Voici quelques repères illustrés qui peuvent vous aider à franchir quelques obstacles de lecture...
Note : une étoile (*) signale que le mot indiqué est également décrit dans ce glossaire
Acousmatique |
Terme
créé pour englober la Musique concrète* et la Musique
électronique*,
sans intervention d'instruments de musique (sauf si enregistrés), ni de
l'ordinateur (en tant que générateur ou modificateur de sons) ; les œuvres
n'existent que sous forme de supports (bande magnétique,
disque, ...) sur lequel elles sont définitivement fixées ; ne se distingue
pas de l'électroacoustique*, mais se distingue de mixte* qui mêle jeux d'instruments (exécutés par des instrumentistes) et sons
enregistrés ou transformés, et éventuellement leur mixage en
direct par l'informatique*... mais auparavant, comme rien n'est simple,
certains rejetaient ce terme, et employaient le terme d'électroacoustique en
lieu et place (comme synonyme) et utilisaient le terme de musique
mixte* pour électroacoustique.
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Aléatoire |
Style
de musique qui est régi par l'incertitude selon son vrai fondateur,
John Cage, influencé par la philosophie Chinoise «I Ching» (ou I King) ; il laisse une
partie de l'œuvre indéterminée dans son organisation, ouverte à
l'interprète (Boulez, de façon restreinte, Stockhausen, de façon
illimitée), ou construite par blocs au hasard ("stochastique",
selon Xenakis), ou de longueur extensible («ad libitum»).
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Atonalité |
Contraire
de la tonalité, elle-même caractérisée par l'attraction de la tonique et par le
dualisme consonance - dissonance ; en fait, la non tonalité ne date pas
du début du 20ème siècle, et encore moins du dodécaphonisme (la
mutation tonal-atonal est une tendance progressive dans la musique,
notamment à partir du dernier Liszt, avec ses "Nuages Gris"
de 1881 et sa "Bagatelle sans Tonalité" de 1885) ;
l'atonalité n'est pas une démarche esthétique opposée à la
tonalité, mais plutôt une évolution inéluctable suite à la
multiplication du chromatisme depuis Wagner ; pour la tonalité, les musiciens se servent des gammes diatoniques avec 8 notes majeures ou mineures,
alors que pour l'atonalité, les musiciens se servent d'une gamme chromatique
sans note dominante : les 12 demi-tons de la gamme chromatique tempérée jouent
alors un rôle égal (à tort tonalité est souvent assimilé à
consonance, et atonalité à dissonance... et les dissonances sont
encore plus anciennes, voulues par Mozart et généralisées par la voix
intérieure d'un sourd irremplaçable, Beethoven).
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Cluster |
Bloc
de notes, unilatéral ou en grappe, produit en frappant le clavier du
piano, avec soit tout l'avant, soit le poing, soit la main déployée,
soit le coude, soit une batte en bois (décrit par Henry Cowell en 1930) ; par extension, cluster désigne une
technique verticale de composition, utilisée entre autres par Xenakis
(style massique) et Penderecki (style tachiste), qui permet la création d'un espace sonore spécifique
par contiguïté des sons (agrégation systématique d'un certain nombre de sons immédiatement voisins, les uns
par dessus les autres) et à l'écoute la perception des blocs sonores très denses et très
compacts.
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Collage |
Adjonction
volontaire de parties d'œuvres classiques, littérales ou déformées
(le terme «citation» a une signification voisine : le collage plaque
par surimposition et la citation s'intègre à la partition) ;
condamné par certains
comme une déviance facile ou un exemple typique de manque d'inspiration, le
procédé, limité par le côté dérisoire de sa généralisation,
compte quelques chefs d'œuvres comme "Sinfonia" de Berio (1968) ou
"Hymnen" de Stockhausen (1969) ; il y a une démarche créatrice, plus
ambitieuse, faite de réminiscences et de rêves associés dans la
"Xème Symphonie de Beethoven" par Pierre Henry (1979), ou
"Ombres" (1970) d'André Boucourechliev (autour des Quatuors
de Beethoven), ou "Accanto" (1975) de Helmut Lachenmann
(autour du Concerto pour clarinette de Mozart).
