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La création Française du "Concerto
pour Ondes Martenot et Sinfonietta" le 10 Octobre 2008, par Thomas
Bloch (ondes) et l'Oslo Sinfonietta sous la direction de Christian Eggen,
à la Maison de Radio France, a constitué une découverte inattendue pour
les habitués de Présences, non pas qu'il n'y ait jamais de création de
valeur pour ce festival,
mais plutôt parce que les créations de compositeurs «venus du froid»
depuis 10 ans sont toujours apparues certes plaisantes, mais pas
essentielles et peu novatrices, ou en tout cas seulement progressistes par
rapport à Sibelius (et les compositeurs du début du Siècle, par exemple
Debussy), avec un tropisme marqué pour le paysagisme (musique
descriptive, poèmes symphoniques). La nouvelle œuvre,
ambitieuse, se démarque par son effectif (une onde non concertiste,
intégrée à un petit ensemble diversifié) et surtout par son innovation
sonore, car elle multiplie les alliages (dominés par la harpe, les
percussions et le célesta) et les timbres inouïs (au sens premier
du mot, c'est-à-dire jamais entendus... et n'est-ce pas nécessaire à
toute création d'envergure ?), et enfin par une imagination débordante. En
3 mouvements (lent-un peu plus vif-lent), la pièce est une merveille pour
l'auditeur, caractérisée par les effets de ressac (flux-reflux, rythmes
asynchrones, glissandos), par les couleurs mystérieuses ou fantomatique (c'est là
surtout que se trouve l'originalité), par les questionnements (avec des
ostinatos ou des appels sans réponse, avec des phrases allusives qui se
perdent, avec des errements tournoyants ou statiques), par l'utilisation
nouvelle des ondes (non planante, en tout cas bien différente d'Honegger, Milhaud, Jolivet, Varèse,
Murail ou Messiaen), par sa sensibilité à fleur de peau (murmures
voilés, dialogues exacerbés, crescendos lents). Jan Erik Mikalsen est un jeune compositeur
(né en 1979), de nationalité Norvégienne et vivant actuellement à Oslo,
qui a étudié à l'Académie de Grieg à Bergen, en Norvège et à la Royale Académie de Musique
Danoise à Copenhague, au Danemark (avec Hans Abrahamsen et Bent Sørensen)
et dont le catalogue actuel est déjà constitué d'une vingtaine de
courtes pièces (le Concerto est la plus longue, avec 21 minutes) pour des
instruments ou des effectifs rares (guitare, harmonica de verre, scie
musicale), mais pas seulement (clarinette, flûte...) ou la vidéo musicale
(comme Tristan Murail), avec le plasticien et photographe Bård Ask. Un
compositeur original, imaginatif (sans avoir encore touché à
l'électronique ou à l'informatique), prometteur... à suivre donc ! Jean Huber,
20 Décembre 2008
P.S.: la création mondiale qui a eu lieu 5 jours auparavant au
festival Ultima d'Oslo par le même ensemble (le commanditaire) a donné
lieu à un enregistrement écoutable sur www.janerikmikalsen.com
(les 2 premiers mouvements) et les passionnés devraient les écouter
avant ou après la diffusion du concert sur France Musique programmée le
12 Janvier 2009... en effet, il y a des différences marquées dans les
tempos et surtout les contrastes (pour caricaturer : Oslo, plus
mystérieux et impressionniste, Paris plus contrasté et expressionniste)
; et pour les aficionados des enregistrements : le CD Lights Out (Aurora, ACD5048,
avec 3 autres compositeurs), incluant une autre pièce, "Ghouls & Moons",
avec le Norwegian Radio Orchestra, en 2006
Addendum (28 Novembre 2010) : le site Internet janerikmikalsen.com
est inactif, mais il subsiste un site miroir sur MySpace à l'adresse http://www.myspace.com/janerikmikalsen
et la pièce est aussi écoutable sur YouTube : Extrait-Vidéo (les parties 2 et 3 sont à la suite dans des extraits séparés)
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