, voire en plus hardi, "Autumn" (1973), avec en plus des instruments locaux (orchestre de Gagakus, 15 mn), des sons étranges, contemplatifs, scintillants, métalliques (synthé) qui créent une atmosphère froide, mystérieuse, presque irréelle. | 10 | xxx | ++++ | . |
Takemitsu (Toru) | 1979 | In an Autumn Garden (groupe traditionnel de gagaku) [49 ans] | Orchestre (petit, avec instruments traditionnels Japonais). La pièce (en Japonais Shteika, littéralement "Dans un Jardin d'Automne"), en 6 parties (Strophe, Echo I, Melisma, In an Autumn Garden, Echo II, Antistrophe) est jouée par 8 instruments, 3 instruments à vents, 3 instruments à percussion et 2 instruments à cordes, chacun ayant un rôle bien précis, selon un rituel ancestral et des traditions raffinées à l'extrême, elle démarre avec des couleurs diaphanes dans une lenteur et une retenue énigmatiques ; elle progresse ensuite par alitérations, puis par avancée en spirales avec des sons inouïs, ponctuées par quelques gongs, très progressivement plus dynamiques, avant de reprendre un rythme à la fois ostentoire et éperdu, et enfin séduisant et presque dansant dans la sérénité ; un bijou et du grand art ; Extrait-Vidéo [création : 28 Septembre 1979, à Tokyo (Japon)]. | 15 | xxxxx | ++++ | N |
Ustvolskaya (Galina) | 1950 | Octuor (2 hautbois, 4 violons, timbales, piano) [31 ans] | Piano, 2 hautbois, 4 violons, timbales. En 5 mouvements dans lesquels le piano joue un rôle éminent, la pièce commence de manière énigmatique et élégiaque, avec une marche introduite subrepticement ; puis, s'annonce une ritournelle grinçante au piano, reprise par les cordes (presque fuguée), et plus tard par la percussion ; la pièce ralentit pour devenir obsessionnelle et angoissée ; et les répétitions reprennent en séquences de façons énigmatique, péremptoire, allusive : la sentence est noire, effrayante, elliptique, mais sans appel Extrait-Vidéo [création privée : 1950 ; publique, 17 Novembre 1970, Leningrad (Saint-Petersbourg, Russie)] | 18 | xxxx | ++ | . |
Ustvolskaya (Galina) | 1977 | Composition n°2 (8 contrebasses, piano, percussion) [58 ans] | Chambre-divers. Une pièce exceptionnelle d'une puissance extrême, marquée par le martellement-répétition scandé jusqu'à la nausée, selon une marche forcée qui n'aboutit nulle part ; sur le plan sonore, l'innovation vient de l'utilisation d'une caisse de bois (littéralement, un cercueil) produisant des sons secs, crépitants et sinistres sous les coups de burins staccato d'un (vrai) marteau puissant et contrastant avec le piano tout en résonance ; les contrebasses apportent une médiation mystérieuse et acide (individuellement avec des parties distinctes, ou par petits groupes, ou en tutti) ; globalement fascinant et vénéneux ; Extrait-Vidéo [création : 14 Décembre 1977, à Leningrad (Saint-Petersbourg, Russie)]... de la même veine, Composition n°1 "Dona Nobis Pacem" (1975, monologue bourru d'un tuba, étrillé par les sifflets d'un piccolo) et n°3 "Benedictus, Qui Venit" (1977, dialogue en sur-aigu et sur-grave, entre 4 flûtes et 4 bassons, arbitré par 1 piano véhément). | 18 | xxxx | +++ | N |
Vivier (Claude) | 1978 | Paramirabo (piano, flûte, alto, violoncelle) [30 ans] | Quatuors-Divers. Une œuvre marquante par ses couleurs chatoyantes et sa luminosité, et aussi par une originalité anecdotique (les instrumentistes sifflent pour apporter une cinquième voix mélodique bien intégrée) ; le titre correspond au nom, déformé, de la capitale du Suriname (Paramaribo), comme d'autres villes exotiques telles "Shiraz", "Pulau Dewata", "Samarkand" et "Zipangu", et évoque aussi le pont Mirabeau à Paris qui a tant inspiré les poètes ; la pièce commence par un thème paisible par la flûte, le violon, le violoncelle, vite troublé par une violente intervention du piano ; s'ensuivent des échanges en dialogues alternés, faisant entendre des bribes de mélodies enfantines qu'on croirait connaître ; enfin, la longue section finale est à nouveau très calme, comme suite à un mauvais rêve ; Extrait-Vidéo [création : 1978, lieu inconnu (Canada)]. | 12 | xxxx | +++ | . |
Xenakis (Iannis) | 1963 | Eonta (piano, 2 trompettes, 3 trombones) [41 ans] | Piano-Vents. Une œuvre spatialisée, en 2 parties, marquée par la violence barbare et grandiose des cuivres (allant jusqu'au sur-aigu), contrastant avec les scintillements du piano, parfois frénétique, d'autres fois mystérieux ou arachnéen ; la pièce commence par un déluge de notes au piano résonant suivi par des appels tournants des trompettes et des trombones, et à nouveau le piano, percussif et métallique, alterne et dialogue avec les cuivres (en tournoyant lui aussi), pour former une cacophonie maîtrisée ; ensuite, elle évolue vers les longs appels de cuivres et son intelligence apparaît de plus en plus... la pièce est fortement atonale et difficile d'accès (le titre de la pièce en grec signifie «étant», c'est-à-dire en train de se matérialiser ou de s'incarner, en référence aux effets de résonance générés par la pédale maintenue enfoncée du piano impactant les sons métalliques des vents et à la dynamique de l'interprétation des musiciens à vent, mobiles dans l'espace) ; Extrait-Vidéo [création : 16 Décembre 1964, au Domaine Musical, à Paris (France), par Pierre Boulez]. | 20 | xxx | ++ | . |
Actualisation : 23-Août-2024