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Comma |
Micro-intervalle*
plus petit que le quart de ton* et unité de mesure des
micro-intervalles* : 5 commas pour le demi-ton chromatique, 4 commas pour
le demi-ton diatonique, 9 commas pour un ton entier, d'où 53 commas
pour la gamme.
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Concrète |
Au
sens strict, musique de sons pré-existants, enregistrée par le truchement de
microphones,
seulement (au sens large, voir : acousmatique*, électroacoustique*) ; terme utilisé en
France, alors qu'en Allemagne, le terme électronique* est préféré
(tout ce qui n'est pas produit par un instrument de musique, tout ce qui
est produit par des appareils électroniques), ce qui est différent ; le support initial
de cette musique a été la bande magnétique.
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Dodécaphonisme |
Traduction par Leibowitz de l'Allemand «Zwölftonmusik» (musique à 12 tons) ; 12 parce que la gamme chromatique compte 12 demi tons, un
système mis au point par des théoriciens tels que l'Allemand Josef Matthias Hauer (appelé «Trope») ou l'Italien Domenico Alaleona, dès 1911, mais délibérément utilisé en composition par Arnold Schoenberg (vers 1923) (ou même Josef Matthias Hauer, partiellement en 1919 avec Nomos pour piano, op. 19, ou de façon systématique après 1920, et qui en revendique alors la paternité) ; des experts ont trouvé des séries de 12 sons dans Franz Liszt ("Faust Symphonie") ou Richard Strauss ("Ainsi parlait Zarathoustra").
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DX7 |
Synthétiseur le plus connu (marque Yamaha, FM), mis sur le marché en
1983 : possède 6 opérateurs et 32 algorithmes (combinaisons d'opérateurs)
et des capacités (limitées) de pré-programmation.
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Électroacoustique |
Musique des sons de synthèse et/ou enregistrés et/ou modifiés
; par extension, est devenue la musique assemblant des sons d'instruments modifiés
par des outils électroniques et des sons
entièrement synthétisés ; à partir des années 90, l'électroacoustique évolue avec
la synthèse numérique et l'informatique musicale* que
permet le
progrès technologique ; mais comme rien n'est simple, certains employaient
le terme d'électroacoustique dans une acception très différente (en
lieu et place, d'acousmatique*, comme synonyme) et utilisaient le terme de musique
mixte* pour électroacoustique.
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Électronique |
Au
sens strict, musique de sons synthétisés,
seulement (au sens large, voir : acousmatique*, électroacoustique*) ; terme utilisé
en Allemagne, alors qu'en France, le terme concrète* est préféré
(tout ce qui n'est pas produit par un instrument de musique, tout ce qui
est produit par des appareils électroniques), ce qui est différent ; le support initial
de cette musique a été la bande magnétique.
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Graphique |
Type de notation de la musique distinct de l'écriture sur des portées et
se concrétisant par des dessins et des symboles à la place des notes ;
initié aux USA en 1952 dans "Intersection
I", de Morton Feldman et "December
52" de Earle Brown, et suivi, un temps, par certains compositeurs Européens,
notamment pour les œuvres ouvertes* (Boucourechliev, avec
"Archipels", Lutoslawski).
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Halaphone |
Mot
composé à partir de parties des noms de ses concepteurs : Hans Peter
Haller et Peter Lawo ; l'appareil permet la spatialisation et la
modulation de la musique via des hauts parleurs liés ou indépendants
(ancêtre de l'ordinateur 4X*).
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Happening |
Création
au cours de laquelle s'effectue une osmose, une interaction (voulue,
mais non programmée, voire aléatoire*) entre l'œuvre, le
compositeur, d'une
part, et le public d'autre part (s'inscrit dans les démarches participatives,
actives, avec des limites et un maniérisme vite atteints) ; son
«inventeur» est John Cage en 1952 pour un premier évènement à Black
Mountain College (USA) ; il y ajoute la spatialisation (auditeurs
mobiles), dans "Musicircus".
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Hörspiel |
Sorte
de théâtre musical radiophonique (littéralement, en Allemand,
jeu pour l'oreille), d'essence littéraire,
journalistique, historique, incluant paroles, chants, bruits, musique...
création du concept par Mauricio Kagel (aussi exploré par Vinko Globokar, John Cage,
Luc Ferrari). Encore appelé art sonore, pièce radiophonique, radio
art...
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Liminalisme Musique Liminale |
Terme proposé par Gérard Grisey pour qualifier le style de musique qu'il a inventé avec Tristan Murail, Michael Levinas, au détriment de spectral* qu'il refusait et qui a été créé par le compositeur Hugues Dufourt dans un article de 1979 (lui-même non spectral !) ; la Musique Liminale (du latin limen, le seuil), ainsi s'applique à déployer les seuils «où s'opèrent les interactions psycho-acoustiques entre les paramètres et à jouer de leurs ambiguïtés», elle travaille à la dilatation des sons (temps étiré, temps contracté), à la compression des spectres, à l'approfondissement d'un timbre, et elle se focalise sur le son et la transformation du matériau sonore ; plus de détail, à Spectralisme*.
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Micro-intervalle |
Tout
intervalle inférieur à un demi-ton : les quarts de ton sont
introduits par le Mexicain Julián Carrillo (1875-1965), dès 1895, et
ses expérimentations micro-tonales et le 13ème son, ou Ferruccio Busoni (1866-1924) au début du 20ème siècle
; le Tchèque Aloïs
Hába (1893-1973) élabore un piano à 3 claviers et des œuvres spécifiques (jusqu'au 12ème de ton) ;
le Russe Ivan Wyschnegradsky (1893-1979)
théorise la démarche des quarts de ton en 1932 ; mais c'est avec Giacinto Scelsi, Horatio Radulescu ou
Harry Partch
(tiers de ton et inférieurs) et l'école du spectralisme*
que leur utilisation est généralisée ; le demi-ton en tant
qu'intervalle le plus petit est d'ailleurs l'apanage de la Musique
Occidentale jusqu'au post-romantisme, car l'utilisation des tiers de
tons est banale dans les musiques traditionnelles Arabes et Orientales
(«ultrachromatisme» a été aussi utilisé avec un sens voisin, mais
distinct par
Karlheinz Stockhausen ; de même, «micro-polyphonie» a été aussi utilisé avec un sens voisin,
mais distinct par György Ligeti).
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MIDI |
Norme
électro-acoustique qui décrit numériquement les évènements musicaux
et permet à l'ensemble des équipements électroniques connectés de
communiquer entre eux (exemple : "Explosante-fixe" de Boulez, pour flûte MIDI,
après une première version pour Halaphone*).
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Minimalisme |
Style
de Musique initié par l'Américain La Monte Young et popularisé par
Terry Riley, Philip Glass et Steve Reich ; il se caractérise par une
grande simplification de l'écriture, la répétition de brèves
cellules rythmiques, peu à peu légèrement altérées, ce qui crée un
effet fascinant voire hypnotique où la perception du temps disparaît
(le terme de Musique «drogue» a été proposé) ; une partition
minimaliste comme "In C" de Terry Riley (1964) tient dans 1 seule
page (le terme «musique répétitive» a une signification voisine) ;
par sa tonalité affirmée, sa simplicité d'écriture, le minimalisme
est le premier style de musique opposé (même si inconsciemment) à
l'hégémonie de la Musique Sérielle et ouvre donc la porte à tous les
styles «rétros», comme le Post-modernisme, le Néo-romantisme, le
Néo-tonalisme, etc. Pour l'anecdote, la première manifestation, en
1893, de minimalisme est liée à "Vexations" d'Érik
Satie : un thème géométrique et 2 variations, d'une durée d'un
peu plus d'1mn30 qu'il faut répéter 840 fois (soit une durée
totale de 24 heures), une pièce jamais jouée de son vivant, mais
célébrées par John Cage dans les années 60, lors de concerts
marathons.
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Mixte |
Terme
créé pour englober l'électroacoustique* mélangée à
des sons des instruments de musique joués ; alors la partie
électroacoustique est injectée, avec ou sans transformation, en temps réel (live*, début des années 80) ou en juxtaposé (dans les années 50, après "Déserts" en 1954 de Varèse)
; terme créé pour le distinguer de musique fixée qui
est un synonyme d'électroacoustique*... mais auparavant, comme rien n'est simple,
certains rejetaient ce terme, et employaient le terme d'électroacoustique en
lieu et place (comme synonyme).
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Modal |
Un
système de composition tonal, basé sur le chromatisme et sur la
modulation, largement suivi notamment à partir du premiers tiers
du 20ème siècle, et par exemple utilisant chez Messiaen les transpositions limitées et
les rétrogradations (rythmes non rétrogradables) ou chez
Jolivet les rythmes complexes (style polyrythmique).
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Morphing |
Technique
électroacoustique consistant dans le passage progressif d'une source
sonore à une autre, qu'elles soient instrumentales ou synthétiques, à
l'aide de l'ordinateur.
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Néoclassicisme |
Retour
aux formes classiques de composition (clarté, équilibre, mélodie
prépondérante, rythme bien marqué) à la fin de la Première Guerre
Mondiale, comme une réaction conservatrice : les premiers exemples sont
de Maurice Ravel ("Tombeau de Couperin", 1917), Serge
Prokofiev ("Symphonie Classique", 1917), Igor Stravinsky
("Pulcinella", 1919), qui stimulent des jeunes compositeurs
comme Benjamin Britten, ou prolongent des vieux compositeurs comme Igor Stravinsky ("Rake's Progress", opéra de 1951).
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Nouvelle
Complexité |
École
d'écriture musicale hétérogène, pour s'opposer à la
Nouvelle Simplicité ou Post-modernisme ; initiée par Brian
Ferneyhough, suivi par James Dillon, Michael Finnissy (et d'autres),
elle est caractérisée par l'interaction de processus simultanés
réalisés simultanément dans toutes les dimensions du matériau
musical, ou pour faire plus simple, par une grande variété de traits
avec pour point commun la complexité comme microtonalité,
superpositions de rythmes irrationnels à l'intérieur de traits
rapides, modes de jeux extrêmes, raffinement radical de l'écriture
dynamique qui peut aller jusqu'à une nuance par note ; une
esthétique qui renouvèle et pousse à bout certaines des idées du
post-sérialisme et du Darmstadt d'après-guerre (au point qu'en 1997,
le compositeur Claus-Steffen Mahnkopf la qualifie de «seconde école de
Darmstadt»)
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Ondes
Martenot |
Encore
appelé "ondes musicales", cet instrument électrique à
clavier a été inventé (dans sa jeunesse) par Maurice Martenot, un
Ingénieur Français : il comporte en plus un ruban parallèle au
tempérament du piano, avec une bague qui permet de varier la hauteur du
son ou de faire du vibrato sur la note jouée ; ce n'est pas un instrument
à marteaux comme le piano, mais plutôt à variation de notes continues.
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Ordinateur
4X |
Mini
ordinateur de la fin des années 70, créé à l'Ircam permettant, par calculs
rapides en temps réels, de modifier et de spatialiser le son des
instrumentistes (aujourd'hui les programmes, infiniment plus performants,
tiennent sur un simple micro-ordinateur portable, type NEXT ou MAX).
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Piano
Préparé |
Modification
du piano par l'adjonction d'objets hétéroclites (gommes, règles,
cuillère à café, etc.) lui donnant un caractère de percussion
feutrée ou métallique (type Cymbalum), inventée par John Cage, en
1938, pour
une chorégraphie dans laquelle manquent des instruments de musique,
faute de moyens financiers.
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Polytonalité |
Prémices
de l'atonalité par l'agrégat de plusieurs tonalités : dans le sillage
du dernier Wagner (Tristan), Richard Strauss s'en approche dans ses
opéras hardis (Salomé, 1905 ; Elektra, 1908) et surtout Gustav Mahler
l'intègre dans sa 10ème Symphonie (et dernière, inachevée, 1910) par un
accord de 10 sons, ouvrant la voie à la fois aux clusters et à
l'atonalité généralisée ; plus tard, Charles Ives en use abondamment
et Darius Milhaud généralise la
polytonalité dans toute son œuvre, notamment dans ses derniers
quatuors (1949).
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Post-modernisme |
Style
de musique, à partir des années 80, en réaction-opposition à
l'avant-garde moderne qui est accusé d'utiliser des motifs trop
complexes (pas nécessairement sériels) et trop dissonants ;
caractérisé par des musiques d'accès plus faciles, largement tonales
(les termes «nouvelle simplicité», «néo-tonal», «néo-romantique»,
«néo-expressionniste» ont des significations voisines).
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Quart
de ton |
Un
micro-intervalle* deux fois plus petit que le demi ton, lui-même
largement utilisé dans
la Musique Romantique du 19ème siècle ; jusqu'aux années 30, le quart
de ton est considéré comme le plus petit intervalle audible et praticable sur un instrument
de musique (et donc des instruments de musique spéciaux ont été
créés pour en générer, par exemple par Harry Partch).
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Scordatura |
Dés-accordage
ou accordage inhabituel d'une ou plusieurs cordes d'un instrument pour
modifier la tessiture, faciliter la résolution de certains problèmes
techniques ou changer la couleur (très utilisé par Horatiu
Radulescu).
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Sérialisme |
Ce mot est défini variablement selon les auteurs : certains l'identifient (synonymie) au dodécaphonisme*, d'autres, comme dans ce site Internet, l'identifie à la généralisation de la série des 12 sons à tous les autres paramètres de la musique (pas seulement les hauteurs, mais aussi les durées, temps, valeurs, intensité, etc.), appelé aussi «sérialisme intégral» ou «sérialisme généralisé»; ce système par essence d'une grande liberté a généré une impasse lorsqu'il a été théorisé à la totalité de toute œuvre musicale, mais les compositeurs s'en sont dégagés en reprenant leur autonomie (liberté sérielle) ; l'une des pièces initiale de ce mouvement est "Structure I" de Pierre Boulez (1951) et le terme de sériel s'applique d'autant plus que le lien avec les 12 sons du dodécaphonisme n'est plus qu'illusion ; le sérialisme est souvent assimilé à la Musique Contemporaine, à tort car son existence en tant que style pur n'a duré que quelques années (environ 5 ans, dit «pointilliste» entre 1948-50 et 1953-55) pour évoluer vers le post-sérialisme (c'est à dire l'usage du sérialisme dans le cadre d'autres options stylistiques, puis de plus en plus à doses filées) ; le sérialisme n'est cependant pas mort, il est simplement intégré, mêlé à d'autres styles, par les compositeurs d'aujourd'hui ; à noter, pour l'anecdote, que certains analystes Américains (jusqu'au-boutisme national comparable à celui qui attribue les découvertes essentielles de la musique à Charles Ives ?) désigne Milton Babbitt comme l'inventeur du sérialisme intégral avec "Three Compositions for Piano" de 1947 ou "Composition for Four Instruments" de 1948, alors qu'il s'agit d'extensions limitées aux durées interversées des 12 notes-sons-hauteurs de Schoenberg (au lieu de Boulez-Goeyvaerts-Stockhausen et les cénacles de Darmstadt, peut-être un peu plus tard, et sous l'éperon de René Leibowitz et de son athématisme). A savoir (pour compliquer) : (1) certains auteurs parlent de post-sérialisme pour toute l'école de Darmstadt, c'est-à-dire en amalgamant le sérialisme «pointilliste» et le sérialisme libéré avec le dodécaphonisme (le sérialisme étant alors pour eux celui de Webern, ce qui est faux, Webern étant resté dans le cadre des séries dodécaphoniques de Schoenberg, mais dans une esthétique bien différente), (2) d'autres auteurs pour, peut-être, éviter cet amalgamme utilise le terme de structuralisme pour définir la mouvance «pointilliste» (et ne plus utiliser le terme de sérialisme pour l'école de Darmstadt des années 1950) ; il nous semble que la technique de sérialisation par généralisation du dodécaphonisme de Schoenberg n'a qu'un intérêt limité en terme d'innovation (après tout Schoenberg aurait pu le faire lui-même ou le chuchoter à l'oreille de n'importe lequel de ses élèves, dont Babbitt) mais que le sérialisme, en tant que mouvement esthétique (libératoire… jusqu'à la contrainte totale menant à sa perte), est lui, d'une importance majeure dans l'histoire de la Musique Contemporaine.
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Spatialisation |
Mise en place des musiciens de l'orchestre (ou de groupes de musiciens) différente des standards du 19ème siècle : 3 orchestres en «fer à cheval» dans "Gruppen" (1957) de Karlheinz Stockhausen (ou 4, en polygone dans "Carré"), 6 instrumentistes amplifiés dans la périphérie d'un rectangle avec ensemble au centre dans "Repons" (1981) de Pierre Boulez, voire à l'extrême, "Terretektohr" (1966) de Iannis Xenakis, pour laquelle les 88 musiciens sont répartis parmi les auditeurs (à titre anecdotique, le premier à avoir pensé et exécuté ce concept est… Hector Berlioz) ; d'autres compositeurs, tels que Emmanuel Nunez ou Harrison Birtwistle, se sont particulièrement investis dans cette démarche.
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Spectralisme Musique Spectrale |
Style de Musique focalisé sur le son, revendiqué par un groupe de 3 compositeurs Français (Gérard Grisey, Tristan Murail, Michael Levinas). Historiquement, il a été initié, sans utiliser de nom, pour s'inscrire en opposition, par ses sons dérivés continus et par l'usage abondant des micro-intervalles*, au post-sérialisme*, discontinu, structuraliste (et surtout au premier sérialisme* dit «pointilliste») ; en fait, son apparition est moins inattendue qu'il n'y paraît, car l'usage des micro-intervalles a été amplifié dès le début du 20ème siècle par Busoni, Wyschnegradsky et Haba, car à la fois Ligeti (micropolyphonie) et Stockhausen (ultrachromatisme) tâtonnent dans ce sens dans les années 60, car Radulescu a généralisé les micro-intervalles dans sa musique au milieu des années 60 (y compris les tiers de temps), et enfin et surtout, car Scelsi en a posé les bases dès le milieu des années 50 ; le vrai spectralisme dit «pur», qui vise à sculpter le son en l'étirant (dans les fondements initiaux), est caractéristique des pièces des Français, influencés par Scelsi, et pas de Radulescu ou Partch… mais il a duré moins de 10 ans, et les co-fondateurs Français s'en sont détachés pour aller plus loin (Grisey : discontinuité) ou pour intégrer le style dans d'autres styles de musiques antérieurs (Murail) ou pour carrément aller voir ailleurs (Levinas). A noter que le terme est souvent critiqué par les ambiguïtés qu'il génère dans sa compréhension (spectre = fantôme) et que le terme de Musique Fréquentielle lui est préféré par certains ou de Musique Liminale*, proposé même par Grisey lui-même (dans les années 80) ; à savoir, pour l'anecdote : le terme spectral a été créé par le compositeur Hugues Dufourt dans un article de 1979, lui qui écrit une musique qui n'est pas spectrale, mais qui est de la même génération et s'est associé, jeune, à ces turbulents compositeurs anti-sériels.
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Vocalité |
Concept
qui désigne les multiples nouvelles utilisations de la voix en
musique ; avec la Musique Contemporaine, la voix est passée du chant
(lyrique ou mélodique) à l'instrument, depuis le cri jusqu'aux
phonèmes ; même sur le plan du chant seul, des avancées ont été
engagées par les compositeurs, suite aux innovations contenues dans "Wozzeck"
d'Alban Berg et plus tôt dans "Pierrot Lunaire"
d'Arnold Schoenberg : la stridence (sans laideur) comme dans
"Le Soleil des Eaux" de Pierre Boulez, le parler comme
dans "Sinfonia" de Berio, le rire comme dans "Sequenza
III" de Luciano Berio, le cri comme dans "Cris" de
Maurice Ohana, le souffle comme dans "Atemzüge" de
Dieter Schnebel (et aussi Pascal Dusapin), les langues exotiques
à tons dans "Gió Dong" de Nguyen-Tien Dao ; la voix peut
également être re-traitée : fragmentée comme dans 'Il
Canto Sospeso" de Luigi Nono, hachée comme dans
"Cummings" de Pierre Boulez, dissoute comme dans
"Lux aeterna" de György Ligeti, artificielle comme
dans "Nuits" de Iannis Xenakis (phonèmes), ou "Cinq
rechants" d'Olivier Messiaen (invention imaginaire), transformée
par l'électronique* ou l'informatique*, ou spatialisée*
("K" de Philippe Manoury), voire simulée par synthèse (les
exemples pour chaque nouveauté sont très nombreux) ; la technique de
la voix a été aussi étendue (pizz nasal, effet de résonance,
effet de masque, etc.), cependant, curieusement, l'opéra est
resté étranger à toutes ces innovations : seuls Ligeti et
Dusapin ont cherché à se distinguer dans "Le Grand Macabre"
et "Perelà".
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Actualisation : 11 Janvier 2024
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